Ce nouveau séisme intervient une semaine après l’arrêt des recherches de corps et illustre ce que craignent les sismologues en Turquie. La faille est-Anatolienne s’est tellement rompue lors du premier séisme que la terre pourrait continuer de trembler pendant encore 6 mois. On en est déjà à plus de 10 000 secousses.
A Samandag, l’épicentre de la dernière grosse réplique, il y a une semaine, personne n’ose dormir dans son appartement, même si celui-ci est d’apparence solide. Si des habitants ont installé leur tente sous des orangers d’autres ont jeté leur dévolu sur les montagnes avoisinantes où les secousses sont moins puissantes.
La ville la plus en danger désormais, c’est Adana, alerte les sismologues. Un violent séisme pourrait toucher cette ville de 1,7 million d’habitants, un peu plus à l’ouest. Selon les autorités, près de 2,5 millions de personnes ont déjà migré vers le nord du pays.
Le tremblement de terre de magnitude 7,8 et ses nombreuses répliques qui ont secoué le sud de la Turquie depuis le 6 février ont provoqué des dégâts d’une valeur dépassant les 34 milliards de dollars, a estimé lundi la Banque mondiale. Cette somme est l’équivalent de 4 % du PIB du pays en 2021, précise l’institution, qui ajoute par ailleurs que l’estimation fait l’impasse sur les coûts de reconstruction, « potentiellement deux fois plus élevés » selon le communiqué, comme sur les conséquences sur la croissance turque à venir.
Face à la colère de la population, le président Recep Tayyip Erdogan, a choisi de présenter des excuses aux habitants de la ville d’Adıyaman, très touchés par les destructions. Les secours étaient arrivés tardivement sur place, au point que la population accuse l’État de l’avoir abandonnée.
La visite dans la région constitue une tentative de panser les plaies. « Malheureusement, a concédé le président, en raison de l’effet dévastateur des secousses, des conditions météorologiques défavorables et des dégâts causés aux infrastructures routières, nous n’avons pas pu travailler de la manière que nous voulions à Adıyaman pendant les premiers jours. Je demande pardon pour cela. Nous en sommes parfaitement conscients. Que tout le monde soit assuré de fait que nous faisons, actuellement, et que nous ferons, tout ce qui est en notre pouvoir », a rappelé le chef de l’Etat turc. Une déclaration qui intervient alors que le Croissant-Rouge turc, Kızılay, est au cœur d’un scandale. L’organisme caritatif a en effet vendu des tentes au 3e jour du séisme à l’ONG Ahbap, pour près de 2,3 millions d’euros. La défiance augmente un peu plus contre les autorités turques, alors que les élections présidentielle et législatives prévues pour le 14 mai sont pour l’heure maintenues.