Sacha Trufanov, russo-israélien, Yaïr Horn, israélo-argentin, et Sagui Dekel-Chen, israélo-américain ont été remis à la Croix-Rouge à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza. Depuis la tribune installée à proximité de la demeure détruite de l’ancien chef du Hamas, le martyr Yahia Sinwar, les trois captifs ont insisté dans trois déclarations distinctes pour aller au bout de la transaction d’échange des détenus. Les Brigades al-Qods du Jihad islamique avaient la veille diffusé les images du captif russo-israélien pendant une sortie sur la plage de Gaza. Une source des Qassam a confié pour al-Jazeera que le Hamas a remis au détenu israélien Sagui Dekel-Chen une pièce d’or en « cadeau » pour la naissance de sa fille, venue au monde quatre mois après sa capture.
Des centaines d’éléments du Hamas et du Jihad islamique s’étaient déployés dans ce lieu. Certains portaient des uniformes et des gilets militaires pris en butin pendant les combats avec l’armée d’occupation. Une dizaine d’équipements militaires israéliens qui avaient été confisqués pendant les combats ont été exposés.
Après leur libération, l’entité sioniste a libéré les 369 détenus palestiniens. 36 d’entre eux sont condamnés à perpétuité, et 333 avaient été enlevés dans la bande de Gaza. 20 se rendront libérés en Cisjordanie occupée et 25 devraient être exclus vers la bande de Gaza. Dès leur arrivée, les détenus palestiniens ont brûlé les t-shirts que les tortionnaires israéliens les avaient obligés à porter et sur lesquels étaient frappée l’étoile de David avec une phrase en arabe: « Ni oubli, ni pardon ». A Ramallah, 4 détenus libérés ont été directement emmenés à l’hôpital en raison de leur état de santé détérioré par les tortures subies. Parmi les détenus figure Ahmad al-Barghouti, cousin du célèbre détenu Marwan al-Barghouti, qui purgeait 13 perpétuités, Mansour Chreim, du Fatah, qui avait réalisé plusieurs opérations durant la seconde intifada et condamné à 14 perpétuités + 50 ans, Mohammad Nayef Abou Rabiaa, dirigeant des Brigades al-Aqsa pendant la seconde intifada, Waddah al-Barzeh, chef des Brigades al-Aqsa à Naplouse pendant la seconde intifada, Ahmad Abou Khodor (45 ans) chef des Brigades al-Aqsa à Naplouse et Jénine ( 11 perpétuités et 50 ans) et Iyad Hreibate (42 ans), des Brigades al-Aqsa arrêté à 19 ans en 2002 en Cisjordanie occupé. Il a depuis perdu la mémoire et en raison de la négligence médicale il ne peut plus se mettre debout sans assistance.
« Il n’y a rien de plus beau que la liberté », a déclaré Ibrahim al-Sarahna (73 ans) à sa libération.
Avant l’opération d’échange, le Hamas a souligné avoir obtenu des garanties de la part des médiateurs égyptiens et qataris pour obliger l’occupation à respecter l’accord. Le mouvement a déclaré dans un communiqué qu’il attendait que « l’occupation commence à mettre en œuvre le protocole humanitaire sur la base des promesses et des garanties des médiateurs à notre égard ».
Le Hamas a souligné que « l’occupation n’a d’autre choix que de libérer le reste de ses prisonniers, en appliquant exclusivement toutes les conditions de l’accord de cessez-le-feu », accusant Benjamin Netanyahu, Premier ministre de l’occupation, « de vouloir par ses ajournements échapper aux exigences de l’accord pour se prémunir lui-même et sauver son gouvernement. »
« Nous ne permettrons pas que l’accord échoue », a assuré le Hamas. « Nous disons au monde entier : il n‘y aura aucun déplacement si ce n’est vers al-Qods. C’est notre réponse à tous les appels de déplacement et de liquidation lancés par le président américain Donal Trump et ceux qui soutiennent sa voie parmi les puissances coloniales », a ajouté le mouvement.
La première phase doit permettre, d’ici au 1er mars, la libération de 33 captifs à Gaza, dont au moins huit sont morts, en échange de quelque 1.900 Palestiniens détenus par Israël.
Niet au déplacement
Avec les trois libérations de samedi, il reste 70 captifs du 7-Octobre à Gaza, dont au moins 35 ont été déclarés morts par l’armée d’occupation israélienne.
