« Je le ferai (…) parce que je pense qu’à un moment donné ce sera juste et parce que je veux aussi participer à une dynamique collective, qui doit permettre à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël, ce que plusieurs d’entre eux ne font pas », a relevé le chef de l’État français. « On doit aller vers une reconnaissance. […] Je ne le ferai pas pour l’unité ou faire plaisir à tel ou tel. Je le ferai parce qu’à un moment donné ça sera juste et parce que je veux aussi participer à une dynamique collective », a-t-il encore relevé.
L’Autorité palestinienne a salué jeudi l’annonce d’E. Macron, parlant d’un « pas dans la bonne direction, conforme à la défense des droits du peuple palestinien ». Une reconnaissance de l’État palestinien par la France serait « une récompense pour le terrorisme » réagit au contraire un ministre israélien. Le ministre israélien des Affaires étrangères a dénoncé mercredi 9 avril une « récompense pour le terrorisme ». « Une “reconnaissance unilatérale” d’un État palestinien fictif, par n’importe quel pays, dans la réalité que nous connaissons tous, sera une récompense pour le terrorisme et un coup de pouce pour le Hamas », a affirmé Gideon Saar mercredi soir sur le réseau social X. « Ce genre d’actions n’apportera pas la paix, la sécurité et la stabilité dans notre région, mais l’inverse : elles ne feront que les éloigner davantage », a-t-il ajouté.
Un responsable du Hamas a aussi salué jeudi l’annonce du Président français, y voyant « une étape importante » qui constituerait une avancée pour les droits des Palestiniens. « La France, en tant que pays avec un poids politique et membre permanent du Conseil de sécurité, a la capacité d’orienter les solutions justes et de pousser à la fin de l’occupation ainsi qu’à l’accomplissement des aspirations du peuple palestinien », a déclaré à l’AFP Mahmoud Mardawi. Si les différentes instances palestiniennes ont salué « un pas dans la bonne direction », sur le terrain, la création d’un État palestinien semble pour l’heure bien lointaine.
La conférence en juin vise à la création d’un État palestinien. Les appels à une « solution à deux États », palestinien au côté de celui d’Israël, se sont multipliés depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023. Près de 150 pays reconnaissent l’État palestinien. En mai 2024, Irlande, Norvège et Espagne ont franchi le pas, suivi en cela par la Slovénie en juin. La solution à deux États reste toutefois rejetée par le Premier ministre israélien. Sur le terrain, parallèlement aux bombardements sur Gaza, la Cisjordanie est soumise à des déplacements de population. Certains Palestiniens ont l’impression de vivre ce qu’ils appellent une « nouvelle Nakba » autrement dit une « nouvelle catastrophe », du nom qui avait donné aux tout premiers déplacements de Palestiniens.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a reconnu jeudi avoir « eu tort » de « choisir » le terme de « soutien inconditionnel » de la France à Israël très rapidement après les massacres du 7-Octobre perpétrés par le Hamas, qui avait fait polémique à l’époque. Le 10 octobre 2023, elle avait assuré à Israël, « pays ami », depuis le perchoir où elle avait convoqué une minute de silence pour les victimes israéliennes, « au nom de la représentation nationale, notre totale solidarité et notre soutien inconditionnel », provoquant un tollé à gauche.
« Je vois bien que j’ai eu tort de choisir ce mot, parce qu’il ne reflétait pas ma pensée et il a été compris de telle sorte que ça ne correspond pas à ce que je voulais dire », a déclaré Y. Braun-Pivet sur France Inter. « J’ai réaffirmé à l’Assemblée nationale le soutien qui était celui de la France à un pays meurtri par le terrorisme et ce soutien qui n’avait pas de condition », a-t-elle expliqué, rappelant qu’« on entendait chez certains » à l’époque dire que les Israéliens étaient « en fait responsables de leur propre malheur ». La présidente de l’Assemblée était la seule à avoir utilisé cette expression à ce niveau de l’État.
Ce terme d’« inconditionnel » avait été critiqué vivement par Jean-Luc Mélenchon qui avait refusé de participer à la marche contre l’antisémitisme organisée par Y.Braun-Pivet et le président du Sénat Gérard Larcher, jugeant que « les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous » et qu’il se tenait « sous prétexte d’antisémitisme ».
Elle a néanmoins assuré jeudi qu’elle « ne regrette pas » de s’être rendue en Israël deux semaines après les massacres, voyage de soutien qui lui avait également été reproché. Face à la polémique, à son retour, elle avait expliqué que sa position de « soutien inconditionnel » s’appliquait à « l’existence d’Israël », pas au « gouvernement d’Israël », dirigé par une coalition d’extrême droite favorable à la colonisation en Cisjordanie.