Le Franco-israélien Ofer Kalderone, l’Américano-israélien Keith Siegel ainsi que l’Israélien Yarden Bibas sont les otages devant être libérés, précise le Forum des familles, après que l’ensemble des familles en ont été informées. Un total de quinze otages ont été libérés depuis le début de la trêve, le 19 janvier. Le Club des prisonniers palestiniens assure de son côté que 90 prisonniers palestiniens seront libérés samedi. En outre, la chaine israélienne Kan a évoqué la réouverture du passage frontalier de Rafah aujourd’hui, et non dimanche, comme prévu, pour permettre le transfert des blessés par les massacres israéliens qui ‘ont pas épargné les 35 centres médicaux de l’enclave palestinienne dévastée. Antonio Guterres, patron de l’ONU, a parlé du nécessaire transfert médical de 2.500 enfants palestiniens menacés de mort certaine dans les prochains jours si jamais ils ne reçoivent pas les soins adéquats. Une déclaration qui intervient après les discussions qu’il a eues avec des médecins américains horrifiés par ce qu’ils ont pu voir à Gaza, là où la reconstruction pourrait prendre « 10 à 15 ans », selon l’envoyé américain. Force est de souligner que l’ONU a insisté sur le maintien de l’activité de l’Unrwa dans les territoires palestiniens alors qu’un groupe d’une trentaine d’eurodéputés demandent à l’ONU d’abandonner l’agence…
Alors que le Hamas a documenté la remise des prisonniers israéliens d’une manière qui lui convenait, refusant de répondre aux demandes de l’occupation israélienne d’empêcher le déploiement de ses éléments, en plus du redéploiement de la police dans toute la bande de Gaza dès les premières heures de la première phase du cessez-le-feu, des voix israéliennes en colère et effrayées tonnent. Il en va ainsi de Yossi Yehoshua, analyste militaire au Yedioth Ahronoth qui a écrit dans les colonnes du journal israélien qu’ « il n’y a pas d’alternative à l’autorité à Gaza. Gaza, c’est le Hamas, et le Hamas, c’est Gaza ». Ajoutant qu’ « il est peut-être temps d’adopter la proposition de Trump et de parler d’une évacuation volontaire de Gaza. Il n’y a pas d’alternative à l’autorité à Gaza. Gaza, c’est le Hamas, et le Hamas, c’est Gaza, et je ne vois pas de solution. »
L’analyste militaire du Yedioth Ahronoth a exprimé sa crainte de la Cisjordanie, la considérant comme « le plus grand danger pour les Israéliens ». Il a ainsi rappelé que « Tulkarem est à un mètre de Kafaruna. Ils ont des bataillons organisés, comme le bataillon de Jénine et le bataillon de Tulkarem. Nous nous réveillons le matin au son d’une sirène, qui dure trois ou quatre heures, à une distance de pas plus de 3 km. »
« Dans notre conscience d’Israéliens, nous devons comprendre que la possibilité que le 7 octobre se produise est plus tangible ici, et c’est très dangereux », a-t-il conclu.
De son côté, Itamar Ben-Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale, a déclaré jeudi que « les images en provenance de Gaza confirment que ce qui s’est passé jusqu’à présent n’est pas une victoire complète, mais plutôt un échec complet ». Il a affirmé que « cet accord d’échange est sans précédent et que le gouvernement israélien a choisi de prendre la voie de la soumission ».
Avigdor Lieberman, chef du parti Israël Beiteinu, a déclaré pour sa part que « les images en provenance de Gaza prouvent que nous devons nous en séparer pour toujours ». Quant à Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances, il n’a pas caché son inquiétude face à cette scène. « Nous sommes préoccupés par le prix que nous payons dans le cadre de l’accord, malgré notre joie face au retour des prisonniers », a-t-il fait valoir.
Jeudi, la résistance palestinienne a remis 3 prisonniers israéliens à la Croix-Rouge, dans le cadre du troisième lot de la première phase de l’accord d’échange de prisonniers de l’opération singulière Déluge d’Al-Aqsa, en plus de 5 travailleurs thaïlandais. Des foules de gens se sont rassemblées sur les deux places de reddition, au nord et au sud de la bande de Gaza, devant la maison du leader martyr Yahya Sinwar à Khan Yunis, où les drapeaux de la résistance ont été hissés.
En échange des prisonniers israéliens, l’occupation a libéré 110 prisonniers palestiniens de ses geôles, dans le cadre des opérations d’échange stipulées dans l’accord de cessez-le-feu.
La Cisjordanie explose
Si un semblant de calme prévaut, pour l’heure, dans la bande de Gaza, tel n’est pas le cas en Cisjordanie où l’armée sioniste a décidé de reproduire les mêmes massacres contre les Palestiniens. Des médias palestiniens ont assuré que les forces d’occupation continuent de faire exploser des bâtiments dans le camp de Jénine, au nord de la Cisjordanie exigeant des habitant d’abandonner leurs biens. En face, les Brigades d’Al-Qods-Jénine ont annoncé l’activation de plusieurs engins explosifs contre les véhicules des forces d’occupation israéliennes à Yamoun. « Nos combattants héroïques mènent des affrontements acharnés avec les forces d’occupation qui ont pénétré dans le camp de Jénine », ont-elles assuré.
La veille jeudi, le porte-parole de l’armée d’occupation israélienne a annoncé, dans la soirée, qu’un soldat israélien a été tué et 5 autres blessés, lors des affrontements à Jénine. Doron Kadosh, correspondant de la radio de l’armée d’occupation, a rapporté qu’une unité de l’armée a effectué des perquisitions dans des bâtiments du camp de Jénine et qu’en entrant dans l’un d’eux, elle a été confrontée à deux hommes armés palestiniens qui s’étaient retranchés dans l’un des bâtiments. Il a affirmé que « les affrontements ont entraîné la mort d’un soldat et cinq blessé, dont un grièvement. Les deux hommes armés ont pu se retirer du bâtiment après un échange de tirs ».
