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Fin du G20+1 à New Delhi : L’Afrique de la partie…

L’Inde a accueilli les 9 et 10 septembre le sommet du G20, désormais G21 avec l’intégration de l’Afrique. A la veille, les tensions commerciales entre Washington et New Delhi ont été lissées. Mais le plus important projet promu à cette occasion reste le Global Gateway, projet concurrent des « Routes de la soie » promues par Pékin.
Fin du G20+1 à New Delhi : L’Afrique de la partie…

Washington a annoncé vendredi 8 septembre 2023 avoir trouvé avec New Delhi un accord pour résoudre le dernier conflit commercial entre les deux pays, au moment où Joe Biden, en Inde pour le G20, a rencontré Narendra Modi, Premier ministre indien. Cet accord « représente une étape importante dans les relations commerciales entre les États-Unis et l’Inde », a déclaré Katherine Tai, représentante de la Maison blanche en charge du commerce. Ces annonces, a-t-elle ajouté, « soulignent la force de notre partenariat bilatéral ».

Le nouveau palais des congrès qui a accueilli ce sommet, l’un des plus grands organisés par l’Inde depuis son indépendance, après le sommet Inde – Afrique de 2015 et celui des non-alignés en 1983, ne verra donc pas la présence des Présidents russe et chinois, les deux pays ayant choisi de se faire représenter par le chef de la diplomatie pour l’un et le Premier ministre pour l’autre. Fait notable, c’est la première fois que Xi Jinping manque le sommet du G20 depuis 2008. Cela peut être vu de deux manières : une volonté de rabaisser son rival indien dans cette région, et de lui gâcher la fête en quelque sorte, surtout que les deux pays ont des différents frontaliers. Ou, plus grave, une manière de snober le G20 en tant que tel, considéré par Pékin comme trop occidental, pour continuer à former d’autres groupes régionaux.

L’une des décisions attendues à ce sommet est l’intégration de l’Union africaine comme membre à part entière du G20, et plus seulement comme invitée. Un processus qui a commencé il y a quelques années, mais que l’Inde semble avoir finalisé. Une adhésion soutenue par l’UE, notamment. Azali Assoumani, président des Comores, aura scellé cette ouverture à New Delhi, en dépit des réticences de l’Indonésie et de l’Australie. Charles Michel, président du conseil de l’UE, est confiant : « L’Union africaine, c’est la priorité, veillons à ce qu’elle soit membre du G20. Et, dans les deux jours qui viennent, on aura une réponse définitive sur ce sujet. Pour l’Union européenne, il n’y a pas de doute. Mais tant qu’il n’y a pas une décision prise, il n’y a pas de décision prise. » « L’Union africaine dans le G20, ce n’est pas par hasard que c’est l’Union européenne qui, la première, a réagi favorablement quand cette candidature a été exprimée. Ça va changer quelque chose d’important, c’est que tous ces pays africains qui n’étaient pas autour de la table demain auront une voix et une voix forte dans une enceinte qui compte », assure-t-il.

Pour l’heure, seule l’Afrique du Sud représente le continent au sein du G20, et ce alors que les Brics, le club des grands économies émergentes mené par la Chine, viennent de s’élargir à l’Égypte et à l’Éthiopie. L’Afrique est par ailleurs particulièrement concernée par les grands thèmes de ce sommet, que ce soit avec la guerre de la Russie en Ukraine et ses conséquences sur le commerce (en particulier des céréales), la lutte contre le changement climatique ou la réforme des banques multilatérales, dans un contexte d’endettement croissant des États africains.

La contrepartie, c’est que l’UA devra être à même d’afficher une position commune, propre à l’Afrique, sur une multitude de sujets qui parfois divisent les Africains. Contrairement à l’Union européenne, l’Union africaine n’est pas encore une organisation politique, mais plutôt une structure inter-gouvernementale. Il lui faudra donc beaucoup travailler en amont pour formuler et promouvoir son point de vue au sein de ce futur G20+1.  Le Nigeria, première économie africaine l’an dernier, participera à ce G20 avec le statut d’invité. Son président, Bola Tinubu, fait le déplacement. Sont également invités l’Égypte et Maurice.

Consensus à New delhi

Les dirigeants des pays du G20 ont dénoncé dans une déclaration adoptée à l’issue du sommet l’« emploi de la force » en Ukraine visant à obtenir des gains territoriaux, mais sans mentionner la Russie. Selon le Financial Times, la Chine a pesé contre. « Concernant la guerre en Ukraine (…) dans le cadre de la Charte de l’ONU, tous les Etats doivent s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force pour chercher à obtenir des gains territoriaux au détriment de l’intégrité territoriale et de la souveraineté politique de tout Etat », ont conclu les représentants des pays du G20.

En évoquant « tous » les Etats, ce texte modère la position du G20. Aussi n’a-t-il pas répété le terme « d’agression », utilisé en 2022 lors du précédent sommet du G20 à Bali dans une référence à une résolution du Conseil de sécurité qui avait déploré « dans les termes les plus vifs l’agression commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine ». Selon le Financial Times, le terme de « guerre » utilisé dans cette déclaration implique une responsabilité partagée entre les belligérants. Le quotidien britannique, citant des diplomates occidentaux sous couvert d’anonymat, a indiqué que c’était grâce à la Chine que ce compromis de langage avait été atteint. « C’est un fait que c’est aujourd’hui une question très polarisante et il existe de multiples points de vue à ce sujet » a déclaré Subrahmanyam Jaishankar, ministre indien des affaires étrangères, soulignant l’absence d’unanimité dans le groupe.

Plus encore, la déclaration appelle à la paix, sans évoquer de retour de territoire comme l’exige Kiev. Jake Sullivan, conseiller américain à la sécurité nationale, a cependant salué la formulation du texte. « De notre point de vue, c’est un très bon travail », a-t-il déclaré à des journalistes. La déclaration a renforcé le principe selon lequel le recours à l’arme nucléaire est « inadmissible » et qu’« une paix juste doit être fondée sur les principes de la Charte des Nations unies, notamment les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale », a-t-il ajouté. « L’Ukraine est reconnaissante envers les partenaires qui ont essayé d’inclure une formulation forte dans le texte. En même temps, en ce qui concerne l’agression de la Russie contre l’Ukraine, le G20 n’a pas de quoi être fier », a déclaré Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères.

L’Inde, hôte du sommet du G20, entretient des liens traditionnels avec Moscou, via notamment les BRICS ou par ses importations d’armement, mais participe aussi au Quad aux côtés des Etats-Unis, du Japon et de l’Australie.

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