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B. Johnson lâche la présidence des conservateurs : Une nouvelle parenthèse s’ouvre à Londres

Le Premier ministre britannique a annoncé jeudi sa démission du Parti conservateur mais indiqué qu'il resterait au pouvoir jusqu'à ce que soit désigné son successeur. Trois ans après son accession à Downing Street, Boris Johnson, 58 ans, s'est trouvé poussé vers la sortie par une avalanche de démissions au sein de son gouvernement après une série de scandales.

Le chef du gouvernement britannique a annoncé sa démission et souligné que la procédure de désignation d’un nouveau dirigeant pour le Parti conservateur était lancée. Lors d’une allocution devant le 10, Downing Street, il a précisé qu’il comptait rester en fonction jusqu’à la désignation d’un nouveau leader. Un calendrier sera annoncé la semaine prochaine, a-t-il dit. « C’est clairement la volonté du Parti conservateur qu’il y ait un nouveau leader et donc un nouveau Premier ministre », a-t-il déclaré, se disant « triste d’abandonner le meilleur travail au monde ».

Seuls une trentaine de députés l’ont applaudi alors que les Conservateurs possèdent 360 sièges à la Chambre des Communes qui résonne des cris des manifestants qui scandaient « Bye Bye Boris ». Les Britanniques qui ont fait le déplacement évoquent leur soulagement après une semaine de paralysie politique complète.

Nommé en 2019, B.Johnson a ensuite triomphé dans les urnes, mais a été affaibli par une série de scandales ces derniers mois. « Boris Johnson démissionnera aujourd’hui de son poste de leader du Parti conservateur », avait assuré dans la matinée Chris Mason, journaliste politique à la BBC.

Le chef de l’opposition, Keir Starmer, a estimé qu’il s’agissait d’une « bonne nouvelle » mais que « nous n’avons pas besoin d’un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d’un vrai changement de gouvernement ».

Une cinquantaine de membres de l’exécutif britannique ont quitté leurs fonctions depuis le départ fracassant, mardi soir, des ministres des Finances et de la Santé, Rishi Sunak et Sajid Javid, en mettant explicitement en cause le Premier ministre, jugé inapte à conduire le pays dans le sillage d’une série de scandales. Huit ministres ou secrétaires d’État ont encore démissionné jeudi matin, dont certains nommés il y a deux jours. Le nouveau ministre des Finances, Nadhim Zahawi, avait publiquement appelé à la démission du Premier ministre, de même que le ministre de la Défense, Ben Wallace.

Liz Truss, patronne de la diplomatie britannique a appelé « au calme et à l’unité » après la démission de B. Johnson. « Le Premier ministre a pris la bonne décision (…) Nous avons besoin de calme et d’unité maintenant et de continuer à gouverner jusqu’à ce qu’un nouveau chef du parti soit désigné », a-t-elle déclaré dans un tweet envoyé depuis Bali, en Indonésie, où elle doit assister à une réunion ministérielle du G20 vendredi.

Selon le compte rendu du Conseil des ministres, B. Johnson a souligné qu’il ne chercherait pas d’ici son départ à mettre en œuvre de nouvelles politiques ou des changements de cap majeurs. « Il a déclaré que les décisions budgétaires majeures devraient être laissées au prochain Premier ministre », selon un communiqué de Downing Street.

Le chef de l’opposition n’a pas retenu ses coups contre le Premier ministre : « Spectacle pathétique », « pas une once d’intégrité », « défenseur de l’indéfendable ». K.Starmer a repris ses habits d’ancien avocat et démembré la défense de B. Johnson sur l’affaire C. Pincher. Ce député chargé de la discipline du parti avait été nommé malgré des accusations d’agressions sexuelles.

Face à l’opposition, sur le banc du gouvernement, des mines grises, fermées. Le Premier ministre a gardé les yeux baissés pendant les questions de l’opposition et a renouvelé son refus de démissionner : « J’ai un mandat et des promesses à tenir. »

La séance a été suivie par un discours du désormais ex-ministre de la Santé, qui a démissionné mardi. S. Javid a expliqué que la ligne entre loyauté et intégrité était devenue trop fine, et qu’il ne pouvait plus accorder le bénéfice du doute à son chef. « Trop, c’est tropLe problème part du sommet. Et ne rien faire, c’est déjà faire un choix », a-t-il asséné à l’endroit de ses anciens collègues qui ont refusé de quitter le gouvernement. Depuis son départ mardi soir, dix-huit députés ont quitté leurs fonctions au sein des ministères.

Sur les bancs de l’opposition, Ian Blackford, chef des indépendantistes écossais, a posé pour la énième fois la question. « Nous devrions parler de la crise du pouvoir d’achat, de l’inflation explosive et le coût du Brexit. Mais à la place, on en revient toujours à vous. Encore combien de ministres devront démissionner avant que vous n’écriviez votre propre lettre de démission ? », a-t-il lancé. « Si les circonstances venaient à empêcher le gouvernement de réaliser le programme sur lequel nous avons été élus, alors je démissionnerais, a répondu B. Johnson. Mais en toute franchise, le travail d’un Premier ministre dans des circonstances difficiles, surtout quand il a une majorité confortable, c’est de continuer à travailler ! »

Après une quarantaine de démissions, c’est sur un licenciement que s’est achevée la journée : B. Johnson a remercié son ministre du Nivellement par le haut, Michael Gove, qui l’avait appelé à la démission quelques heures plus tôt.  M. Gove, concurrent de B.Johnson à la dernière élection pour la tête du parti, a participé dans la soirée à la délégation de ministres. Quasiment tous les membres du gouvernement se sont rendus à Downing Street, y compris les plus fidèles – Priti Patel, ministre de l’Intérieur, Brandon Lewis de l’Irlande du Nord, même Nadhim Zawahi, nommé seulement 24 heures auparavant aux Finances – pour convaincre le PM de démissionner.  Le chef du gouvernement s’accroche à ses 14 millions de voix de 2019, et juge qu’il serait irresponsable de partir maintenant. Interrogé par les parlementaires dans l’après-midi, il estimait que les appels à la démission visaient à le détourner de son mandat politique : lutter contre la crise économique et soutenir l’effort de guerre ukrainien, notamment. Comme il écarte aussi la possibilité d’élections anticipées…

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