Aux cris de « Palestine vaincra, Palestine vivra », « Israël assassin, Europe complice », les manifestants, réunis au pied des institutions européennes, ont demandé la suspension de l’accord d’association liant l’UE à Israël. Le sujet était au même moment au menu d’une réunion ministérielle des Vingt-Sept autour de Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie de l’UE.
« Nous demandons la suspension de cet accord. Pour arrêter un tyran, il faut des actions fermes », a déclaré à l’AFP Fabienne Messica, responsable française de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), en référence au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Il faut évidemment la fin de toute livraison d’armes (à Israël). Ce n’est pas possible de condamner le génocide actuel à Gaza et en même temps d’envoyer des armes. L’Europe doit sortir de ses contradictions », a-t-elle ajouté.
Cette sociologue compte parmi la dizaine de personnes ayant marché depuis Paris sous le mot d’ordre « Gaza: stop génocide, l’Europe doit agir! », une initiative de la LDH soutenue par plusieurs ONG et syndicats français dont la CGT. La comédienne Corinne Masiero a également participé à cette marche.
Au chapitre des sanctions envisagées contre Israël, les ministres européens des Affaires étrangères se penchaient lundi sur une possible révision de l’accord d’association avec Israël sur la base de la violation présumée de son article 2 relatif au respect des droits humains. « Il existe des indications selon lesquelles Israël n’aurait pas respecté ses obligations en matière de droits de l’homme », stipule un audit réalisé par la Commission à la demande des pays membres de l’UE et rendu public vendredi. Il restait aux 27 à débattre des options possibles. Une suspension de l’accord, qui comporte un important volet commercial, paraissait improbable car une telle décision requiert l’unanimité et les Etats membres sont divisés sur l’attitude à adopter face à Israël.
Des sites bloqués
A rappeler aussi que dans la même journée, des militants de la campagne Stop Arming Israel ont bloqué deux sites industriels en Belgique : l’entreprise Syensqo à Bruxelles et la société OIP-Elbit à Tournai.
Stop Arming Israel Belgique a indiqué dans un communiqué que « 1 000 activistes ont envahi ce matin deux entreprises d’armement complices du génocide et du projet colonial d’Israël ». Ils affirment avoir voulu « mettre complètement à l’arrêt les activités » des sites ciblés, et ont recouvert les bâtiments de peinture rouge pour symboliser le sang versé à Gaza.
A Tournai, l’action a commencé à l’aube. Une centaine de personnes a pénétré sur un site de l’entreprise OIP-Elbit, filiale du groupe israélien Elbit Systems, et a recouvert de peinture du matériel militaire, notamment des véhicules blindés. Les militants affirment qu’Elbit fournit « 85 % des drones et une grande partie des équipements terrestres utilisés par l’armée israélienne ».
À Bruxelles, les militants ont bloqué les accès au site de Syensqo dès 7 h 45. Cette entreprise, issue d’une scission du groupe Solvay, est accusée de collaborer avec UAV Tactical Systems Ltd, société liée à Elbit. D’après les militants, Syensqo fournit des composants essentiels à des drones utilisés dans les opérations militaires israéliennes. Ils dénoncent « un élément clé d’une arme reconnue pour son utilisation dans les crimes de guerre ».
Les forces de l’ordre sont intervenues dans les deux villes, selon la presse locale. À Bruxelles, environ 650 à 700 activistes ont été interpellés. À Tournai, une cinquantaine de personnes ont également été arrêtées. La police a mobilisé des chiens, un hélicoptère et des unités spéciales pour sécuriser les lieux et évacuer les militants.
Cité par les médias belges, Freddy Versluys, PDG d’OIP-Elbit, a indiqué que les dégradations commises sur le site ont causé près d’un million d’euros de dégâts, évoquant notamment du matériel informatique et des bureaux endommagés.
Stop Arming Israel réclame « l’arrêt de la production de matériel militaire et son transit vers Israël depuis la Belgique », ainsi que la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.
Citée par la presse locale, Syensqo affirme qu’elle respecte l’ensemble des cadres légaux et que toutes ses ventes sont « conformes aux licences ».