Le document met particulièrement en avant l’exemple du canon Caesar, pièce maîtresse de l’artillerie française : la France n’en dispose que de 76, alors qu’il en faudrait au moins 215 pour affronter un conflit de grande ampleur, selon les estimations des rapporteurs. Le rapport parlementaire déplore par ailleurs la lenteur de l’industrie de défense française à reconstituer les stocks. Les capacités de production d’obus, par exemple, sont jugées trop limitées pour répondre rapidement à une hausse des besoins.
Le Journal du Dimanche (JDD) rapporte que, selon le rapport, l’artillerie française ne pourrait soutenir qu’un mois et demi de combats en cas de guerre de haute intensité, en raison de stocks de munitions insuffisants. Un article du site Opex360 analyse les performances du canon Caesar et annonce le lancement d’une étude technico-opérationnelle sur son successeur en 2025. Cette alerte – décortique le JDD – intervient dans un contexte où la France, comme plusieurs pays européens, a privilégié depuis la fin de la Guerre froide une armée légère conçue pour des interventions courtes à l’étranger aux dépens de la préparation à des guerres de haute intensité.
D’autres médias comme BFMTV expliquent que le conflit en Ukraine a profondément rebattu les cartes en matière de doctrine militaire, le conflit ayant mis en évidence l’importance d’une logistique robuste et de stocks massifs, nécessaires pour soutenir une guerre d’attrition.
Avant la publication du rapport, certains journaux comme Le Monde avaient abordé la question, soulignant que la France ne possède qu’un nombre limité de canons Caesar, dont certains ont été envoyés en Ukraine, ce qui suscite des inquiétudes quant à la capacité de l’armée française à faire face à un conflit de haute intensité. Malgré les annonces répétées d’Emmanuel Macron sur le passage à une « économie de guerre », les effets concrets tardent à se matérialiser, pointent d’autres médias citant des députés. Une commande d’un million d’obus au niveau européen a bien été lancée en soutien à l’Ukraine, mais elle illustre surtout la dépendance accrue à une coordination européenne encore balbutiante.
Face à ces critiques, le ministère des Armées se veut rassurant. Cité par BFMTV, il assure que des efforts ont été engagés pour accélérer les cadences, diversifier les fournisseurs, et renforcer la résilience de la base industrielle de défense. Une loi de programmation militaire, votée en 2023, prévoit 413 milliards d’euros de budget sur sept ans.
Des Français épaulent Moscou
Lors d’une prise de parole mercredi depuis le mont Poklonnaïa à Moscou, Vladimir Poutine a salué ceux qui « partagent » les principes et valeurs de la Russie et a évoqué le cas des Français qui, aux côtés de la Russie, combattent les forces de Kiev. « Ce qui est important, c’est qu’il y a toujours eu des gens qui ont partagé et qui partagent nos principes et nos valeurs, des gens qui sont avec nous », a déclaré V. Poutine, à l’occasion du marathon éducatif « Le savoir de première main » dédié au 80e anniversaire de la Grande Victoire et auquel participe le Musée de la Victoire, sur le mont Poklonnaïa à Moscou. « Aujourd’hui également, il y a des Français qui se battent aux côtés de nos soldats dans la zone de l’opération militaire spéciale. Ils ont donné à leur unité le nom de : « Normandie-Niémen », tout comme leurs grands-pères et arrière-grands-pères », a poursuivi le chef de l’État russe, en référence à l’escadrille de pilotes français qui ont combattu sur le front de l’Est durant la Seconde Guerre mondiale.
De son côté, Sergueï Choïgou, secrétaire du Conseil de sécurité russe, a affirmé le même jour que Kiev avait basculé dans une logique terroriste face à l’incapacité de contenir l’avancée des forces russes. « Kiev applique des méthodes terroristes en utilisant des armes de l’OTAN contre les zones civiles résidentielles, en menant des sabotages et des assassinats politiques, et en utilisant les civils comme boucliers humains ». Il a cité l’attaque contre la station de mesure de gaz de Soudja, utilisée pour l’exportation vers l’Europe, et les tentatives contre le Consortium d’oléoducs de la mer Caspienne. Il accuse également les forces ukrainiennes de pillages dans des villages russes et d’assassinats de civils. Сes actes sont qualifiés par Moscou « de terrorisme d’État ». Le secrétaire du Conseil de sécurité russe a aussi lancé un avertissement clair à l’Occident concernant toute présence militaire sur le sol ukrainien. « Pour la Russie, le déploiement de forces militaires de pays occidentaux sur le territoire ukrainien est totalement inacceptable. Ces unités seront considérées comme des cibles légitimes pour les forces armées de la Fédération de Russie », a-t-il déclaré. Il a évoqué les plans de « pseudo-missions de paix » servant de prétexte à une future occupation des régions occidentales de l’Ukraine par les Européens. S. Choïgou a également accusé les pays européens de faire obstacle à une sortie du conflit en Ukraine. « Les États européens cherchent à prolonger le conflit et empêchent une normalisation des relations entre Moscou et Washington », a-t-il affirmé. Il a rappelé que des échanges avec l’administration américaine avaient permis de tracer des pistes de coopération pour une solution politique, mais que ces efforts sont constamment entravés par l’attitude agressive de l’Union européenne. Pour le secrétaire du Conseil de sécurité russe, l’Europe pousse délibérément Kiev à refuser tout compromis et à poursuivre l’escalade militaire.