L’Ukraine reconnaît que sa contre-offensive n’avance pas aussi rapidement qu’elle l’espérait au printemps dernier. Mais l’état-major assure que sa stratégie finira par payer, entre la Crimée et le Donbass, dans le sud du pays. Mais depuis des mois, l’Ukraine se heurte encore et toujours aux innombrables tranchées et aux fortifications russes pour défendre la zone. Kiev affirme, par la voix de Hanna Maliar, vice-ministre ukrainienne de la Défense, grignoter du terrain lentement, mais sûrement.

« Les forces armées ukrainiennes poursuivent leur offensive dans le sud. Après la libération de Robotyne, nos forces se déplacent vers le sud-est de cette localité, dit-elle. Là, nos soldats font face à une très forte résistance de la part des Russes. Il s’agit d’une bataille féroce entre deux adversaires très puissants, mais nos forces avancent progressivement. L’ennemi, en revanche, n’avance pas. »

L’Ukraine espère avancer dans le sud, mais aussi à l’est, autour de la ville emblématique de Bakhmout. Sur le front est, les troupes ukrainiennes ont repris au sud de Bakhmout – capturée en mai par les Russes – un kilomètre carré au cours de la dernière semaine de combats.

Mais parallèlement, une crainte se dessine dans le nord-est du pays : celle de voir la Russie lancer à son tour une offensive, cette fois dans les secteurs de Koupiansk et de Lyman. Selon un porte-parole de l’armée ukrainienne, près de 100 000 soldats ont été massés par la Russie autour de ces deux secteurs. Samedi soir, le ministère britannique de la Défense avait indiqué dans un rapport quotidien que les gains ukrainiens pourraient conduire la Russie à tenter « de reprendre l’initiative » en décuplant leurs opérations offensives. « Koupiansk-Lyman est une zone potentielle pour cela », selon cette source.

De son côté, Mariusz Kaminski, ministre polonais de l’Intérieur, a demandé au président Alexandre Loukachenko de renvoyer les hommes du groupe Wagner présents en Biélorussie.   Selon la Pologne, des milliers de mercenaires de Wagner y sont stationnés et Alexandre Loukachenko a souhaité récemment que ce nombre aille jusqu’à 10 000. « Quelques milliers de (personnes), en partie des criminels relâchés de prisons russes contre la promesse de participer à la guerre en Ukraine, profondément démoralisés et accusés de crimes de guerre, c’est un groupe important, capable de tout », a souligné M. Kaminski qui s’exprimait dans le cadre d’une rencontre avec ses homologues lituanien, letton et estonien.

Varsovie dit s’inquiéter d’éventuels incidents dans la région dans lesquels seraient impliqués les mercenaires du groupe paramilitaire russe et a prévenu qu’« en cas d’un incident critique à la frontière avec la Biélorussie […] tous les passages frontaliers (avec ce pays) qui restent encore ouverts seront fermés ». Les ministres ont également demandé à Minsk de « renvoyer immédiatement de la zone frontalière vers leurs pays d’origine tous les immigrés illégaux qui y sont groupés ». Les pays de la région accusent la Biélorussie et la Russie d’avoir orchestré une vague d’immigration destinée, selon eux, à déstabiliser la région et toute l’Union européenne.

Côté russe, le FSB a déclaré que Robert Chonov, « ex-employé du consulat général américain à Vladivostok », avait rassemblé, depuis septembre 2022 jusqu’à son arrestation – une date non précisée –, des informations pour la diplomatie américaine. Ces informations concernaient « la conduite de l’opération militaire spéciale en Ukraine, la mobilisation militaire dans les régions russes » et « les éléments problématiques et l’évaluation de leur influence sur les protestations de la population en vue de l’élection présidentielle en Russie en 2024 ».

Selon le FSB, il a mené ces activités présumées « contre rémunération matérielle » et à la demande « des employés du service politique de l’ambassade américaine à Moscou, Jeffrey Sullin et David Bernstein ».

Cet « informateur » de Washington, selon le FSB, est inculpé pour « collaboration confidentielle avec un gouvernement étranger », un crime passible de huit ans de prison. L’agence de presse russe Interfax a affirmé que le FSB avait diffusé une vidéo dans laquelle le suspect faisait des aveux.

Les autorités russes, en particulier depuis le début de l’offensive contre l’Ukraine en février 2022, arrêtent très régulièrement des personnes accusées de travailler pour Kiev ou de mener des activités d’espionnage au profit de gouvernements occidentaux.

Sur ces entre-faits, les États-Unis pourraient envoyer des troupes en Ukraine en cas de succès de l’opération militaire spéciale russe. C’est ce qu’a annoncé le colonel Douglas McGregor, ancien conseiller du chef du Pentagone, dans l’émission Straight Call diffusée sur YouTube. « Joe Biden [le Président américain, ndlr] pourrait engager des troupes américaines pour soutenir le régime de Kiev face aux succès des forces russes. Je ne me lasse pas de mettre en garde contre l’invasion de l’Ukraine occidentale », a-t-il expliqué.

Dans le même temps, l’ex-conseiller a estimé que l’Occident ne possédait pas la quantité nécessaire de munitions pour une telle opération. D. McGregor pense que la Maison-Blanche, qui a provoqué l’escalade de la crise en Ukraine dans l’espoir d’élargir l’Otan, est en rupture avec la réalité et ne comprend pas l’état réel des choses.

