En bravant les balles de la police depuis lundi 15 juillet dans les rues, les étudiants du Bangladesh ont montré à leur dirigeante qu’elle surestimait son emprise sur le pays. Après avoir choisi l’affrontement, la Première ministre a tenté l’apaisement ce weekend. La Cour suprême du Bangladesh a revu à la baisse les quotas de fonctionnaires discriminatoires qui ont mis le feu aux poudres.

Les slogans appellent désormais à la démission de S. Hasina qui entamait il y a peu son cinquième mandat après des élections sans opposition. Le dirigeant du principal mouvement étudiant organisateur de protestations au Bangladesh a cependant suspendu ce lundi pour 48 heures les manifestations contre les quotas pour le recrutement dans la fonction publique qui ont dégénéré en violences meurtrières. « Nous suspendons les manifestations pour 48 heures », a déclaré Nahid Islam, chef de file du principal mouvement organisateur des manifestations, Students Against Discrimination, demandant au gouvernement « de lever le couvre-feu pendant cette période, de rétablir l’accès à l’internet et de cesser de s’en prendre aux manifestants étudiants. »

Lundi 22 juillet, la police a annoncé qu’« au moins 532 personnes ont été arrêtées à la suite de violences » après l’annonce de la poursuite du mouvement. « Parmi elles figurent des dirigeants du BNP », le parti national du Bangladesh, une formation de l’opposition, a précisé Faruk Hossain, porte-parole de la police de Dacca.

L’Allemagne a affirmé s’attendre à une détérioration de la situation pendant que certains pays évacuent déjà leurs ressortissants. De même pour l’Inde, qui affirme avoir rapatrié 4 500 étudiants. Grand allié de S. Hasina, New Delhi commence à s’inquiéter de la crise. Les échanges commerciaux entre l’Inde et le Bangladesh sont au point mort. La dirigeante du Bengale-Occidentale, à la frontière ouest du Bangladesh, s’est dit prête à accueillir des Bangladais persécutés, invoquant les principes humanitaires des Nations unies. Mais le gouvernement central à New Delhi, qui rejette les réfugiés musulmans, risque de ne pas apprécier.

Le prix Nobel de la paix Yunus a exhorté de son côté la communauté internationale à « mettre fin à la violence ». « J’appelle de toute urgence les dirigeants internationaux et les Nations unies à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à la violence subie par ceux qui exercent leur droit de manifester », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Les Émirats arabes unis ont condamné 57 Bangladais à de lourdes peines de prison pour avoir protesté contre leur gouvernement sur le territoire émirati, où les manifestations sont interdites, ont rapporté ce lundi 22 juillet des médias d’État. Trois d’entre eux ont été condamnés à la prison à vie, 53 autres à dix ans de prison chacun et un à onze ans pour avoir organisé et participé à des rassemblements dans les Émirats arabes unis, a indiqué l’agence de presse Wam, alors que des troubles meurtriers secouent le Bangladesh.

Le calme serait partiellement revenu dans les rues de Dacca. Mais la répression se poursuit et des blessés par balles continuent d’arriver dans les hôpitaux de la capitale selon un journaliste de l’AFP présent sur place.  Il est donc difficile de savoir si l’appel de N. Islam, leader étudiant, à interrompre les manifestations pendant 48 heures en échange de la levée du couvre-feu et du rétablissement d’internet, sera suivi.

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