La tension continue de monter à Los Angeles, tant sur le terrain que sur la scène politique. Alors que l’administration Trump a annoncé l’envoi, inédit, de centaines de membres du corps des Marines dans la deuxième plus grande ville des États-Unis, secouée par plusieurs nuits de troubles et de vandalisme, Karen Bass, maire démocrate de Los Angeles, a instauré un couvre-feu. Il est en vigueur de 20h00 à 6h00 dans le centre-ville et les contrevenants seront « arrêtés » et « poursuivis » a-t-elle averti.
Le 10 juin, les forces de l’ordre ont interpellé 197 personnes qui protestaient contre l’expulsion de migrants en situation irrégulière. Parallèlement, Gavin Newsom, gouverneur de Californie,– engagé dans un bras de fer avec le président des États-Unis– a déposé une requête en urgence auprès d’un tribunal fédéral afin de « bloquer la militarisation illégale » de Los Angeles. Si les soldats dépêchés par Washington demeurent pour l’heure cantonnés à des missions de protection de bâtiments fédéraux, Associated Press (AP) a rapporté que la demande du gouverneur indiquait que le Département militaire de Californie aurait été informé du projet du Pentagone de faire participer la Garde nationale aux opérations contre les migrants illégaux.
ABC News a souligné qu’avec 4 800 gardes nationaux et Marines, la « cité des Anges » abriterait désormais plus de militaires américains que l’Irak et la Syrie (respectivement 2 500 et 1 500). Un envoi de soldats à Los Angeles qui, selon Bryn Woollacott MacDonnell, sous-secrétaire à la Défense, devrait coûter 134 millions de dollars.
Des manifestations ont éclaté dans d’autres villes américaines, comme à San Francisco, Seattle, New York, Chicago, Denver, Santa Ana, Austin, Dallas ou encore à Philadelphie. Dans cette dernière, quinze interpellations ont eu lieu, dont une pour agression aggravée contre des policiers, a rapporté l’AP dressant une liste d’autres villes où des manifestations anti-ICE – la police américaine de l’immigration – étaient attendues.
Au Texas, le gouverneur républicain Greg Abbott a annoncé déployer la Garde nationale. « Manifester dans le calme est légal. S’en prendre aux personnes ou aux biens est illégal et déclenchera des arrestations », a-t-il averti sur X. De son côté, le président américain, en visite à Fort Bragg, en Caroline du Nord, à l’occasion d’un discours devant marquer le 250e anniversaire de l’armée américaine, a de nouveau qualifié les manifestants violents d’« animaux ». « Nous ne permettrons pas qu’une ville américaine soit envahie et conquise par un ennemi étranger. C’est ce qu’ils sont », a par ailleurs déclaré le président des États-Unis qui a promis de « libérer » Los Angeles. La ville est, depuis le 6 juin, le théâtre de violents heurts entre forces de l’ordre et des protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l’immigration (ICE) contre les clandestins dans cette mégapole à forte population d’origine hispanique.
« Si je n’avais pas « ENVOYÉ DES TROUPES » à Los Angeles ces trois dernières nuits, cette ville autrefois magnifique et grandiose serait en train de brûler, comme 25 000 maisons à Los Angeles à cause d’un gouverneur et d’un maire incompétents », a également martelé, sur Truth Social le président américain. Devant la presse, le locataire de la Maison Blanche a par ailleurs qualifié les manifestants violents d’« animaux », assurant qu’ils « crachent » au visage des membres des forces de l’ordre. « S’ils crachent, nous frappons, et je vous promets que nous frapperons comme jamais auparavant », avait déclaré auparavant D. Trump, toujours sur son réseau social, assurant qu’ « un tel manque de respect ne sera pas toléré ! ».
Des déclarations qui surviennent alors que le dirigeant républicain a décidé de déployer à Los Angeles 700 militaires d’active du célèbre corps des Marines. Le Pentagone a annoncé que D. Trump avait ordonné l’envoi de 2 000 membres de la Garde nationale supplémentaires, venant s’ajouter aux quelque 2 100 déjà mobilisés. Un déploiement dénoncé par les élus démocrates de Californie comme disproportionnée, accusant le président américain d’attiser les tensions. Sur X, Gavin Newsom, gouverneur démocrate de Californie, a réagi en estimant que le déploiement des Marines assouvissait « le fantasme fou d’un président dictatorial ». « Votre cher dirigeant a envoyé des troupes américaines ici sans carburant, sans eau ni nourriture », a-t-il par ailleurs affirmé dans un autre message, également posté sur le réseau social d’Elon Musk. « Si quelqu’un devrait s’inquiéter du manque de respect envers ceux qui servent notre nation, ce devrait être vous et votre administration », a ajouté le gouverneur californien en réponse à un post du secrétaire américain aux Anciens combattants Doug Collins. Ce dernier accusait G. Newsom d’avoir « placé à plusieurs reprises les intérêts des immigrants illégaux et des criminels au-dessus de deux des citoyens qui travaillaient dur » et d’ajouter que « maintenant les vétérans de Los Angeles en paient le prix ».