Lorsqu’il est arrivé à Miami lundi 12 juin, à la veille de sa comparution, D. Trump cherchait encore un avocat susceptible de rejoindre son équipe après la démission de deux de ses avocats la semaine dernière, juste après son inculpation. Car selon la loi de Floride, ses avocats doivent être inscrits au barreau de l’État, ou recommandé par un de ses membres.
Plusieurs éminents avocats de Floride auraient refusé de défendre l’ex-président, selon le Washington Post. Et la recherche est d’autant plus difficile, croit savoir le journal, que l’équipe de D. Trump serait divisée quant à la stratégie de défense à adopter. Certains veulent une stratégie politique : accuser le ministère de la Justice de faute, et d’utiliser le système légal contre leur client, d’autres au contraire pensent qu’il est possible de remporter le procès avec un jury bien sélectionné. Des hésitations que l’on retrouve dans les multiples manières qu’ont les alliés républicains de l’ex-président de le défendre publiquement : la majorité dénonce un dossier politiquement motivé, d’autres affirment que D. Trump avait toute latitude pour déclassifier des documents, ou encore insistent sur le fait qu’aucun des documents n’a été vendu ou donné. En tout cas, selon une de ses avocates, D. Trump devrait plaider ce soir non coupable.
Certains élus républicains assimilent l’inculpation de D. Trump à un acte de guerre. « C’est œil pour œil », tweete le député d’Arizona Andy Biggs, quand d’autres menacent de représailles : « Le châtiment est en route », poste Kimberley Guilfoye la fiancée de Don Junior, fils ainé de Trump. « Si vous voulez arrêter le Président Trump vous allez devoir me passer sur le corps et sur le corps de 75 millions d’Américains », tonne de son côté Kari Lake devant une foule réunie en Géorgie. « Et je tiens à vous le dire, ajoute l’ancienne candidate au poste de gouverneur en Arizona, la plupart d’entre nous sommes adhérents de la NRA », autrement dit, « nous sommes armés ».
Une rhétorique de plus en plus violente qui rappelle l’escalade verbale trumpiste dans les jours qui ont précédé l’attaque du Capitole le 6 Janvier 2021 et qui inquiète les autorités de Floride. Car cette fois encore D. Trump et ses partisans relaient des appels à manifester devant le tribunal fédéral de Miami où l’ancien président doit comparaitre mardi. « Prenez vos drapeaux, vos casquettes, vos tee-shirts Trump vos mégaphones et votre amour pour le président Trump », peut-on lire sur l’un des appels à manifester pacifiquement. Lundi, dans la soirée la police avait commencé à sécuriser les abords du tribunal fédéral en cas de débordement.
Certains soutiens de l’ancien président se montrent toutefois plus pessimistes sur l’avenir politique de D. Trump. Son ancien ministre de la Justice a lu l’acte d’inculpation de 49 pages, et il le juge accablant. « J’ai été choqué par la sensibilité et le nombre de ces documents. Et les chefs d’inculpations pour violation de la loi sur l’espionnage dont il fait l’objet pour rétention de documents classifiés sont solides. Bien sûr, nous devons attendre de voir ce que dira la défense et si tout est vérifié, mais je pense que même si seule la moitié est vrai, il est cuit », a estimé Bill Barr.