En pleines négociations en vue de former le plus vite possible un gouvernement qui permettra à l’Allemagne de retrouver une voix sur la scène internationale, SPD et CDU envisageraient la formation de deux fonds pour la défense et les infrastructures. Le sujet a été discuté vendredi lors des négociations en cours entre les conservateurs de Friedrich Merz, qui ont remporté les récentes élections législatives, et les sociaux-démocrates, avec qui ils veulent s’allier pour former une coalition majoritaire à la Chambre des députés (Bundestag), indique Bild en citant des sources proches des négociateurs. Le journal évoque un volume de « plusieurs centaines de milliards d’euros ».
Les deux formations réfléchissent à la mise sur pied très rapidement de deux fonds spéciaux d’investissement, l’un pour l’armée allemande compte tenu de l’urgence de renforcer la défense européenne du fait de la fracture en cours avec les États-Unis, et l’autre pour la rénovation des infrastructures du pays.
Les montants discutés pour chacun des fonds sont « nettement supérieurs » aux 100 milliards d’euros du fonds pour l’armée allemande déjà décidé en 2022 après l’invasion russe de l’Ukraine, selon le journal. Les négociateurs ont examiné, lors de leur rencontre, des évaluations préparées par des économistes chiffrant les besoins de l’armée allemande à 400 milliards d’euros et ceux des infrastructures à 500 milliards d’euros, selon Bild.
Des volumes de dépenses à donner le tournis aux Allemands. F. Merz aura besoin du Bundestag sortant pour mener à bien ces dépenses, nécessitant la majorité des deux tiers. Dans la nouvelle Assemblée, sa majorité sera très courte. Les deux extrêmes, l’Afd à droite et Die Linke à gauche, opposés à toutes dépenses militaires, y disposeront d’une minorité de blocage que F.Merz espère donc contourner. Il veut faire adopter les deux fonds d’ici à la fin du mois. Le nouveau Parlement devra se constituer, au plus tard, le 24 mars. Concrètement, l’idée serait de créer ces fonds spéciaux hors du budget fédéral, en invoquant une situation d’urgence, afin de contourner les règles constitutionnelles allemandes strictes qui limitent la possibilité de générer du déficit public. Ce mécanisme, dit « frein à l’endettement », interdit à l’État fédéral un déficit budgétaire annuel supérieur à 0,35% du PIB, sauf en cas de crise.