Installés dans le bus, les ouvriers, qui construisaient un nouveau poste pour l’armée pakistanaise, ont été tués samedi soir par une bombe artisanale fixée à leur véhicule, a déclaré Rehman Gul Khattak, haut fonctionnaire du Waziristan du Nord, dans un communiqué. De son côté, Amir Muhammad Khan, haut responsable de la police de la région, a confirmé à l’AFP l’explosion de la bombe et le nombre de victimes.
« Il est déchirant d’apprendre l’attentat terroriste au Waziristan du Nord qui a coûté la vie à onze ouvriers innocents. Nous condamnons fermement cet acte de violence insensé et exprimons notre solidarité envers les familles touchées », a déclaré le Premier ministre intérimaire Anwaar-ul-Haq Kakar sur X (anciennement Twitter). Le Waziristan du Nord est l’une des anciennes zones tribales semi-autonomes du nord-ouest du pays où l’armée pakistanaise a mené de nombreuses opérations contre les insurgés liés au réseau al-Qaïda et aux talibans, après l’invasion en 2001 de l’Afghanistan par les États-Unis et leurs alliés de l’Otan.
Le Pakistan est confronté depuis plusieurs mois, en particulier depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021, à une détérioration de la sécurité, notamment dans les régions frontalières de l’Afghanistan. Islamabad affirme que certaines des attaques sont planifiées depuis le sol afghan, ce que Kaboul dément. Début août, après de nouvelles accusations du Pakistan, Mohammed Yaqoub, ministre afghan de la Défense, avait rapporté la mise en garde du chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, contre toute attaque en dehors des frontières du pays. Se battre hors d’Afghanistan n’est pas un « jihad » autorisé religieusement mais une guerre, illicite aux yeux du chef suprême des talibans, avait déclaré le ministre dans un discours prononcé devant des membres des forces de sécurité afghanes retransmis par la télévision étatique. Ces derniers mois, le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), groupe taliban pakistanais, a mené une campagne de plus en plus intense contre les responsables de la sécurité, notamment les policiers.
En janvier, un kamikaze lié au TTP s’était fait exploser dans une mosquée située à l’intérieur d’un complexe policier dans la ville de Peshawar, dans le nord-ouest du pays, tuant plus de 80 fonctionnaires. La section pakistanaise du groupe État islamique (EI) est aussi active dans la zone. Le 31 juillet, dans la ville de Khar, à 45 kilomètres de la frontière afghane, un attentat lors d’un meeting du parti religieux conservateur Jamiat Ulema-e-Islam (JUI-F) avait fait 54 morts dont 23 enfants. Un homme s’était fait exploser sur le devant de la scène alors que quelques 400 participants attendaient le début des discours. Cet attentat a été revendiqué par la section pakistanaise de Daech qui entretient une rivalité sanglante avec les talibans.
Par ailleurs, pas moins de quatre-vingt-sept domiciles de chrétiens et dix-neuf églises ont été vandalisés la semaine dernière dans une ville du Pendjab pakistanais, lors d’émeutes liées à des accusations de blasphème, a indiqué la police vendredi 18 août à l’AFP. « Les événements qui se sont déroulés sont tragiques. Une telle violence ne peut jamais être justifiée », a déclaré Usman Anwar, chef de la police provinciale de l’État du Pendjab, dans l’est du Pakistan.
Une enquête est en cours à l’encontre d’une douzaine de personnes ayant incité, au haut-parleur mercredi, des musulmans à manifester contre des chrétiens accusés de blasphème dans cette ville, a indiqué un haut responsable de la police. Plus de 125 personnes ont été arrêtées en lien avec les actes de vandalisme. « Des photos et des vidéos de pages du Coran brûlées ont été partagées entre habitants, ce qui a provoqué un tollé », avait expliqué les autorités locales. Jusqu’à 5 000 personnes en provenance d’autres quartiers avaient afflué dans le quartier de Jaranwala s’infiltrant dans les ruelles étroites et saccageant des maisons.
Désormais devant l’église du cœur du quartier chrétien de Jaranwala: des cris de rage et de désespoir. Les murs de l’édifice sont carbonisés, les fenêtres, la porte ne sont plus que des trous béants. Autour de l’église, plusieurs maisons sont carbonisées.
Les chrétiens reprochent à la police de ne pas avoir protégé les biens des habitants. Les chrétiens, qui représentent environ 2% de la population, occupent l’un des échelons les plus bas de la société pakistanaise et sont fréquemment la cible d’allégations de blasphème fallacieuses et infondées.