« La relation entre la France et l’Algérie n’est pas une relation bilatérale comme les autres. C’est une relation d’intimité profonde. C’est ainsi que le président de la République l’a qualifiée au moment où, en août 2022, il signait avec le président algérien une feuille de route qui déterminait les termes de notre coopération. » Le chef de la diplomatie a ajouté que « les raisons qui ont conduit les autorités algériennes à adopter une position d’hostilité n’ont rien à voir avec l’Algérie ni avec ses intérêts ». Une référence à la reconnaissance par le président Emmanuel Macron de la marocanité du Sahara occidental. Le président Abdelmadjid Tebboune avait alors riposté en retirant son ambassadeur à Paris.
J-N. Barrot a affirmé que « la France est un pays souverain qui choisit les termes de ses alliances avec d’autres pays et que ce que la France entend construire avec le Maroc n’enlève rien à ce que la France entend construire avec l’Algérie. ». Il est également revenu sur l’incident de l’influenceur algérien expulsé de France pour diffusion sur les réseaux sociaux de messages incitant à la violence, mais que les autorités algériennes ont refusé d’accueillir. « C’est une violation des textes qui régissent notre relation. C’est un précédent que nous considérons comme grave (…) Cet épisode s’ajoute à la détention de notre compatriote Boualam Sansal, dont les raisons de sa détention sont considérées par la France comme étant infondées », a-t-il précisé.
Le chef de la diplomatie a annoncé aux députés que « le président de la République et le Premier ministre réuniront dans les prochains jours les ministres concernés pour évaluer les suites à donner et les mesures à prendre. » J-N. Barrot n’avait pas exclu la possibilité de « riposter à l’escalade algérienne », en assurant la semaine dernière dans des déclarations à la presse, que son pays dispose de « leviers » pour amener l’Algérie à respecter la feuille de route signée en août 2022 à Alger par les chefs des deux Etats. Le ministre a notamment cité l’octroi de « visas », « l’aide au développement » et « un certain nombre d’autres sujets de coopération ».
A signaler qu’à l’Assemblée nationale, un député LFI a accusé le gouvernement français de « multiplier les provocations et menaces contre l’Algérie, notamment sur le Sahara occidental, en contradiction avec le droit international ». Propos accueillis par une salve d’applaudissements du groupe. Cette déclaration rompt le silence officiel observé depuis des mois par la formation présidée par Jean-Luc Mélenchon, à l’égard de la reconnaissance par le président français de la marocanité du Sahara occidental, actée le 30 juillet dans une lettre adressée au roi Mohammed VI.
Cette décision avait été très vite condamnée par les socialistes et les communistes français, alors que le député Génération.s Karim Ben Cheikh avait salué la position de son pays, qualifiant cette évolution de « clarification » apportée par le chef d’État français sur le dossier du Sahara.
Pour rappel, lors d’une visite de courtoisie effectuée le 4 octobre 2023 dans les régions touchées par le séisme d’Al Haouz, J-L. Mélenchon avait constaté la présence de « paramètres nouveaux (sur le dossier du Sahara, ndlr) auxquels les Français devraient, sans doute, réfléchir avec plus d’attention. La prise de position des États-Unis d’Amérique, d’Israël et d’Espagne a modifié le regard que le monde porte sur cette question. Je souhaite que mon pays le comprenne et que, dans tous les cas, on n’en fasse pas un sujet de querelle avec les Marocains ». L’enfant de Tanger avait appelé le gouvernement français « à manifester du réalisme ». Ces propos ont été exprimés alors que les retrouvailles entre Rabat et Paris n’étaient pas encore officiellement scellées.