Lors d’une conférence de presse conjointe avec Annalena Baerbock son homologue allemande, A. Al-Safadi a expliqué que « le moment est venu pour l’Allemagne de prendre des mesures concrètes aux niveaux international et humanitaire en imposant des sanctions à Israël ». Le chef de la diplomatie jordanienne a indiqué que son pays « ne compte envoyer pas ses forces pour devenir la cible d’un conflit qui n’a pas encore été résolu », appelant « à rechercher les racines de la paix plutôt que l’escalade ». Il a ajouté que « si le soutien est interrompu et que l’approvisionnement en électricité des camps de réfugiés s’arrête, la Jordanie ne serait pas en mesure de fournir de l’électricité à ces camps ».
Soulignant « le rôle pionnier de l’Allemagne dans la promotion de l’application du droit international et humanitaire (Sic !)», il a noté que « les valeurs et la position allemandes exigent que l’Allemagne prenne des mesures claires pour imposer des sanctions au gouvernement israélien et aux responsables qui propagent une culture de haine et incitent à la violence , et justifier le meurtre de personnes innocentes, ce qui conduit à une escalade de la situation dans la région ». A. Al-Safadi a exhorté l’Allemagne « à prendre des mesures conformes à ses positions historiques et au droit international, et à imposer des sanctions à Israël , sachant que le Premier ministre ennemi, Benjamin Netanyahu, n’a pas répondu aux appels du Conseil de sécurité, ni de l’Assemblée générale encore moins de la Cour internationale de Justice ». Jugeant que toute velléité de transfert des Palestiniens en Jordanie serait considérée comme un casus belli, il a conclu que « l’escalade se poursuivra si Netanyahu n’assume pas la responsabilité de ses actions qui détruisent le présent et l’avenir de la région ».
Ce que les médias ne disent pas c’est que l’armée jordanienne a renforcé de manière notable sa présence à la frontière avec Israël. Amman craint par-dessus tout le transfert des Palestiniens vers le Royaume hachémite dont la population est excédée par la mollesse avec laquelle les responsables gèrent la tension dans la région. Devant l’ambassade US, des manifestants ont appelé, vendredi, à Amman, au départ des soldats américains du Royaume.
En Egypte, le chef d’état-major de l’armée égyptienne a effectué, lui, une visite surprise jeudi à la frontière du pays avec la bande de Gaza pour inspecter la situation sécuritaire, selon la chaîne de télévision d’État, qui citait le porte-parole de l’armée. L’armée égyptienne a renforcé sa présence dans le Sinaï, mais aussi tout près de Rafah où l’armée sioniste parade en cherchant à s’incruster dans le corridor de Philadelphie. Au-delà des forces conventionnelles, des parachutistes ont été signalés dans le Sinaï. Cette visite est interprétée comme une indication du mécontentement de l’Égypte face aux récents propos tenus par le Premier ministre israélien et son conseiller principal, le ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, qui ont tous deux ouvertement critiqué l’Egypte cette semaine, l’accusant de ne pas avoir empêché le Hamas d’introduire des armes en contrebande depuis la péninsule du Sinaï.
Contrairement à B. Netanyahu, cependant, R. Dermer a fait référence au président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi par son nom. Il a déclaré qu’il « ne remettait pas en cause les intentions des Égyptiens », mais qu’il « remettait en cause les résultats ».
L’Égypte a réfuté les accusations d’Israël jeudi. Une « source égyptienne de haut rang » a déclaré à Al Qahera al-Ikhbariya que les remarques de B. Netanyahu n’étaient pas réalistes et « qu’il essayait de blâmer d’autres pays pour son incapacité à atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza ». Le responsable égyptien a en outre affirmé que les derniers mois ont prouvé que B. Netanyahu ne se souciait pas du retour des otages israéliens si cette question se mettait en travers de ses intérêts personnels.
