A.Araghchi se rendra d’abord à Riyad, capitale saoudienne, pour « rencontrer et discuter avec de hauts responsables saoudiens » avant de se déplacer à Doha « pour participer à la conférence du dialogue Iran-Monde arabe », selon un communiqué publié sur le site du ministère iranien des Affaires étrangères. Le locataire de la Maison Blanche est attendu en Arabie saoudite, au Qatar et aux Emirats arabes unis du 13 au 16 mai. Cette tournée aurait dû être le premier déplacement à l’étranger du président américain depuis son retour aux affaires en janvier, sans son déplacement à Rome pour les funérailles du pape François.
Téhéran et Washington, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont entamé le 12 avril des pourparlers indirects sur le dossier du nucléaire iranien, par la médiation du sultanat d’Oman. Un quatrième round de discussions, prévu samedi dernier, a été reporté pour des « raisons logistiques », selon Oman.
D. Trump avait souligné mercredi qu’il allait « prendre une décision » sur la manière dont les Etats-Unis désignent le Golfe, après que plusieurs médias américains ont rapporté qu’il avait l’intention de l’appeler à l’avenir « golfe Arabique » plutôt que « golfe Persique ». Cette décision a provoqué l’ire de l’Iran au moment où Washington mène des pourparlers avec Téhéran sur le nucléaire. Abbas Araghchi a déclaré qu’une telle mesure signifierait « une intention hostile dirigée contre l’Iran et son peuple. »
En deux jours, A. Araghchi a nié deux rumeurs véhiculées par des médias britannique et américain qui visent à torpiller les négociations en cours avec les Etats-Unis sur le programme nucléaire. Vendredi, il a catégoriquement nié les allégations de Fox News concernant la découverte d’une nouvelle installation nucléaire en Iran. Elles avaient été lancées par le groupe hostile au pouvoir iranien du Mouvement Moudjahidine Khalq (MEK), coupable de milliers d’attentats terroristes en Iran. « Avec la reprise des négociations entre l’Iran et les États-Unis, davantage d’images satellites sont publiées pour susciter des inquiétudes concernant l’Iran », a déclaré A. Araghchi dans un communiqué. Il a accusé le Premier ministre israélien qui n’a plus aucune crédibilité de chercher à perturber les négociations. Il poursuit désormais ses efforts pour imposer ses diktats au président américain par l’intermédiaire de ses agents, a mis en garde le ministre iranien.
Selon Fox News, cette installation aurait été récemment édifiée dans le gouvernorat de Semnan loin des autres installations connues du pays. Le MEK avance pour sa part que cette installation est destinée à extraire le Tritium qui est utilisé pour augmenter la capacité destructrice des bombes atomiques.
Le ministre iranien avait auparavant nié une autre information véhiculée par un média britannique. Jeudi, The Times avait argué que les autorités britanniques ont avorté un attentat terroriste contre l’ambassade d’Israël à Londres qui aurait été concocté par des éléments iraniens. 8 personnes auraient été arrêtées dans cette opération, dont 7 Iraniens, indique le journal citant des sources non identifiées, sachant que cette information n’a été confirmée par aucune source britannique officielle. « Téhéran n’a reçu aucun communiqué officiel via les canaux diplomatiques concernant ces allégations », a répliqué A. Araghchi sur X, indiquant que l’Iran a invité les autorités britanniques à collaborer avec les autorités iraniennes afin de contribuer à l’enquête basée sur des preuves crédibles.
Le ministre iranien s’est dit surpris par le timing de ces allégations et de l’absence de toute communication officielle. Ce qui, selon lui illustre « la présence d’une troisième partie qui s’attelle pour avorter le processus diplomatique en optant pour l’escalade et en ayant recours à des histoires mensongères et fabriquées ». Il accuse le Premier ministre israélien d’œuvrer pour torpiller les tractations en cours entre son pays et les Etats-Unis et de vouloir « imposer son diktat au président américain Donald Trump afin d’entrainer la région vers une catastrophe ».
Les négociations sur la question nucléaire iranienne sont perçues d’un très mauvais œil par B. Netanyahu, qui a fait de la menace iranienne son fonds de commerce depuis une vingtaine d’années.
Jeudi, le ministre israélien des AE a menacé l’Iran, 4 jours après le tir depuis le Yémen d’un missile sur l’aéroport Ben-Gourion à Tel Aviv. « Vous êtes directement responsables. Ce que nous avons fait au Hezbollah à Beyrouth, au Hamas à Gaza et à Assad à Damas, nous vous le ferons aussi à Téhéran », a déclaré Israël Katz. Les menaces de Katz surviennent également deux jours après l’annonce par Oman d’un accord de cessez-le-feu entre Sanaa et Washington. Les responsables yéménites ont fait savoir que cet accord ne concernait pas Israël et qu’ils continueraient de tirer des missiles sur ce pays tant que dure la guerre génocidaire à Gaza où l’armée d’occupation israélienne s’apprête à lancer une nouvelle offensive d’envergure.
Sur le qui-vive
Sur un autre plan, le général de division Hossein Salami, commandant en chef du Corps des gardiens de la révolution iranienne (CGRI), a affirmé que « son pays est prêt à répondre à toute agression contre son territoire », soulignant que « ses forces armées cibleront n’importe quel point de n’importe quel pays à partir duquel une attaque est lancée contre la République islamique de l’Iran ». Ces remarques ont été faites lors d’une visite d’inspection dans l’une des bases navales souterraines du CGRI où il a expliqué que « son pays montre certaines de ses capacités dans le but de corriger d’éventuelles erreurs dans les calculs des ennemis ».
Le commandant iranien a souligné que « les intérêts de l’ennemi seront à portée des forces armées iraniennes, où qu’elles se trouvent, si l’Iran subi une attaque militaire ». Dans le même contexte, il a annoncé que « son pays continuera à renforcer ses capacités de défense avancées », notant que « ces efforts visent à assurer la sécurité de la région du Golfe et à protéger les intérêts nationaux iraniens face aux menaces croissantes ».
La télévision iranienne a couvert l’inauguration d’une nouvelle base souterraine pour la marine du CGRI, en présence du commandant en chef des Gardiens et du commandant de la marine. Elle a indiqué que « la nouvelle base navale du CGRI comprend des centaines de drones avancés de fabrication iranienne, dont le drone Mohajer », notant que « le drone Mohajer 6 est celui qui a survolé le porte-avions américain Eisenhower pendant 10 heures consécutives et en a capturé des images claires ». Elle a également noté que « le drone Mohajer-6 a récemment surveillé tous les mouvements de navires de guerre appartenant à des pays non régionaux dans les eaux du Golfe », soulignant que « tous les drones présents dans les bases de la marine des Gardiens de la révolution sont capables de contrer la guerre électronique ».
Plus, a ajouté la même source, « Téhéran dispose de dizaines de bases militaires le long des eaux du Golfe et de la mer d’Oman pour faire face aux menaces et assurer la sécurité de la région ».