« Un projet au service d’un grand pays », est l’intitulé de la plate-forme programmatique dédiée par le Parti populaire (PP) à l’Espagne qui donne l’impression d’être à la veille d’une alternance. Le PP qui rêve de supplanter les socialistes du PSOE à la tête de l’Exécutif espagnol fait l’impasse, et c’est une première, sur les éléments de langage traditionnels du Polisario, en tête desquels figure le « référendum d’autodétermination ».  Cette quête séparatiste était pourtant inscrite en lettres d’or dans les programmes de la formation de droite sous les présidences aussi bien de José Maria Aznar que de Mariano Rajoy.

« Nous soutiendrons les efforts des Nations unies au Sahara occidental en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et acceptable pour les parties », lit-on dans le document présenté par Alberto Núñez Feijóo. « L’Espagne doit mettre en œuvre une politique étrangère qui réponde aux valeurs de notre société. Une société profondément européiste. Pendant plus de quarante ans de démocratie, les différents gouvernements ont pu maintenir un équilibre raisonnable entre le Maroc et l’Algérie sans oublier nos responsabilités envers le peuple sahraoui », précise la même source.

L’absence de toute référence à l’« autodétermination du peuple sahraoui » dans le programme électoral du PP ne constitue pas une surprise. Elle s’inscrit plutôt dans la ligne observée par ce parti depuis plus d’une année. En avril 2022, le groupe des députés avait exigé de mettre sous le boisseau cette revendication, en échange de voter en faveur d’une résolution condamnant le soutien de Pedro Sánchez au plan marocain d’autonomie au Sahara, présentée alors par Unidas-Podemos.

Au Parlement catalan, les députés du PP avaient refusé de signer, en mars dernier, une déclaration invitant le chef du gouvernement espagnol à appuyer l’organisation « d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui ». Les socialistes catalans avaient également opté pour le rejet du texte proposé par cinq formations indépendantistes.

Dans ses sorties médiatique, le chef de file du PP évite de mentionner le Polisario mais parle plutôt du « peuple sahraoui ». Les passages du programme de son parti consacrés à ce dossier problématique ne dérogent pas à cette ligne. « Nous devons savoir ce que Sánchez a convenu avec le Maroc et reprendre nos relations avec l’Algérie et le peuple sahraoui dans le cadre des Nations unies et dans un cadre équilibré », a-t-il déclaré lundi à la chaîne Telecinco.

En mai 2022, le même leader de droite avait affirmé aux médias ibériques que « la clandestinité ne peut résoudre un problème international mais génère plus de problèmes, plus de tensions, plus d’incertitude et moins de responsabilité envers le peuple sahraoui, envers le Maroc et envers les Nations unies ».

Le Polisario a exigé, fin juillet, d’A. N. Feijóo, d’annuler la décision de P. Sanchez d’appuyer l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara occidental. Pour l’heure, le chef du PP refuse de dévoiler son jeu.

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