Si les autorités justifient ces récentes démolitions par des impératifs de sécurité et d’aménagement, le manque de concertation et les conséquences néfastes induites par de pareilles mesures radicales sur le tissu social, soulèvent moulte questions. Pour dramatiques qu’ils soient, les événements à Rabat ont rappelé que la capitale n’est pas à l’abri de ce qui a court dans plusieurs autres villes du pays où des quartiers entiers, voire des villages nichés tout le long du littoral atlantique sud, ont été purement et simplement rasés, sans autre forme de procès. Un processus par trop borderline qui a jeté des centaines de familles à la rue !
Dans son récent rapport, la LMCDH souligne que « la crise du logement ne se limite pas aux démolitions ». Elle met en cause la domination du marché immobilier par les grands promoteurs, qui bénéficient de facilités énormes, comme l’acquisition de terrains à bas prix et des exonérations fiscales. En revanche, les classes moyennes et les petits fonctionnaires sont laissés pour compte, confrontés à des prix inaccessibles et à l’absence de mesures de soutien.
Ledit rapport cite également des cas de corruption au sein des institutions publiques de logement, accusant en particulier une société du secteur « de mauvaise gestion et de collusion avec des entrepreneurs privilégiés ». Ces pratiques ont entraîné le retard de nombreux projets de logement social et privé des milliers de familles d’une opportunité d’accéder à un toit décent.
C’est pourquoi l’ONG appelle à une réforme en profondeur des politiques du logement. Parmi ses recommandations, elle propose d’instaurer une taxation progressive sur les grands promoteurs immobiliers afin de limiter la spéculation et de favoriser une répartition plus équitable des logements. Comme elle préconise de restructurer les programmes de logement social pour inclure les classes moyennes et les petits fonctionnaires, notamment en leur attribuant des terrains à prix réduit et en facilitant l’accès à des crédits avantageux.
Intitulé « Les droits de l’Homme au Maroc entre engagements et violations », le document indique que l’une des violations les plus marquantes est la démolition de logements dans les quartiers informels sans indemnisation équitable ni relogement des habitants concernés. Il précise que des villes comme Casablanca, Kénitra, Témara et Rabat ont connu des vagues de démolitions ayant affecté des milliers de familles.
Ainsi, le rapport appelle à garantir une indemnisation juste pour toutes les familles touchées, à leur fournir un logement de remplacement ou une aide financière adéquate, et à adopter une approche sociale dans les programmes de restructuration urbaine plutôt que de recourir à des décisions de démolition sans alternatives claires.
Face à cette crise, le rapport préconise l’instauration d’une fiscalité progressive pour les grands promoteurs immobiliers afin de limiter la spéculation et de promouvoir une justice sociale en matière de logement. Il appelle également à restructurer les programmes de logements sociaux pour inclure les classes moyennes et les petits fonctionnaires et à imposer aux promoteurs immobiliers de réserver une partie de leurs projets à ces catégories à des prix abordables.
Le document met en évidence les difficultés des classes moyennes et des petits fonctionnaires face à l’absence de politiques équitables en matière de logement. Alors que les grands promoteurs bénéficient d’importantes facilités, ces catégories sont accablées par des impôts élevés et des crédits immobiliers contraignants, rendant l’accession à la propriété quasiment impossible.
Pour remédier à cette problématique, le rapport recommande d’attribuer des terrains à prix symbolique aux petits fonctionnaires et aux classes moyennes, de restructurer les programmes d’aide au logement en leur accordant des prêts à taux réduit et des crédits bonifiés. Il appelle également au lancement de projets résidentiels dédiés aux fonctionnaires et à la classe moyenne, à des prix raisonnables et sans spéculation immobilière.
Malgré le lancement en 2004 du programme « Villes sans bidonvilles » pour éradiquer l’habitat insalubre, le rapport révèle de nombreuses irrégularités dans sa mise en œuvre. Il souligne que plus de 300 000 personnes vivent encore dans des quartiers dépourvus des conditions minimales de vie décente, notamment à Casablanca, Kénitra, Témara, Rabat et Tanger. Le rapport mentionne également des retards importants dans la livraison des unités de relogement aux familles dont les maisons ont été démolies, les plongeant dans des conditions de vie précaires. Il signale aussi des cas de manipulation des listes de bénéficiaires, où certaines personnes ont obtenu plusieurs logements, tandis que des familles en situation de grande vulnérabilité ont été exclues du programme.