Une conférence nationale destinée à « être le point de ralliement de toutes les parties libyennes » pour ouvrir la voie à « des élections libre et équitable ». Bankole Adeoye, commissaire paix et sécurité de l’Union africaine, présente en ces termes le projet panafricain pour aider la Libye à sortir de la crise. Le rapport présenté par le président congolais Denis Sassou-Nguesso, qui dirige le Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, a été adopté par les chefs d’États qui ont participé au 36e sommet de l’UA qui vient de se tenir à Addis-Abeba.
Pour l’heure, aucune date ni lieu n’ont été fixés. Mais une « réunion préparatoire » a déjà eu lieu à Tripoli il y a quelques semaines, précise l’UA. D’après Jean-Claude Gakosso, ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville, « tout le monde était là. Le grand moment, c’est le consensus que nous avons obtenu au cours de cette réunion pour organiser une conférence de réconciliation ».
L’UA doit maintenant « se retrouver avec le Conseil présidentiel libyen pour mettre en place la commission préparatoire. Et celle-ci va arrêter la date », ajoute J-C. Gakosso, qui insiste sur un point : cette conférence « inclusive ou ne sera pas du tout ». En d’autres termes, toutes les parties libyennes sont conviées à y prendre part.
Dans ses conclusions, l’Union africaine demande « le retrait de tous les combattants étrangers », « forces étrangères » et « mercenaires en Libye » a également indiqué le commissaire paix et sécurité. Affaire sensible. La présence de ces hommes, évalués au nombre de 20 000 en 2021 par les Nations unies (ONU), a fortement contribué jusque récemment à saper les efforts déployés pour tenter résoudre la crise politique libyenne.
Au début du mois, un premier pas a été franchi : le comité militaire libyen s’est réuni pour la première fois sous l’égide de l’émissaire de l’ONU en Libye, Abdoulaye Batilly. Il a annoncé la création d’un mécanisme d’échange d’informations et de coordination au sujet de ces combattants étrangers et mercenaires entre les Libyens et certains de ses pays voisins.
Parmi les questions longuement abordées tout au long de ce 36e sommet de l’Union africaine et en session plénière, à Addis-Abeba, il y a eu celle du financement de la lutte contre le terrorisme. Les dirigeants du continent se sont engagés à puiser dans le fonds pour la paix de l’UA pour contribuer à ce financement, notamment pour soutenir le déploiement de la force de la communauté est-africaine dans l’Est de la RDC, ou encore renflouer le déficit d’Atmis, la force de l’UA en Somalie.
L’organisation plaide aussi pour un engagement financier plus important des Nations unies sur cette question de la lutte contre le terrorisme. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, l’a rappelé en clôture des travaux, dimanche 19 février. « Le débat dure depuis dix ans avec le Conseil de sécurité des Nations unies. Mais jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de financement des Nations unies pour pouvoir faire face à ce terrorisme, dans le cadre des missions de soutien ou de maintien de la paix sur le continent africain. Nous trouvons cela injuste. Vous l’avez vu en Irak, en Syrie contre (le groupe) État islamique… C’est l’ensemble de la communauté internationale qui a fait des coalitions, dépensé des milliards, mobilisé des dizaines de milliers d’impôts », a-t-il relevé. « Pour faire face, les États africains font des efforts, mettent en place des structures ad hoc comme le G5. Nous avons également réactivé le fond de la paix de l’Afrique. Avec les efforts de nos États, nous avons déjà un peu plus de 300 millions de dollars. Ce chiffre peut paraître important, mais pour le maintien de la paix, c’est dérisoire. Celles des missions de paix coûtent énormément cher », a-t-il conclu.