L’Assemblée législative du Salvador, où le parti au pouvoir est majoritaire, a prorogé mercredi pour 30 jours l’état d’urgence instauré à la demande du président. Il entrera en vigueur le 17 janvier jusqu’au 15 février. L’état d’urgence doit permettre de « poursuivre le rétablissement de l’ordre, assurer la sécurité des citoyens et le contrôle du territoire », dispose le texte approuvé par 67 voix au congrès monocaméral de 84 sièges.
Cet état d’urgence, prolongé pour la dixième fois, soulève de nombreuses critiques d’organisations de défense des droits humains. Mis en place le 27 mars 2022 après une vague d’assassinats attribués aux maras, les bandes criminelles qui sèment la terreur au Salvador et dans les pays voisins, le décret permet en effet à la police de procéder à des arrestations sans mandat. « Vous (les députés de la majorité présidentielle) avez le pouvoir de lutter contre la criminalité sans mettre des innocents (en prison) », s’est indigné Marleny Funes, députée de l’ex-guérilla de gauche Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN).
« Ce que nous sauvons, ce sont les vies de Salvadoriens », a rétorqué en séance plénière Suecy Callejas, vice-présidente de l’Assemblée. Même discours du président de l’Assemblée législative, Ernesto Castro, sur Twitter : « Une fois de plus, je lève la main pour la sécurité. Pour apporter la tranquillité d’esprit à nos communautés. Pour que nos enfants et nos jeunes puissent sortir sans crainte. Autant de fois que nécessaire, jusqu’à ce que nous nous débarrassions du cancer des gangs, je voterai pour la vraie paix ». Selon les dernières statistiques officielles, 61 000 membres présumés de gangs ont été arrêtés, dont 900 chefs, pour la plupart d’entre eux issus de la Mara Salvatrucha (MS-13) et du Barrio 18.