Andrés Manuel Lopez Obrador, président mexicain, a demandé vendredi aux États-Unis un « rapport complet » sur l’arrestation jeudi au Texas de deux dirigeants du puissant cartel de Sinaloa, dont son cofondateur Ismael Zambada Garcia, alias « El Mayo ». Le Mexique n’a pas participé à cette opération. « Le gouvernement américain doit livrer un rapport complet, pas seulement des déclarations générales. Il doit y avoir des informations, il doit y avoir de la transparence », a réclamé le chef de l’Etat mexicain lors de sa conférence de presse quotidienne.
La Justice américaine avait savoir, via un communiqué, qu’ « Ismael Zambada Garcia, aussi appelé « El Mayo », cofondateur du cartel, et Joaquin Guzman Lopez, fils de l’autre cofondateur, ont été placés en état d’arrestation aujourd’hui à El Paso, au Texas ». Le dossier est tellement lourd que c’est le ministre Merrick Garland qui a éventé l’affaire.
J. Guzman Lopez est le fils du baron de la drogue mexicain « El Chapo », qui a cofondé le cartel de Sinaloa et purge actuellement une peine de prison à perpétuité aux États-Unis. Les deux hommes font l’objet de poursuites aux États-Unis pour leur rôle présumé dans la fabrication et le trafic de fentanyl, un puissant opiacé de synthèse. Le cartel de Sinaloa est accusé par les États-Unis d’être largement responsable de la diffusion massive de fentanyl sur le sol américain et des violences liées au trafic des deux côtés de la frontière.
« Le fentanyl est la menace la plus mortelle à laquelle notre pays ait jamais été confronté en matière de drogue, et le ministère de la Justice ne s’arrêtera pas tant que les dirigeants, membres et associés du cartel responsables de l’empoisonnement de notre société n’auront pas tous répondu de leurs actes », a affirmé M. Garland. Selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), les États-Unis ont enregistré plus de 107 000 décès par overdose en 2023. Le fentanyl était à l’origine d’environ 70% d’entre eux.
Agé de 76 ans, « El Mayo » est décrit comme « l’un des trafiquants de drogue les plus célèbres de l’histoire du Mexique » par le centre d’analyse spécialisé InSight Crime. Selon lui, « il est surtout connu pour avoir fait profil bas », avoir « privilégié les affaires à la violence » et pour être « l’un des rares chefs de l’ancienne garde à avoir réussi à échapper à la justice tout au long de sa carrière criminelle ».
Les arrestations annoncées jeudi constituent un nouveau coup dur pour le cartel, né dans l’État de Sinaloa, dans le nord-ouest du Mexique. Les violences liées au narcotrafic font des ravages au Mexique, avec plus de 450 000 personnes assassinées depuis que le gouvernement a lancé une offensive militaire contre les cartels de la drogue en 2006. Parmi les victimes, figurent notamment des membres des forces de sécurité ou encore des journalistes.
Le réseau criminel « a tissé des liens aux plus hauts niveaux de la police fédérale et de l’armée mexicaine, et a soudoyé des membres de ces deux institutions pour conserver un avantage sur les organisations rivales », selon Insight Crime. Après l’arrestation d’« El Chapo », plusieurs de ses fils, collectivement surnommés « Chapitos », ont hérité du contrôle d’une partie de l’organisation, selon les autorités américaines. Un autre de ses fils, Ovidio Guzman Lopez, a été extradé vers les États-Unis en 2023.
Le cartel de Sinaloa figure aussi parmi la longue liste des sujets de discorde entre Washington et Pékin. En juin, le ministère américain de la Justice a accusé des « banquiers chinois de l’ombre » d’avoir aidé le réseau à blanchir plus de 50 millions de dollars de revenus de la drogue.