A la Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants des stations de service au Maroc (FNPCGS), on ne parle que de ça. La société de distribution « Afriquia Gaz » a adressé une note aux stations-service annonçant une baisse de 0,62DH/L sur le gasoil et 0,17DH/L sur l’essence, et ce, dès jeudi 14 avril à minuit. C’est ce que rapporte notre confrère Hespress.fr. Ainsi, « le Gasoil PPM connaîtra une baisse de -620DH/m3 soit – 0,62DH/litre, tandis que le SSP (super sans-plomb) connaîtra une baisse de moins 170DH/m3 soit moins 0,17DH/L. Et si Afriquia annonce la baisse, les autres distributeurs vont certainement suivre », ajoute le même site qui se fait l’écho d’indiscrétions parmi la Fédération.
Il faut dire que la grogne grandit parmi les consommateurs, mais aussi parmi les acteurs de la filière, stations-service en tête, depuis que le prix du gasoil a dépassé celui de l’essence (14,16DH/L), jusqu’à atteindre 14,30 Dh/L. Selon les prévisions « théoriques » des propriétaires des stations-service, une baisse de 40 centimes était attendue dans les prochains jours. Mais la baisse sera de plus de 60 centimes/L pour le gasoil.
Un observateur n’hésite pas à souligner, railleur, que la démarche adoptée par Afriquia Gaz s’apparente à la pratique des « Achour », traditionnellement en vigueur durant le mois de Ramadan. Mais cette largesse « politiquement intéressée », rappelle-t-il, ne doit pas occulter les gains faramineux amassés par les pétroliers depuis la fermeture (en 2015) de la seule raffinerie du pays, la Samir en l’occurrence, et l’ouverture du marché aux importations d’hydrocarbures. Ces importations qui ne servaient que d’appoint lorsque les fourneaux de la raffinerie de Mohammédia étaient allumés, sont devenues la règle.
Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir les formations de l’opposition agiter les marges faramineuses récoltées par les pétroliers comme un « chiffon rouge » face au patron de l’Exécutif. Et l’affaire est loin d’être anecdotique puisqu’il est question de 40 milliards de dirhams. Autant dire que les bénéficiaires du système continuent à se nourrir sur la bête, sans égard pour le « Maroc solidaire » qui ne s’apparente qu’à un slogan de campagne. Sans plus.
La preuve, à l’heure où un simple comparatif des prix à la pompe dans des pays similaires au Maroc, c’est-à-dire importateurs nets d’hydrocarbures, confirme que sous nos latitudes, les tarifs sont nettement plus importants qu’ailleurs. Dès lors, si la conjoncture internationale est la même pour tous, rien n’empêche le gouvernement de persister à justifier le renchérissement des prix à l’échelle nationale par la hausse du cours du pétrole à l’échelle internationale.
En mars, les prix du pétrole étaient repassés au-dessus du seuil des 120 dollars le baril. Un coût exorbitant et jamais atteint auparavant. Les causes sont nombreuses, notamment la relance économique post-Covid ou encore la guerre en Ukraine. Aujourd’hui, le cours du baril de pétrole en dollars a baissé à 102.88 dollars.
Les stocks marocains de diesel et de gaz butane ne couvrent que 26 jours des besoins de consommation intérieure au 11 avril, soit moins de la moitié de la période requise de 60 jours, a reconnu, mercredi, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du développement durable. Les réserves de diesel étaient de 437 000 tonnes et de gaz butane de 191 000 tonnes seulement au 11 avril, a-t-elle ajouté, notant que la constitution de stocks est confrontée au défi de la hausse des prix en raison des retombées de la guerre en Ukraine.
Reuters indique que le gouvernement se coordonne avec le secteur privé pour augmenter la capacité des réserves de pétrole de 550 000 tonnes à 1,8 million de tonnes d’ici 2023, pour un investissement total de 2 milliards de dirhams. Qui va pays pour qui ? Et pourquoi l’Exécutif se prive de mettre à profit les capacités de la Samir ? Autant de questions sans réponses…
Le diesel et le butane représentent 79% des 11,2 millions de tonnes de produits pétroliers que le Maroc a consommés en 2021, a-t-elle rappelé devant les députés, écrit l’agence Reuters.
Le Maroc subventionne le gaz de cuisine mais pas le diesel et l’essence, bien que le gouvernement ait offert récemment des subventions au diesel aux opérateurs de transport tels que les camionneurs et chauffeurs de taxi, pour atténuer l’impact de la flambée des prix. Il prévoit également l’indexation du coût du transport sur les prix du carburant, après une série de protestations des camionneurs et des chauffeurs de taxi.