Alors que le débat s’intensifie autour du projet de loi organique régissant le droit de grève, dont l’approbation par la Chambre des représentants est prévue mardi, de nombreuses organisations ont entrepris de s’unir pour contrecarrer l’adoption de cette législation contestée.
Pour l’ODT, ce projet de loi, qui conditionne l’exercice du droit de grève en contournant les mécanismes de dialogue social et institutionnel, est loin de promouvoir un cadre constructif pour la concertation. Il tend à « restreindre et criminaliser l’exercice de ce droit de grève en tant que droit humain constitutionnel, et cela en réponse aux directives de la Banque mondiale et sous la pression du patronat marocain et des multinationales, malgré ses dispositions répressives et intimidantes », fait savoir l’Organisation dans un communiqué diffusé lundi.
Ainsi, l’ODT déclare sa pleine adhésion au « Front pour la défense du droit de grève » et exprime son soutien indéfectible à cette dynamique collective, qui s’érige contre « la régression des droits politiques, la prédominance d’un néolibéralisme vorace, ainsi que la démagogie inacceptable et l’autoritarisme croissant ».
« Nous rejetons catégoriquement cette orientation gouvernementale qui porte atteinte à l’essence des droits et libertés fondamentaux garantis constitutionnellement et internationalement, en imposant une loi qui va à l’encontre des conventions internationales 87 et 98 de l’OIT, et qui est totalement incompatible avec les recommandations du CESE », soutient l’Organisation. Pour l’ODT, la grève se définit comme un droit fondamental, à la fois humain et constitutionnel, représentant un recours légitime pour défendre les droits des travailleurs et exprimer des revendications justes. En tant qu’instrument essentiel de préservation de la démocratie et de la promotion de la justice sociale, elle joue un rôle crucial dans la sauvegarde des droits et libertés. En ce sens, il est « inacceptable que la grève puisse, un jour, être soumise à des sanctions ». Et d’ajouter que « ce droit, acquis au prix de luttes acharnées menées par des générations successives, est sacro-saint. Ainsi, nous rejetons fermement toute tentative de criminalisation ou de répression visant les travailleurs qui choisissent d’exercer ce droit légitime ».
Par ailleurs, l’Organisation souligne que ce projet de loi organique ne constitue pas simplement une violation manifeste des droits humains, mais représente également une menace directe pour la paix et la stabilité sociales. En entravant la capacité des différentes catégories sociales à exprimer leurs revendications et à manifester pacifiquement, il s’inscrit dans une logique répressive, alimentée par la menace, la terreur et l’emprisonnement.
« Nous exhortons toutes les factions parlementaires à rejeter ce projet de loi, qui vise à restreindre et à criminaliser le droit de grève, compromettant ainsi la stabilité et la cohésion sociales. Nous plaidons pour l’instauration d’un dialogue inclusif et constructif, impliquant toutes les parties prenantes politiques, syndicales, sociales et des droits humains, afin de développer des solutions conformes aux droits de l’homme et aux principes de justice sociale. Il est impératif de respecter les engagements internationaux qui garantissent le droit de grève comme un volet incontournable des droits syndicaux », poursuit l’ODT.
Pour conclure, le syndicat soutient que toute atteinte à ce droit ne fera que raviver les tensions sociales, incitant toutes les forces syndicales et communautaires à se rassembler pour préserver les acquis démocratiques et œuvrer à leur renforcement. Dans ce cadre, le « Front pour la défense du droit de grève » se mobilise en faveur du respect des droits de l’homme, tels qu’ils sont universellement reconnus, considérés comme un tout indissociable. Ce mouvement vise également à mettre un terme à l’oppression, à combattre l’injustice sociale, et à lutter contre la pauvreté, la précarité ainsi que la corruption.