« Nombreux sont ceux qui, à Washington, pensent que la Russie est faible. Mais en Ukraine, les choses ne se sont pas passées comme prévu. L’armée russe est maintenant plus grande et plus forte que jamais. La seule bonne nouvelle est qu’elle n’a pas l’intention de marcher jusqu’à la frontière polonaise; s’emparer de territoires n’a jamais été dans les plans de Moscou », a-t-il conclu.

Le 4 juin, Kiev a lancé une contre-offensive sur les axes du sud de Donetsk-Sud, d’Artiomovsk (Bakhmout) et de Zaporojié. En août, en l’absence de succès sur le front, l’armée ukrainienne a lancé au combat des brigades de réserve stratégique, dont la 82e brigade d’élite formée par l’Otan et équipées d’armements étrangers. Selon le Président russe, Kiev n’a obtenu aucun résultat au cours de cette « contre-offensive », dont l’absence de progrès décevait clairement les responsables occidentaux.

Le ministère russe de la Défense a rapporté que les systèmes anti-aériens avaient éliminés plusieurs drones ukrainiens, dans la nuit du 28 au 29 août, dans les régions de Toula et Belgorod, et en mer Noire en fin de matinée. Deux drones «ont été détruits par la défense aérienne en service au-dessus du territoire de la région de Toula », au sud de la région de Moscou, a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram le 29 août. Un second appareil sans pilote « de type avion » a aussi été neutralisé dans la région frontalière de Belgorod, vers 23h, heure locale, le 28 août, toujours selon la même source. Aucun dégât ou victime n’a été signalé par le ministère, et Viacheslav Gladkov, gouverneur local, a confirmé cette information.

L’armée russe a rapporté, le 29 août vers midi, une nouvelle tentative d’attaque de drone au-dessus de la mer Noire. Cette fois, c’est l’aviation de la marine russe qui a détruit l’UAV.  Les attaques de drones dans la direction de Moscou ou de la péninsule de Crimée sont progressivement devenues quasi-quotidiennes depuis que l’Ukraine a lancé une contre-offensive, début juin. Elles s’expliqueraient, selon les propos d’un haut responsable militaire étasunien rapportés le 8 août par CNN, par le manque de progrès sur le terrain qui pousserait les forces ukrainiennes à frapper plus souvent le territoire russe « pour essayer de montrer la vulnérabilité de la Russie ». Pour l’heure, sans résultat probant.

Par ailleurs, deux drones de l’US Air Force, un Reaper MQ-9 et un Global Hawk RQ-4, ont été interceptés lundi par deux chasseurs russes alors qu’ils menaient «une mission de reconnaissance dans la zone de la péninsule de Crimée».  « Afin de prévenir une violation possible de la frontière de la Fédération de Russie et contrer la conduite d’une reconnaissance électronique, deux avions de chasse russes ont été dépêchés», a rapporté l’armée russe. « Les drones de l’US Air Force ont en conséquence changé leur direction de vol et quitté les zones de reconnaissance aérienne », a-t-elle conclu. C’est le deuxième incident de ce type en deux jours. Des drones Reaper et Bayraktar avaient déjà été signalés vers la péninsule de Crimée dans la nuit du 22 au 23 août, puis un autre le 27 août. Les tensions ont été particulièrement vives lorsqu’un drone américain Reaper s’est abîmé en mer Noire en mars dernier après l’intervention d’un avion de chasse russe.

L’armée russe assure avoir détruit un entrepôt ukrainien d’armes aériennes, ainsi qu’un poste de commandement et d’observation. En outre, 16 obusiers dont six de l’Otan ont été éliminés, tout comme 27 drones. Elle a aussi déjoué 15 attaques et neutralisé près de 570 soldats ennemis.

Les forces navales russes ont mené une frappe groupée avec des armes de haute précision et de longue portée sur un entrepôt ukrainien d’armes aériennes et de munitions, dans la nuit du 27 au 28 août, a rapporté le ministère russe de la Défense.

Un poste de commandement et d’observation de la 67e bridage mécanisée des forces de Kiev a été bombardé près de la localité de Tchervonaïa Dibrova, dans la république populaire de Lougansk. Sur la ligne de front, l’armée russe a repoussé 15 attaques ukrainiennes en ces 24 dernières heures, tous axes confondus. Lors de ces combats, les troupes russes ont neutralisé près de 570 militaires ukrainiens, dont plus de 185 sur l’axe de Donetsk.

Par ailleurs, les forces de Kiev en ont perdu environ une centaine d’autres dans la zone du sud de Donetsk et jusqu’à 160 dans celle de Zaporojié. Sur l’axe de Koupiansk, leurs pertes s’élèvent à près de 30 soldats. Enfin, jusqu’à une soixantaine d’hommes ont été éliminés sur l’axe de Krasny Liman et près de 35 sur celui de Kherson.

Les forces russes ont également intercepté trois bombes guidées US JDAM, une roquette de HIMARS et 27 drones. Au total, en 24 heures, les frappes russes ont visé du personnel et du matériel militaire dans 128 zones.

Leave A Reply

Exit mobile version