Les informations des médias selon lesquelles l’Égypte aurait l’intention de suspendre les accords de Camp David avec Israël si l’armée israélienne lançait une opération militaire à Rafah sont erronées, a ajouté le chef de la diplomatie égyptienne. « Il existe un accord de paix entre l’Égypte et Israël, qui est en vigueur depuis quarante ans, et nous continuerons à le respecter », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse en Slovénie.
S. Choukri a noté que son pays continuait d’œuvrer pour la conclusion d’un accord entre Israël et le Hamas, qui permettrait de libérer les otages et d’acheminer plus d’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Le Caire n’en condamne pas moins les déplacements forcés des Palestiniens dans l’enclave et appelle à un cessez-le-feu immédiat, a-t-il ajouté.
Le 11 février, AP avait affirmé que Le Caire l’agence songeait à briser les accords de Camp David, signés en 1978 avec Israël, qui avaient normalisé les relations entre les deux pays après la guerre du Kippour.
Une information lancée alors que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait annoncé une offensive sur Rafah, ville frontalière de l’Égypte. Cette annonce s’est concrétisée par des frappes aériennes dans la nuit du 11 février, qui ont fait « environ 100 morts » selon le ministère de la Santé à Gaza.
Le début des opérations militaires dans cette ville risque d’entraîner la fermeture de la seule voie de livraison d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, avait signalé AP.
Signés en 1978, les premiers accords de Camp David avaient normalisé les relations entre Le Caire et Tel Aviv, aboutissant au traité de paix de 1979. L’Égypte n’a plus attaqué Israël depuis.
Le 7 février, le Premier ministre israélien avait annoncé que l’armée se préparait à une offensive sur la ville de Rafah et dans deux camps de réfugiés, derniers bastions restants du Hamas.
Une décision vivement critiquée, y compris en Occident. Une telle offensive créerait « une situation humanitaire catastrophique d’une dimension nouvelle et injustifiable », a notamment déclaré le ministère français des Affaires étrangères. L’Arabie saoudite avait pour sa part demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’Onu pour tenter d’empêcher l’offensive.
Face à cette levée de boucliers, B. Netanyahou a précisé ses intentions le 9 février lors d’un entretien à la chaîne ABC News, affirmant que Tsahal ouvrirait « un passage sécurisé à la population civile pour qu’elle puisse partir ».
Le Caire qui accueille une énième réunion entre les parties en conflit, sous supervision US, avait déjà réuni son Conseil de guerre qui, signalent des médias, a été divisé sur l’approche à adopter face à la menace israélienne. Si une partie de l’armée a signifié clairement qu’il fallait se préparer au pire, y compris la confrontation armée pour garantir la sécurité de l’Egypte et ses intérêts stratégiques, une autre privilégie une approche moins belliqueuse. Et c’est vers cette deuxième approche que le maréchal Al-Sissi, à la tête de l’Etat égyptien, pays le plus peuplé du monde arabe et qui plus est dispose de la plus grande armée en Afrique, s’est ralliée. Quitte à ce que les civils palestiniens subissent, sous les yeux des policiers égyptiens, une extermination en bonne et due forme. Pourtant, la rue égyptienne bouillonne depuis le 7 octobre dernier. Quand bien même, au passage de Rafah, les préposés aux contrôles à la frontière avec le territoire palestinien, n’hésitent pas à se nourrir de la bête en surtaxant les réfugiés palestiniens. Pire, le commerce entre Le Caire et Tel-Aviv survit à toutes les turpitudes, une des voies d’acheminement des biens de consommation part des ports égyptiens…
Abou Dhabi qui a condamné l’action militaire israélienne à Gaza s’incline devant les desiderata de Tel-Aviv. Lana Zaki Nusseibeh, ambassadrice des Émirats arabes unis à l’Onu, a défendu lundi la décision du pays du Golfe de maintenir ses liens avec Israël malgré leurs inquiétudes croissantes face à sa guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Les Émirats arabes unis, qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre des accords d’Abraham négociés par les États-Unis, ont exprimé leur solidarité avec les Gazaouis depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre. Mais ils ont été critiqués pour ces liens entretenus avec l’État israélien. « Grâce à cette coopération, nous disposons d’un hôpital de campagne à Gaza et d’un hôpital maritime qui accoste dans le port d’Al-Arich, en Égypte », a déclaré L. Zaki Nusseibeh, lors du sommet mondial des gouvernements à Dubaï, un événement annuel rassemblant des personnalités du monde des affaires et de la politique.
Pour les « habitants de Gaza, ce n’est pas suffisant. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un cessez-le-feu humanitaire et d’une solution à deux États », a-t-elle toutefois ajouté. « L’obtiendrons-nous en discutant avec les personnes qui sont d’accord avec nous ? Non. Nous l’obtiendrons en parlant à ceux qui ne sont pas d’accord avec nous et les Émirats arabes unis seront toujours fiers de le faire », a poursuivi l’ambassadrice. Une rhétorique que seuls les défaitistes soutiennent…