L’OSDH a fait état, le samedi 8 mars, de plus de 700 civils alaouites tués depuis jeudi par les forces de sécurité syriennes et des groupes alliés. L’OSDH a indiqué que « 745 civils alaouites ont été tués dans les régions de la côte syrienne et des montagnes de Lattaquié par les forces de sécurité et des groupes affiliés » depuis jeudi. Cela porte le bilan des violences à plus de 1.018 morts, dont 273 membres des forces de sécurité et des combattants accusés d’être loyaux au clan du président déchu Bachar Assad, selon la même source. L’ONG, basée au Royaume-Uni, pointe des « exécutions sur des bases confessionnelles ou régionales » assorties « de pillages de maisons et de biens de la communauté alaouite. »
Par ailleurs, des sources locales ont rapporté à la télévision libanaise Al-Mayadeen que « le nombre de victimes des massacres se compte par centaines. Des dizaines de corps sont encore éparpillés sur les bords des routes et dans les rues des villages, et leurs familles n’ont pas pu les enterrer ». Et d’ajouter que « les villageois ont fui vers les montagnes et les forêts, craignant d’être massacrés, et n’ont pas encore osé retourner dans leurs villages ».
Entre-temps, les Églises syriennes ont condamné les « massacres de civils innocents », dans le bastion de la minorité musulmane alaouite en Syrie. « Ces derniers jours, la Syrie a connu une dangereuse escalade de violence, de brutalité et de meurtres, entraînant des attaques contre des civils innocents, y compris des femmes et des enfants », ont déclaré dans un communiqué conjoint les patriarches des églises chrétiennes orthodoxes, melkite catholique et syriaques orthodoxes. Ils ont condamné « fermement tout acte menaçant la paix civile », ainsi que « les massacres ciblant des civils innocents », appelant « à une fin immédiate de ces actes horribles ».
De son côté, l’influent chef religieux druze cheikh Hikmat al-Hajri a également appelé à mettre fin immédiatement aux violences perpétuées sous des « slogans sectaires ».
La côte syrienne, dans l’ouest du pays, fief de la communauté alaouite, abrite également des minorités chrétiennes et ismaéliennes, dans un pays où la majorité des habitants sont musulmans sunnites. Des violences y ont éclaté jeudi après plusieurs jours de tensions dans la région de Lattaquié, les premières de cette ampleur depuis la prise de pouvoir le 8 décembre en Syrie d’une coalition rebelle emmenée par le groupe Hay’at Tahrir el-Cham, HTC.
Les habitants de l’ouest de la Syrie, notamment des villes de Lattaquié et de Tartous, manifestent depuis jeudi soir pour protester contre la politique du nouveau gouvernement syrien qui réprime, selon eux, les adeptes de certaines confessions, notamment les chrétiens, les alaouites et les druzes. Selon des sources d’information syriennes, des centaines de citoyens de Lattaquié et de Tartous, ont protesté contre les nouveaux dirigeants de Damas et les attaques des éléments qui lui sont affiliés contre l’ouest de la Syrie.
Parallèlement, les nouvelles autorités syriennes ont affirmé œuvrer samedi à « ramener l’ordre » dans l’ouest du pays, ancien bastion du président déchu Bachar el-Assad. Une source du ministère de la Défense citée par l’agence officielle Sana a indiqué que « les routes menant à la région côtière ont été fermées afin de contrôler les infractions, prévenir les exactions et rétablir progressivement la stabilité dans la région ». L’ordre a été donné aux forces de sécurité de « ramener l’ordre » à Jablé, Tartous et Lattaquié, a indiqué la même source, faisant état de l’arrestation d’un « grand nombre de pillards ». « Nous affirmons notre engagement total à protéger la paix civile et à garantir la sécurité de tous les citoyens, et il n’y aura aucun laxisme », a dit de son côté Moustafa Kneifati, responsable de la sécurité à Lattaquié.
Face à cette dérive sécuritaire qui prend les allures d’une véritable épuration ethnique, la présidence syrienne a annoncé dimanche la formation d’une commission « indépendante » pour enquêter sur les tueries survenues dans l’ouest du pays, lors d’affrontements entre les forces de sécurité et des combattants fidèles au président déchu. Elle a précisé dans un communiqué sur son compte Telegram que la commission, composée de sept personnes, sera notamment chargée d’enquêter sur « les exactions contre les civils », de « désigner les responsables » et de les traduire en justice.
Depuis le Liban, le Hezbollah a catégoriquement nié « les allégations sans fondement, dont certains partis s’empressent d’associer le nom du Hezbollah aux événements qui se déroulent en Syrie et de l’accuser d’être partie prenante du conflit en cours dans ce pays ». Dans un communiqué publié samedi soir, « le Hezbollah a appelé les médias à faire preuve de précision dans leurs reportages et à ne pas se laisser entraîner dans des campagnes de désinformation qui servent des objectifs politiques et des agendas étrangers suspects ».
De son côté, l’Iran a formellement contesté lundi toute implication dans les violences en Syrie ces derniers jours entre le nouveau pouvoir et des minorités, notamment celle des Alaouites à laquelle appartient le président déchu Bachar al-Assad, allié de longue date de Téhéran. « Cette accusation est totalement ridicule », a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, interrogé sur des informations de presse en ce sens.
Il a rejeté les récentes affirmations de médias, notamment de la chaîne de télévision Al-Arabiya, suggérant que l’Iran et des groupes alliés dans la région étaient à l’origine des violences. « Pointer du doigt l’Iran et les amis de l’Iran est une erreur (…) et est totalement trompeur », a ajouté E. Baghaï lors d’un point presse hebdomadaire.
Depuis la chute de Bachar al-Assad, l’Iran n’a pas reconnu le nouveau pouvoir en Syrie. « Nous n’avons aucune relation avec le gouvernement syrien actuel et nous ne sommes pas pressés à ce sujet », a déclaré vendredi le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, lors d’un entretien à l’AFP. « La République islamique d’Iran n’est actuellement qu’un observateur des questions syriennes », avait-il souligné.
Rappelons que plusieurs massacres ont eu lieu, depuis jeudi, dans des villages et des villes de la campagne de Lattaquié, Tartous et Hama à l’ouest de la Syrie. L’OSDH a fait état, le samedi 8 mars, de 745 civils alaouites tués par les forces de sécurité syriennes et des groupes alliés, depuis jeudi. L’ONG pointe des « exécutions sur des bases confessionnelles ou régionales » assorties « de pillages de maisons et de biens » visant principalement la communauté alaouite.