Le Soudan a vécu dimanche son centième jour de guerre. Depuis la semaine dernière, de violents combats ont repris à Nyala, capitale du Darfour méridional, et continuent dans la capitale. C’est le 15 avril dernier que les premiers combats ont éclaté entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR), après des mois de désaccord sur l’intégration des paramilitaires dans les rangs de l’armée. À ce jour, aucune initiative diplomatique n’a réussi à juguler le cycle de violences.
Rien n’est en effet encore parvenu à faire taire les armes durablement : ni les pourparlers américano-saoudiens de Jeddah – lancés en mai et suspendus un mois plus tard après le retrait de l’armée –, ni trois sommets de l’Union africaine, ni l’initiative de l’organisation régionale IGAD, et ni non plus un sommet des pays voisins du Soudan en Égypte en juillet.
En 100 jours, le grand Khartoum est devenu un immense champ de bataille. Dans les provinces du Darfour, des tueries sont commises sur d’anciennes lignes de fractures ethniques. De violents combats sont également livrés pour le contrôle de la ville stratégique d’El-Obeid, sur la route entre le Darfour et Khartoum. En somme, toute la ceinture ouest et sud du pays est devenue une immense ligne de front, jusqu’au Kordofan du Sud, où une rébellion locale s’efforce de tenir les belligérants à distance.
Pour les civils, le bilan est effroyable. Les combats sont accompagnés de centaines de viols de femmes et d’enfants, de pillages, d’exécutions de civils, d’arrestations et de tortures.
Système de santé, écoles, industries, banques, eau, électricité, transports : il n’y a quasiment plus de services de l’État dans les zones touchées par les combats. L’Organisation internationale des migrations (OIM) dénombre 2,6 millions de déplacés internes et 750 000 Soudanais réfugiés dans les pays voisins.