Un sit-in devant le tribunal de commerce de Casablanca a été prévu par les syndicalistes de la SAMIR, soutenus par la Confédération Démocratique du Travail (CDT). L’affaire est grave puisque la fermeture de la raffinerie, réalisée en 2015, génère des pertes incommensurables : machines détériorées et compétences parties en fumée. On est donc face à un véritable « assassinat programmé » de l’unique raffinerie du royaume qui se joue sous les yeux des syndicalistes. Ces derniers cultivent toujours l’espoir d’un sursaut salvateur. Face au tribunal de commerce de Casablanca, près de la préfecture Ben M’sik Sidi Othmane, ils entendent faire partager leur message: rejeter l’abandon de la SAMIR, exiger la relance de l’activité de la raffinerie et défendre les droits des salariés et retraités.
El Houssine El Yamani, secrétaire général du Front National pour la Sauvegarde de la SAMIR, ne cache pas son scepticisme. A la mobilisation des travailleurs de la raffinerie s’oppose un immobilisme gouvernemental. Une inertie qui pèse lourd dans la balance. Les équipements vieillissent dangereusement, en dépit des efforts déployés pour les maintenir en état, et l’actif en ressources humaines compétentes s’effiloche au rythme des départs à la retraite et des démissions. Un drame social sans pareil affecte l’aset de la raffinerie qui faisait la fierté non seulement de Mohammedia, mais du Maroc dans son ensemble. Devant le dédain du syndic, les ouvriers qualifiés ne touchent plus leurs salaires, des retraités sont privés de leurs pensions, des ingénieurs sont contraints à l’exil professionnel. Voilà pourquoi E. El Yamani parle d’un « dossier national » plutôt que d’une simple fermeture d’un outil de raffinage que bien des milieux, y compris parmi les décideurs, minorent en faisant tomber son caractère éminemment stratégique.