Lundi, B. Netanyahu a soutenu la nécessité d’une présence israélienne permanente à la frontière entre Gaza et l’Égypte pour éviter que le Hamas ne se réarme et ne reprenne le contrôle de l’enclave après la guerre. Il a cependant précisé que cette demande n’était pas nécessairement gravée dans le marbre et que des arrangements alternatifs pourraient être négociés dans le cadre d’un cessez-le-feu à long terme. Le Caire a toujours été farouchement opposé à ce qu’Israël établisse une quelconque forme de contrôle sur son tracé frontalier et a protesté mardi contre le fait qu’en définissant le corridor de Philadelphie comme une zone militaire, il violerait l’accord de paix conclu entre les deux pays en 1978.
Il y a neuf ans, l’Égypte a rasé des milliers de maisons de son côté de la frontière pour créer une zone tampon avec Gaza. Depuis, elle affirme que la contrebande n’est plus un problème. Les accusations portées contre l’Égypte ont également irrité ses alliés régionaux.
Le ministère des Affaires étrangères des Émirats a publié un communiqué exprimant « leur entière solidarité avec la République arabe d’Égypte face aux allégations et revendications israéliennes concernant le point de passage de Philadelphi, et ont fermement condamné et dénoncé les déclarations offensantes d’Israël à cet égard, qui menacent la stabilité et exacerbent la situation dans la région ». L’Arabie saoudite elle aussi « dénoncé et condamné et fermement » les propos d’Israël sur le corridor, les qualifiant de « tentatives futiles pour justifier les violations continues des lois et des normes internationales ».
Selon le média qatari, Al-Araby Al-Jadeed, B. Netanyahu aurait dit au Caire, avant sa conférence de presse de lundi, qu’il était prêt à discuter de l’avenir de la frontière entre Gaza et l’Égypte lors des négociations sur la deuxième phase d’un accord. Il a toutefois été informé que le Caire n’accepterait rien de moins qu’un engagement de retrait, même si cela ne se produisait pas au cours de la première phase de l’accord.
Face à l’attitude butée de B. Netanyahu, Washington a montré des signes d’exaspération. Un haut responsable de l’administration Biden a déclaré mercredi que les déclarations publiques répétées de B. Netanyahu compliquaient les choses.
Jeudi, de hauts responsables US ont relâché la pression sur B. Netanyahu. L’ambassadeur américain Jack Lew a déclaré lors d’une conférence à Tel Aviv que « les déclarations publiques tranchantes coexistaient parfois avec une flexibilité résiduelle ».
Interrogé sur le fait de savoir si les remarques de B. Netanyahu constituaient désormais un obstacle aux négociations sur les otages, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a répondu jeudi que « le plus grand obstacle à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu c’est le Hamas ».
« La prise d’otages est le point de départ », a-t-il encore affirmé lors d’un point de presse. « Aussi frustrant et inutile que cela ait pu être, non seulement en termes de déclarations publiques, mais aussi en termes de manœuvres privées dans les négociations, cela n’a pas diminué d’un iota l’engagement du président Biden à essayer d’aller jusqu’au bout », a-t-il ajouté.
S’exprimant lors de l’émission matinale « Fox and Friends » au cours d’un blitz médiatique cette semaine, B. Netanyahu a indiqué qu’un accord sur la libération des otages et une pause dans la guerre n’était pas dans le collimateur, ajoutant qu’il n’y avait « malheureusement pas d’accord en vue ».
Un haut responsable de l’administration Biden a déclaré mercredi qu’il y avait deux obstacles majeurs à l’accord sur les otages entre Israël et le Hamas : les prisonniers sécuritaires palestiniens que le Hamas veut faire relâcher et la question du retrait des troupes israéliennes du corridor de Philadelphie.
B. Netanyahu avait dépêché David Barnea, chef du Mossad, à Doha lundi pour informer le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani que Tsahal était prêt à se retirer complètement du corridor de Philadelphie dans la deuxième phase de l’accord.