Aux yeux de la commission électorale, la victoire est acquise pour A. Kumara Dissanayaka, candidat de gauche qui a promis d’alléger la vie quotidienne des habitants. Le scrutin s’est tenu dans le sillage d’une grave crise économique et un soulèvement populaire.
Les trois quarts des électeurs se sont déplacés samedi et ont largement voté pour l’homme de gauche qui obtient 42,3% des voix. Ses deux concurrents, le président sortant, 75 ans, et l’opposant Sajith Premadasa, 57 ans, n’obtenant respectivement que 17,2% et 32,7% des suffrages selon la commission.
Le nouvel élu à la tête du Sri Lanka a déclaré que sa victoire était « celle de tous » les citoyens du pays, dans un message diffusé sur réseau social X après la proclamation des résultats. « Ensemble, ajoute-t-il, nous nous tenons prêts pour réécrire l’histoire du Sri Lanka. »
Quant au chef de l’État sortant, il a reconnu sa défaite dans un communiqué diffusé peu après la proclamation officielle des résultats. « Avec beaucoup d’amour et de respect pour cette nation que je chéris, je remets son avenir entre les mains du nouveau président », a-t-il fait savoir.
Dès la matinée de dimanche, un des principaux alliés du président sortant, le ministre des Affaires étrangères Ali Sabry, avait reconnu la victoire probable de A. Kumara Dissanayaka sur le réseau social X. Et l’entourage de S. Premadasa avait lui aussi rapidement concédé sa défaite, rapporte l’AFP.
En 2022, les Sri-lankais chassaient du pouvoir Gotabaya Rajapaksa pour avoir placé le pays au bord de la faillite, et R. Wickremesinghe, l’un de ses proches, exerçait depuis lors le pouvoir après avoir négocié un plan de sauvetage économique du Sri Lanka avec le Fonds monétaire international (FMI). Mais après la plus grave crise économique et financière de l’histoire du pays, les scènes de colère de la population face à l’inflation et aux pénuries, le début de redressement du Sri Lanka s’est opéré au prix d’une aggravation de la pauvreté, qui touche désormais plus du quart de ses 22 millions d’habitants, selon la Banque Mondiale.
Ce vote témoigne de la lassitude des habitants face à la crise économique, mais aussi aux mesures d’austérité qui ont accompagné l’accord avec le FMI. Les Sri-Lankais ont aussi exprimé leur envie de rompre avec une certaine classe politique, les deux concurrents étant des proches de dynasties politiques qui ont régné sur le Sri Lanka.
Ancien marxiste, A. K. Dissanayaka entend conserver ce plan de redressement, mais le renégocier pour soulager les Sri-Lankais en termes de pouvoir d’achat. « Nous n’annulerons pas le plan du FMI », a confirmé à l’AFP Bimal Ratnayake, membre du bureau politique du Front de libération du peuple (JVP), formation du président élu. « Notre volonté est de coopérer avec le FMI et d’introduire certains amendements. »