B. Smotrich doit participer à une manifestation organisée à Paris le 13 novembre par la Israel Forever Foundation, groupe extrémiste qui prône la création du « Grand Israël ». L’invitation à la manifestation comporte une carte d’Israël qui englobe non seulement la zone située entre la frontière palestinienne avec le Liban et le fleuve Litani, mais aussi l’ensemble du plateau syrien du Golan, y compris des régions qu’Israël n’occupe pas à l’heure actuelle.
La chaine de télévision libanaise d’information al-Mayadeen a obtenu le texte d’une plainte qui sera déposée par ces organisations, dans le cadre d’une action en justice, au procureur de la République français, requérant un mandat d’arrêt immédiat à l’encontre de B. Smotrich. Elles citent ses déclarations documentées en faveur de « l’annexion définitive et complète de Gaza et de la Cisjordanie » et appellent à l’expulsion des Palestiniens vers la Jordanie ou ailleurs, tout en qualifiant de terroriste toute personne qui s’oppose à ce plan. Le procès est centré sur la question des détenus palestiniens tués dans les prisons israéliennes, les organisations de défense des droits des prisonniers signalant que des dizaines d’entre eux sont morts sous la torture ou sous les balles.
Cependant, seuls 18 cas ont été officiellement documentés en raison de la politique de dissimulation d’Israël, qui tait de nombreux décès de prisonniers. L’action en justice affirme qu’il s’agit d’une violation flagrante des droits de l’homme et des droits des détenus tels qu’ils sont définis dans les accords internationaux, en particulier les troisième et quatrième conventions de Genève, leurs protocoles additionnels et le statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).
L’action en justice comprend des rapports et des données d’organisations de défense des droits de l’homme confirmant que plus de 1 600 personnes ont été détenues depuis le 7 octobre 2023. Ces chiffres contrastent avec la reconnaissance par l’entité d’occupation de seulement 850 personnes détenues dans des camps militaires, des centres de détention privés et autres centres de détention.
B. Smotrich a suscité la controverse en partageant sa vision d’un État juif élargi, propos tenus lors d’une interview pour le documentaire intitulé « Israël : Les extrémistes au pouvoir », sur Arte.
Le foot de la discorde
Par ailleurs, il y a lieu de signaler qu’une intense campagne de boycott, relayée par le site EuroPalestine, appelle les joueurs de l’équipe de France à ne pas participer au match France-Israël, prévu le 14 novembre au Stade de France. Dans un article publié le 11 novembre, EuroPalestine relaie cet appel, qualifiant l’événement de « match France-Génocide », et exhortant les joueurs à se questionner sur les implications éthiques de leur participation dans un tel contexte.
Les vidéos de la campagne s’adressent directement aux footballeurs, leur rappelant leur statut d’« ambassadeurs de la France et modèles pour des millions de jeunes ». Dans un message fort, un intervenant souligne l’influence des joueurs français en tant que figures de référence mondiale, « non seulement pour leurs qualités de joueurs, mais aussi pour l’impact que leurs actions peuvent avoir bien au-delà des terrains de jeu ». L’orateur attire l’attention des athlètes sur « la situation tragique et injuste du peuple palestinien », les incitant à prendre position contre « le blocus, les bombardements, les massacres, la famine, les tortures, les viols, le génocide » dont seraient victimes les Palestiniens.
Les initiateurs de la campagne encouragent les joueurs à se poser en porte-voix des opprimés, comparant cette position à celle de grandes figures sportives engagées comme Mohamed Ali, Arthur Ashe ou encore Cathy Freeman, dont les actions « sont restées dans l’histoire, pas seulement pour leur talent, mais surtout pour leur engagement ». Les joueurs sont appelés à saisir cette « occasion privilégiée et historique » pour refuser de participer au match, dénonçant ainsi les violences perçues comme les « pires atrocités d’un État colonial et génocidaire ».
Ce geste, affirment les promoteurs du boycott, renforcerait l’admiration pour les joueurs français et montrerait que « le sport peut être une plateforme pour des valeurs nobles et humaines ». Les fans de football et les militants en ligne se joignent à cet appel, avec des hashtags et des messages de soutien aux Palestiniens.
Pour rappel, le collectif « Stop Génocide » a indiqué, dans un communiqué, avoir demandé mardi dernier l’annulation du match France-Israël, et ce lors d’une rencontre avec le directeur général de la Fédération française de football (FFF), au lendemain d’une mobilisation au siège de la FFF, où les militants du collectif avaient occupé les locaux. La FFF aurait affirmé à la délégation « comprendre » la colère suscitée par cet événement, selon les propos rapportés par Stop Génocide. Les responsables de l’institution auraient même reconnu avoir exprimé dès le début de la compétition leur « inquiétude » quant à cette rencontre auprès de l’UEFA, l’organisation européenne du football, ainsi qu’auprès des autorités françaises. Malgré cela, ils estiment que la décision leur échappe et pointent l’UEFA comme seule décisionnaire, affirmant que la France « avait l’ordre » de maintenir le match, en dépit des tensions suscitées par la situation en Palestine.