Depuis Addis-Abeba, Mahmoud Abbas, président de l’autorité palestinienne, a rejeté, samedi, tout appel visant à déplacer le peuple palestinien de sa terre natale, estimant que quiconque croit imposer un nouvel accord du siècle serait dans l’illusion. Le dirigeant palestinien s’exprimait en présence de chefs d’Etat africains lors d’un sommet de l’Union africaine tenue dans la capitale éthiopienne.
Outre la situation en Palestine, le sommet actuel discutera des situations au Soudan et en Libye, ainsi que de questions telles que la justice, la sécurité alimentaire, la transformation numérique, le changement climatique, l’accélération de l’accès à des solutions de cuisson propres en Afrique et le renforcement de l’intégration économique entre les États membres, selon l’organisation panafricaine.
M.Abbas a déclaré devant les chefs d’Etat africains que « les appels à déraciner notre peuple de sa terre et à le déplacer, visent à détourner l’attention du monde des crimes de guerre, du génocide et du chaos à Gaza, ainsi que des crimes coloniaux et des tentatives d’annexion de la Cisjordanie ». Il a souligné que « le seul endroit vers lequel le million et demi de réfugiés vivant à Gaza devraient retourner est leurs villes et villages d’où ils ont été déplacés en 1948 en application de la résolution 194 de l’Onu ».
Le dirigeant palestinien a expliqué que « les pratiques coloniales israéliennes nécessitent des mesures urgentes de la part de la communauté internationale et du Conseil de sécurité de l’Onu, et ce, pour faire face à une dynamique extrémiste qui œuvre à enterrer la solution à deux États ».
« Notre engagement en faveur de la légitimité internationale et des accords signés exige la fin de l’occupation israélienne et la mise en œuvre des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l’Onu, ainsi que de l’Initiative de paix arabe, afin que tous les peuples de la région puissent vivre en sécurité, en paix et selon les règles du bon voisinage », a soutenu Abou Mazen. « Pour parvenir à la sécurité et à la stabilité internationales, il faut que chacun participe efficacement à la coalition mondiale pour mettre en œuvre la solution à deux États et soutenir la conférence internationale visant à faire avancer la solution à deux États, prévue à l’Onu au mois de juin prochain », a-t-il ajouté.
La Cisjordanie ensanglantée
Au moins 16 Palestiniens ont été blessés vendredi lors d’une attaque menée par des colons israéliens armés contre le village d’Al-Minya, situé dans le centre de la Cisjordanie occupée, à environ 9 kilomètres au sud-est de Bethléem.
La Société du Croissant-Rouge palestinien a indiqué que ses équipes médicales à Bethléem ont pris en charge six personnes souffrant de fractures, qui ont ensuite été transportées à l’hôpital. L’organisation a ajouté que six autres Palestiniens ont été blessés par des colons armés de matraques et de fusils, tandis que quatre autres ont souffert d’inhalation de gaz lacrymogène. Tous ont reçu des soins médicaux sur place.
Plus tôt, la même source avait rapporté avoir pris en charge trois Palestiniens blessés, qui ont reçu les premiers soins avant d’être transportés à l’hôpital.
Zayed Kawazba, président du conseil municipal d’Al-Minya, a signalé qu’environ 55 colons israéliens, dont certains étaient armés, ont attaqué le village, agressant les habitants avec des matraques et des crosses de fusil tout en lançant des grenades lacrymogènes, provoquant de nombreuses blessures. Il a ajouté que les colons ont vandalisé trois véhicules et détruit quatre panneaux solaires avant de se retirer de la zone.
Z. Kawazba a précisé que les assaillants appartiennent au groupe extrémiste israélien Hilltop Youth », qui a récemment établi un avant-poste illégal sur les terres du village.
Selon la Commission palestinienne de lutte contre le mur et la colonisation, les colons israéliens illégaux ont mené 375 attaques contre des Palestiniens et leurs biens en Cisjordanie au cours du mois de janvier. Parallèlement, l’armée israélienne poursuit son offensive meurtrière à Jénine et Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, une opération lancée le 21 janvier qui a déjà fait plus de 30 morts, déplacé des milliers de personnes et causé des destructions massives.
Cette escalade en Cisjordanie intervient après un accord de cessez-le-feu et un échange de prisonniers à Gaza, conclu le 19 janvier, après plus de 15 mois de bombardements israéliens ayant fait plus de 48 200 morts et dévasté l’enclave. Depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, les forces israéliennes et les colons ont tué au moins 912 Palestiniens à travers la Cisjordanie occupée, selon le ministère de la Santé.
En juillet 2024, la Cour internationale de Justice a déclaré illégale l’occupation israélienne des terres palestiniennes et exigé l’évacuation de toutes les colonies existantes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.