Abdellah Aaguaou, président de l’Association des victimes de Tazmamart, a indiqué à la presse que la décision du CNDH de procéder à des analyses ADN a été prise suite à une lettre adressée début août à la présidente du Conseil. Cette missive sollicitait une rencontre pour discuter de plusieurs points du dossier revendicatif des victimes et de leurs familles, notamment les questions administratives et financières, les tests ADN, ainsi que la mémoire et la gestion du dossier sans la consultation des parties concernées. « Cela constitue une violation de la promesse faite de nous consulter pour toute décision relative au dossier des victimes de Tazmamart », a-t-il relevé.

Comme il a souligné que « le CNDH a pris l’initiative de contacter directement certaines familles, mais celles-ci ont refusé une réponse individuelle. Elles ont demandé, après avoir été informées de la décision concernant les tests ADN, de revenir à l’association en tant que seul représentant légitime de toutes les victimes ». Il a précisé que cette requête a été respectée, le Conseil l’ayant contacté lundi 1er septembre 2024 pour organiser une rencontre avec les représentants des victimes de Tazmamart vendredi 6 septembre à 16h, afin de discuter des détails du dossier revendicatif.

Ancien détenu de Tazmamart, A. Aaguaou considère cette initiative comme un pas important, bien que tardif, car de nombreux proches des victimes, y compris leurs mères, sont aujourd’hui décédés. « Si cette initiative avait été prise il y a deux décennies, son impact aurait été bien différent », a-t-il fait remarquer. Il a également rappelé que de nombreuses revendications restent en suspens, au-delà des analyses génétiques, notamment « la réparation des préjudices conformément aux recommandations de l’Instance équité et réconciliation, ce qui inclut l’obtention de compensations financières et administratives pour les dossiers des détenus qui étaient employés par l’État, ainsi que la perception des pensions », dont les militaires ont été exclus.

L’ancien détenu a insisté sur la nécessité de fournir des soins médicaux aux victimes, estimant que « l’État doit assumer la responsabilité de soigner les victimes, étant donné qu’il est responsable de la détérioration de leur santé physique et mentale ». Ces soins font partie des recommandations qui prennent en compte la spécificité du dossier de Tazmamart et les tortures subies par les victimes dans cette prison, a-t-il rappelé, critiquant le fait qu’ils n’ont pas perçu de salaire mensuel depuis 20 ans, laissant plusieurs d’entre eux mourir dans la pauvreté.

Le bureau de l’Association a tenu une réunion en ligne le 29 août 2024, à laquelle ont participé de nombreuses victimes et familles liées à ce mouroir. Au cours de cette réunion, il a été révélé que le CNDH avait contacté certaines familles ayant des droits pour procéder aux analyses génétiques ADN des martyrs morts dans cette prison. Après des heures de discussions approfondies, la réunion a conclu que l’Association des victimes de Tazmamart (AVIBAT) est le seul représentant légitime des victimes et ayants droit, leur porte-parole et celle qui défend leurs préoccupations, ambitions et revendications.

Le bureau a aussi salué la réponse du CNDH à cette revendication, bien qu’elle soit venue avec deux décennies de retard, en procédant aux analyses génétiques des martyrs en premier lieu et des ayants droit en second lieu, insistant sur la nécessité d’une gestion globale et équitable du dossier des victimes de Tazmamart, afin d’établir la vérité complète, de réparer les préjudices individuels des victimes et des ayants droit conformément aux conventions internationales, ainsi que de réparer les préjudices collectifs pour le village de Tazmamart. Il a également été convenu d’écrire à la présidente du CNDH pour demander la tenue d’une réunion urgente concernant le dossier revendicatif des victimes et des ayants droit.

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