« La guerre doit cesser au plus vite. Il faut un cessez-le-feu au Liban », a martelé l’hôte de l’Elysée. La communauté internationale doit « se tenir ensemble et soutenir les efforts pour mettre fin aux agressions en cours et mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat », a renchéri le Premier ministre libanais Najib Mikati. L’Etat libanais doit avoir le monopole des armes sur son sol, a-t-il encore affirmé, alors que l’armée libanaise a indiqué jeudi avoir perdu trois soldats, tués par des tirs israéliens dans le sud du Liban.
La France va elle-même débloquer 100 millions d’euros et « contribuer à l’équipement de l’armée libanaise » dans la perspective de son redéploiement dans le sud du pays une fois un cessez-le-feu acquis, a annoncé E. Macron. « Israël sait d’expérience que ses succès militaires ne sont pas forcément une victoire au Liban », a-t-il également dit. « On parle beaucoup de guerre de civilisation (..) Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie », a-t-il encore lâché en référence au discours de Benjamin Netanyahu, qui affirme défendre la civilisation judéo-chrétienne dans la guerre israélienne à Gaza ou au Liban. « Nous exigeons que le Hezbollah cesse ses (…) frappes indiscriminées » contre Israël, a asséné le président français.
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne a souligné , lui, que « le nombre de civils blessés au Liban était inacceptable ».
Berlin a annoncé débloquer 96 millions d’euros pour le Liban et Londres au moins 15 millions de livres (18 millions d’euros).
Dans un discours audiovisuel, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a appelé « les dirigeants libanais à prendre des mesures résolues pour assurer le bon fonctionnement des institutions de l’État » et les partenaires du Liban à « renforcer leur soutien à ces institutions étatiques, y compris les Forces armées libanaises ».
La conférence réunit plus de 70 participants, dont les chefs de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, canadienne Mélanie Joly ou le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères Waleed Elkhereiji. En l’absence des principaux protagonistes — Israël et l’Iran n’ont pas été invités et le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken ne fera pas le déplacement –, les avancées diplomatiques à Paris devraient toutefois être limitées, selon l’AFP.
Malaise en France
Le positionnement de la France face aux guerres en Gaza et au Liban provoque un malaise chez certains employés des agences publiques de développement, Expertise France (EF) et l’Agence française de développement (AFD).
Dans un courrier interne, dont Le Monde a eu connaissance, 110 collaborateurs d’EF ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis du soutien de la France à Israël, appelant à la suspension des projets de coopération avec les institutions israéliennes. Par voie de communiqué, ils demandent à Paris de prendre « une position plus ferme et claire », notamment sur la riposte militaire israélienne, jugée disproportionnée, et d’accentuer les efforts diplomatiques pour la reconnaissance de l’État palestinien.
Des employés de l’AFD à Beyrouth dénoncent également ce qu’ils perçoivent comme un « deux poids, deux mesures » dans la diplomatie française. Ces prises de position interviennent à la veille de la conférence internationale sur le Liban, où les participants se concentreront sur l’aide humanitaire en réponse aux frappes israéliennes qui ont déplacé des centaines de milliers de personnes.
Depuis le 23 septembre, Israël a lancé des frappes aériennes massives et meurtrières à travers le Liban contre ce qu’il prétend être des cibles du Hezbollah, causant le déplacement de plus de 1,34 million de personnes. Israël a également lancé une invasion terrestre au Liban au début du mois. Le ministère libanais de la Santé a annoncé, dimanche, que le bilan des victimes de l’attaque israélienne contre le Liban depuis le 8 octobre 2023 s’était alourdi à 2 574 morts et 12 001 blessés.
Depuis une attaque transfrontalière du Hamas en octobre 2023, Israël poursuit son agression sur la bande de Gaza, malgré une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu immédiat.
Depuis, plus de 42 600 personnes ont été tuées, principalement des enfants et des femmes, et plus de 99 800 autres ont été blessées, selon les autorités sanitaires palestiniennes. L’agression israélienne a déplacé la quasi-totalité de la population du territoire dans le cadre d’un blocus permanent qui a entraîné de graves pénuries de nourriture, d’eau potable et de médicaments. Israël fait également l’objet d’une accusation de génocide devant la Cour internationale de Justice pour ses actions dans l’enclave palestinienne.