Ce webinaire a permis de dresser un état des lieux détaillé et de formuler des pistes concrètes pour atteindre les objectifs de croissance durable et inclusive pour 2025. Retransmis en direct sur son site et diffusé sur Youtube, l’évènement a connu la participation d’une centaine de Membres de la Chambre, de représentants du secteur public et d’entreprises privées.  Ayache Khellaf, Secrétaire Général du Haut-Commissariat au Plan (HCP a ouvert le webinaire en présentant les perspectives économiques du Maroc à l’horizon 2025.

Selon A. Khellaf, la croissance mondiale, bien que freinée par les séquelles de la pandémie, devrait afficher une résilience modérée avec une prévision de croissance de 3,3 %, soutenue par les économies émergentes. Le Maroc bénéficiera d’une augmentation de la demande mondiale adressée à ses secteurs clés, notamment avec une prévision de croissance de 2,5 % soutenue par une reprise des importations de ses partenaires commerciaux et une baisse des prix des matières premières.

À l’échelle nationale, la croissance attendue est de 3,8 %, avec des secteurs comme l’agriculture (croissance prévue de 4,2 % après une année de sécheresse), l’industrie (3,7 %), le secteur minier (stabilité à 6 % après un pic en 2024), le tourisme (croissance estimée à 3,5 %) et la consommation des ménages (augmentation de 3 %). A. Khellaf a particulièrement souligné la nécessité de réduire les inégalités régionales en réorientant les investissements vers les zones moins favorisées, afin de stimuler un développement économique local. Il a également insisté sur la création d’emplois, notamment pour les jeunes, par la diversification des opportunités économiques et l’investissement dans les secteurs à fort potentiel, garantissant ainsi une croissance inclusive.

De son côté, Lahcen Oulhaj, membre du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), a partagé les priorités et recommandations du CESE pour répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux du Maroc. Il a souligné que le Maroc doit viser une croissance annuelle de 7 à 8 % pour rattraper son retard économique. Pour cela, le CESE identifie cinq leviers clés : l’économie verte, l’économie bleue, l’investissement dans le capital humain, l’innovation et la digitalisation, ainsi que le renforcement de la gouvernance. L. Oulhaj a identifié plusieurs secteurs à fort potentiel pour générer une croissance inclusive et durable, tels que l’automobile, les énergies renouvelables, l’agriculture, l’aéronautique, les technologies numériques et les mines. Il a également évoqué l’opportunité que représente l’organisation du Mondial 2030 pour moderniser les infrastructures du pays, créer des emplois et accélérer les réformes éducatives. Toutefois, il a insisté sur l’importance de la gestion post-événement des infrastructures pour éviter les erreurs observées dans d’autres pays hôtes. En matière de changement climatique, le CESE recommande d’intégrer le climat dans les politiques publiques, de renforcer la gouvernance environnementale et de promouvoir une économie verte pour protéger les ressources naturelles et la biodiversité.

Pour sa part, Hicham Kasraoui, Consultant en stratégie chez Bearingpoint et expert à l’Institut Marocain d’Intelligence Stratégique, quant à lui a abordé les défis structurels du Maroc tout en mettant en avant les opportunités de croissance. Il a constaté que, bien que le PIB national ait triplé depuis 1999 et que des efforts aient été faits pour renforcer l’ouverture économique, des défis persistent : une croissance insuffisante pour générer suffisamment d’emplois, une productivité faible des entreprises et un déficit commercial élevé. H. Kasraoui a insisté sur le rôle clé de la transition écologique et de la transformation numérique comme moteurs de la croissance future. Il a également appelé à renforcer l’investissement public et à soutenir l’attraction des investissements directs étrangers (IDE) pour dynamiser l’économie marocaine. En vue du Mondial 2030, H. Kasraoui a recommandé de concentrer les investissements dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, la gestion de l’eau, le numérique et la santé. Il a ajouté que les réformes sociales, notamment celles liées à la protection sociale et à l’emploi des jeunes, devraient être accélérées et aboutir à des résultats tangibles d’ici 2025, afin de soutenir une croissance plus inclusive et durable. H. Kasraoui a également souligné l’importance de soutenir les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent 85 % de l’emploi formel, mais qui restent sous-exploitées en raison des obstacles administratifs et financiers.

Youssef Guerraoui, Fondateur et Président du Centre Marocain de la Gouvernance et du Management, a conclu le webinaire en abordant les défis liés à la gouvernance, un élément essentiel pour assurer une croissance durable et inclusive. Y. Guerraoui a rappelé que la gouvernance publique repose sur des cadres solides, tels que la Constitution de 2011 et le rapport sur le Nouveau Modèle de Développement. Cependant, il a souligné que pour renforcer un modèle performant et transparent, il est crucial de renforcer la confiance politique à travers une communication gouvernementale efficace, rapprochant ainsi les citoyens, les entreprises et les syndicats. Il a également mis l’accent sur la nécessité de converger les politiques publiques pour atteindre une croissance significative et réduire le chômage. Y. Guerraoui a suggéré une révision des pratiques de gestion publique, en particulier la mise en œuvre de la Loi organique des lois de finances (LOLF), pour améliorer la performance et lutter contre la bureaucratie. Il a plaidé pour un soutien renforcé aux PME, souvent freinées par des procédures administratives complexes et des retards de paiement.

Enfin, Y. Guerraoui a salué les opportunités offertes par des secteurs émergents comme les énergies renouvelables et l’économie numérique, appelant à un partenariat public-privé renforcé pour garantir une croissance partagée et inclusive à travers le pays. Ce webinaire a permis d’identifier les leviers essentiels pour répondre aux défis actuels du Maroc et pour construire un avenir économique prospère et inclusif d’ici 2025.

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