C’est une première dans l’histoire du Congrès américain : Kevin McCarthy, chef républicain de la Chambre des représentants, a été évincé mardi de son poste, victime de querelles fratricides au sein de son parti. Après un débat tendu entre conservateurs dans l’hémicycle, 216 élus ont voté pour le destituer, dont huit républicains, contre 210. Aussitôt après ce résultat sans précédent, K. McCarthy a été entouré par des membres de son parti, qui lui ont donné l’accolade et lui ont serré la main.

Dans de pareilles circonstances, d’autres auraient tendance à éviter les projecteurs. Pas K. McCarthy qui, souriant, s’est présenté devant la presse à l’issue de cette folle journée pour dire sa vérité et sa fierté du travail accompli depuis le mois de janvier, à ce poste si longtemps convoité. K. McCarthy ne cache pas pour autant un certain dépit contre ceux qui l’ont forcé à rendre son marteau de « speaker ». « Il faut 218 voix. Malheureusement, 4% des membres de notre groupe peuvent s’unir avec tous les démocrates et dicter qui peut être le président républicain de cette Chambre. Je ne pense pas que cette règle soit bonne pour l’institution, mais apparemment, je suis le seul. Je pense que je peux continuer à lutter, peut-être d’une autre manière. Je ne me représenterai pas pour être speaker. Je laisserai le groupe choisir quelqu’un d’autre. »

Depuis son élection aux forceps en janvier, son poste ne tenait qu’à un fil, toujours à la merci d’une poignée d’élus trumpistes. K. McCarthy accuse leur meneur de semer le chaos pour récolter des fonds auprès de leurs supporters. « On connaît tous Matt Gaetz. Tout ça n’a rien à voir avec ses accusations. Tout ce qu’il cherche, c’est l’attention. Écoutez, on reçoit déjà des emails d’appels aux dons de sa part à ce sujet », a-t-il déclaré.

Le vote ouvre une période de fortes turbulences à la chambre basse, où un remplaçant doit être choisi. Le président Joe Biden a ainsi appelé dans la soirée les élus de la Chambre à élire rapidement un nouveau chef, face aux « défis urgents » auxquels font face les États-Unis. « Comme les défis urgents de notre pays ne peuvent pas attendre, le président espère que la Chambre élira de façon rapide un nouveau chef », a indiqué Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche.

La sélection a commencé dès mardi soir. Plusieurs candidats sont pressentis. Certains républicains envisagent même de présenter la candidature de Donald Trump. L’élection du nouveau speaker est prévue mercredi prochain.  Mais la tâche s’annonce très compliquée. Ce vote est intervenu après que Matt Gaetz, élu de la droite dure américaine, a déposé une motion pour destituer le « speaker », pourtant membre de son parti. Cet élu de Floride reproche principalement à K. McCarthy d’avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l’administration fédérale, auquel s’opposaient de nombreux conservateurs. Il accuse aussi le ténor républicain d’avoir conclu un « accord secret » avec le président J. Biden sur une possible enveloppe pour l’Ukraine. Or l’aile droite du parti républicain s’oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Les luttes intestines étalées au grand jour ont fait réagir D. Trump. « Pourquoi les républicains passent-ils leur temps à se disputer entre eux, pourquoi ne combattent-ils pas les démocrates de la gauche radicale qui détruisent notre pays ? », a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.

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