La Russie et les Etats-Unis vont commencer « immédiatement » à négocier sur l’Ukraine, a affirmé le président américain sur son réseau Truth Social, ajoutant avoir eu une « conversation prolongée et très productive » avec son homologue russe. Il a précisé qu’il allait informer le président ukrainien Volodymyr Zelensky « dès maintenant » de son dialogue avec V. Poutine.
« Nous voulons mettre fin aux millions de morts liées à la guerre Russie/Ukraine. Le président Poutine a même utilisé mon très percutant slogan de campagne: +BON SENS+. Nous y croyons tous deux très fortement », s’est félicité le président américain. « Nous avons parlé des forces de nos nations respectives et du grand bénéfice qu’il y aura un jour à travailler ensemble », a encore écrit D. Trump, en rapportant ce premier échange avec le président russe depuis son retour au pouvoir le 20 janvier.
De son côté, V. Poutine a dit à D. Trump, vouloir trouver une « solution de long terme » au conflit ukrainien via des « pourparlers de paix », a annoncé le Kremlin, parlant d’un appel téléphonique d’une heure et demie. « Le président Poutine a mentionné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du conflit et a convenu avec Trump qu’une solution à long terme pouvait être trouvée par le biais de pourparlers de paix », a déclaré aux journalistes Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.
Les deux dirigeants ont également convenu de se rendre visite dans leurs pays respectifs, selon le président américain. D. Trump, jusque-là peu disert sur ses intentions vis-à-vis de l’Ukraine, s’est engagé à mettre rapidement fin au « carnage » de la guerre, y compris en faisant pression sur Kiev, qui a reçu des milliards de dollars d’aide militaire de Washington sous son prédécesseur démocrate Joe Biden.
L’appel téléphonique entre les deux dirigeants survient au lendemain de la libération par la Russie d’un Américain, Marc Fogel, condamné à 14 ans de prison pour possession de drogue. En retour, Washington a accepté de libérer le Russe Alexander Vinnik, expert en informatique accusé de multiples crimes liés à la plate-forme d’échange de cryptomonnaies BTC-e, a indiqué mercredi responsable américain, sous couvert d’anonymat.
La Maison Blanche avait dit mardi espérer que cet échange marque le « début d’une relation » avec la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Dans le même temps, à Bruxelles, Pete Hegseth, ministre américain de Défense, a clairement tracé mercredi les lignes rouges de Donald Trump sur l’Otan et l’Ukraine. Il a jugé « irréaliste » d’envisager un retour de l’Ukraine à ses frontières d’avant 2014, c’est-à-dire comprenant la Crimée. De même, une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique à l’issue de négociations de paix, n’est « pas réaliste », a-t-il dit.
Les Européens redoutent qu’un éventuel accord de paix entre l’Ukraine et la Russie ne se fasse sans eux et au détriment de Kiev.« Il y a une convergence de vues sur le fait que nous devons être sûrs, tout d’abord que l’Ukraine arrive en position de force pour démarrer des négociations » de paix, a dit mercredi devant la presse Mark Rutte, secrétaire général de l’OTAN, après de premiers contacts avec la nouvelle administration Trump, dont P. Hegseth.
Concernant l’engagement accru des Européens en Ukraine, certains y sont prêts, comme la France et le Royaume-Uni, y compris avec l’envoi de troupes pour garantir un éventuel accord de paix, selon un diplomate de l’OTAN.
Européens et Américains ont eu l’occasion de se jauger au cours de ce premier contact à l’OTAN, qui sera suivi par le déplacement de J.D Vance, vice-président américain à Munich, en Allemagne, où il rencontrera vendredi le président ukrainien en marge de la conférence sur la sécurité.
Le nouveau chef du Pentagone a également mis la pression sur les Européens pour qu’ils partagent davantage le « fardeau » des dépenses militaires au sein de l’Alliance atlantique. D.Trump a fixé la barre très haut en réclamant des Alliés européens qu’ils doublent, au minimum, leurs dépenses militaires. Pour le nouveau président américain, les pays de l’OTAN doivent consacrer 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à ces dépenses, quand ils ne sont encore que 23 à dépenser 2% de leur PIB en armements. « Et je pense qu’il a raison », a dit P. Hegseth devant ses collègues de l’OTAN.
Mais pour la plupart des Alliés européens, à l’exception de la Pologne, la « marche » est trop haute, selon un diplomate de l’OTAN, même si la plupart d’entre eux ne contestent pas la nécessité de dépenser plus. M. Rutte l’a maintes fois rappelé: il faut dépenser plus, probablement « au-dessus de 3% », a-t-il dit mercredi, sans toutefois fixer un chiffre définitif.