Le bataillon de Jénine des Brigades Al-Qods a affirmé que « ses combattants ont livré des combats acharnés contre les forces d’occupation et ont ouvrant le feu sur ses forces et ses véhicules militaires, faisant des victimes confirmées ». Jeudi, le bataillon de Jénine a indiqué avoir « tendu une embuscade dans une maison piégée dans le cadre d’une opération de génie complexe dans le camp de Jénine, et qu’il a attiré une force de la brigade Golani de l’armée d’occupation, tuant et blessant ses membres ». Notant que « l’embuscade est une réponse à la déclaration de guerre du ministre israélien de la Guerre Yisrael Katz contre la Cisjordanie ».
L’opération militaire israélienne de l’armée d’occupation à Jénine et son camp se poursuit pour le dixième jour consécutif, faisant des dizaines de martyrs, de blessés et de détenus. Le 26 janvier, les autorités israéliennes ont informé les habitants du village d’al-Numan, situé à l’est de Bethléem en Cisjordanie occupée, de leur intention de démolir toutes les maisons et de déplacer des dizaines de familles palestiniennes afin d’annexer leurs terres aux limites de Jérusalem occupée.
« Des employés de la municipalité de Jérusalem, affiliés à l’occupation, ont pris d’assaut le village escortés par l’armée d’occupation et ont distribué aux résidents des avis de démolition pour 45 maisons du village, soit la totalité des habitations existantes », a déclaré à l’agence Anadolu Hassan Breijieh, directeur du bureau de la Commission des affaires du mur et de la colonisation à Bethléem. « Les ordres de démolition ont été émis sous prétexte que le village ne bénéficie pas de permis de construire, alors qu’il a été créé avant 1948 et que la dernière maison a été construite en 1993 », a déclaré Jamal al-Daraawi, chef du Conseil du village d’al-Numan, à la presse. Lequel a souligné que le village palestinien, dont la superficie est de 150 hectares, compte 150 habitants qui vivent dans des maisons de pierres anciennes construites avant la Nakba de 1948.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), Israël a démoli 1 058 structures palestiniennes dans la zone C de la Cisjordanie occupée tout au long de 2024, dont 192 bâtiments résidentiels, entraînant le déplacement de 860 Palestiniens et affectant indirectement environ 38.000 autres personnes. Les démolitions se sont principalement concentrées à Jérusalem (190), à Hébron (172) et à Bethléem (68).
En juillet 2024, les autorités israéliennes ont approuvé la plus grande confiscation de terres en Cisjordanie occupée depuis plus de trois décennies, permettant la saisie de près de 1300 hectares de terres dans la vallée du Jourdain, au nord-est de la ville de Ramallah, en Cisjordanie. La spoliation illégale de terres palestiniennes par Israël constitue une menace directe pour la formation d’un État palestinien indépendant. Bien que les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est soient illégales au regard du droit international, plus de 700.000 colons juifs occupent plus de 200 colonies et avant-postes sur l’ensemble du territoire.
Promotion à Paris ?
Lors d’un salon de l’immobilier tenu en septembre 2024 à Paris, une agence immobilière aurait proposé des biens en Cisjordanie, a révélé le 30 janvier média Blast. Un des clients de cette agence, le promoteur Harey Zahav, a par le passé crée la polémique en présentant un projet de constructions dans la bande de Gaza.
L’enquête du site Blast révèle comment une agence israélienne a organisé à deux reprises au cour de l’année 2024 des salons qui ont regroupé plusieurs exposants dont certains ont proposés des biens en Cisjordanie. « Un salon de vente dédié aux Juifs en France qui envisagent de venir vivre en Israël », c’est par ces mots que la société israélienne ICube a fait de la publicité pour ces deux évènements dans la capitale française. L’un s’est déroulé au mois de mars et l’autre au mois de septembre. Si lors de la première édition, a relaté le média, aucun exposant n’a avoué vendre des appartements ou maisons en Cisjordanie, lors de la deuxième session à la fin de l’été, l’agence Garkan, dont les bureaux sont situés en banlieue de Tel Aviv, proposait des biens dans les territoires occupés.
Le salon de l’immobilier israélien, qui se déroule avenue Hoche, propose notamment des biens à Tel-Aviv, Haïfa, Eilat, et dans d’autres villes. La société Garkan fait la promotion d’un projet baptisé Kedem, situé dans la colonie Avnei Hefetz, en plein cœur des territoires palestiniens, a rapporté Blast. Sur la brochure du projet, figure une dizaine de bâtiments dont les travaux ont déjà commencé. Ce développement territorial grignote petit à petit les parcelles de terrain des villages palestiniens situés aux alentours. La colonisation rampante israélienne prévoit à terme de loger un million d’Israéliens en Cisjordanie, alors qu’ils sont environ 500 000 aujourd’hui, hors Jérusalem. Le client de l’agence Garkan est le promoteur Harey Zahav, fidèle partisan de la colonisation de la Cisjordanie. Sur son site, la société déclare avoir « pour mission de construire des colonies et des quartiers dans la région de Judée et de Samarie ». Une douzaine de projets sont déjà mis en avant par l’entreprise. Cette compagnie avait également fait la promotion, fin 2023, d’un projet immobilier dans la bande de Gaza avec le slogan « réveillez-vous, une maison au bord de la mer n’est plus un rêve ».