Le coup de force est notamment motivé par « la dégradation continue de la situation sécuritaire » au Niger, selon le colonel-major Amadou Abdramane Sandjodi. Un communiqué publié jeudi sur le compte Twitter des Forces armées nigériennes affirme que l’état-major des armées a « décidé de souscrire à la déclaration » des putschistes. Le président du pays, qui n’a pas formellement démissionné, n’est toujours pas libre de ses mouvements. Il serait toujours retenu dans sa résidence par le patron de sa Garde présidentielle, le général Abdourhmane Tchiani, cerveau du coup d’État annoncé.
Hassoumi Massoudou, ministre des Affaires étrangères, s’est exprimé au micro de France 24 pour demander aux « officiers factieux de rentrer dans les rangs » A Niamey, la journée a démarré au ralenti. Quelques rassemblements sont signalés. Dans les casernes, pas de mouvement particulier pour l’instant. La situation est calme et la population reste suspendue à l’évolution de la situation. Dans la capitale, les rues se sont vidées après la déclaration des militaires.
Les réactions internationales se multiplient depuis. Patrice Talon, président du Bénin, « est en route » pour Niamey, a-t-on appris en début de soirée. « Il va là-bas maintenant, il est en route », a déclaré Bola Ahmed Tinubu, président du Nigeria, qui dirige actuellement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Les deux chefs d’État se sont rencontrés ce jour à Abuja. Avant de partir, le chef de l’État béninois s’est lui-même exprimé. « La situation est suffisamment préoccupante pour que la Cédéao et le président Tinubu, le président du Nigeria, voisin du Niger, avec le Bénin, voisin du Niger également, nous prenions la chose au sérieux et agissions rapidement », a-t-il dit.
« Même quand ce qui n’est pas acceptable se fait, insiste P. Talon, il faut que dans la paix, on puisse corriger cela. C’est notre première option. Nous pensons que ce sera avec succès. »
On parle aussi de la présence, au Niger, de deux officiers supérieurs du Nigeria, le chef d’état-major de l’armée et le chef des services de renseignement.
Dans un communiqué publié par la présidence du Nigeria plus tôt, Bola Ahmed Tinubu a évoqué des « développements désagréables » au Niger voisin, prévenant que « la direction de la Cédéao n’acceptera aucune action qui entrave le bon fonctionnement de l’autorité légitime au Niger ou dans toute partie de l’Afrique de l’Ouest ». Quant à la Commission de la Cédéao elle-même, dans un autre communiqué, elle a condamné « la tentative de coup d’État ».
Le général Abdramane Tchiani, officier issu de l’armée de terre était un parfait inconnu lorsque Mahamadou Issoufou le porte à la tête de la Garde présidentielle, à son élection pour son premier mandat à la tête du Niger en 2011.
Très peu d’informations ont circulé jusqu’ici sur la biographie de cet homme qui passe pour « très discret » mais aussi un général à la réputation d’homme très dur et très craint. Fidèle parmi les fidèles, M. Issoufou va le garder aux commandes de ce corps d’élite très choyé durant ses deux mandats, jusque donc en 2021. Et juste avant la passation de pouvoir entre les présidents M. Issoufou et M. Bazoum le 31 mars 2021, le général Tchiani protège donc ce dernier, qui va le maintenir à son poste. C’est ce même général qui est aujourd’hui à la tête de ce que la présidence nigérienne a qualifié dans un Tweet de « mouvement d’humeur anti-républicain », alors que l’Union africaine ou encore la Cédéao condamnent « une tentative de coup d’État ».
L’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique condamnent aussi le coup de force des militaires.