Le détroit de Gibraltar s’apprête à devenir le théâtre d’une avancée majeure en matière de mobilité durable. Baleària, acteur majeur du transport maritime, a levé le voile sur un projet visionnaire : l’établissement du tout premier corridor écologique entre l’Espagne et le Maroc, reliant Tarifa et Tanger Ville. L’annonce, faite en grande pompe lors du salon Fitur, a suscité une vague d’enthousiasme parmi les professionnels du secteur et les acteurs institutionnels. Au cœur de cette initiative révolutionnaire se trouvent deux catamarans « fast ferries » d’une conception inédite, fonctionnant à 100% à l’énergie électrique et promettant des traversées sans la moindre émission de gaz à effet de serre.
« C’est un projet public-privé novateur sur le plan technologique et pour la première fois, nous réaliserons des traversées intégralement propulsées par énergie électrique, sans aucune émission », a déclaré avec fierté Adolfo Utor, président de Baleària. Ces mots soulignent l’ambition et la portée de ce projet qui s’inscrit pleinement dans une démarche de transition énergétique et de respect de l’environnement.
L’attribution à Baleària, par l’Autorité portuaire de la Baie d’Algésiras (APBA), du contrat de gestion de la ligne Tarifa-Tanger Ville pour les 15 prochaines années, témoigne de la reconnaissance de l’engagement de la compagnie en faveur de la durabilité et de l’innovation. L’APBA a clairement privilégié ces critères essentiels, ouvrant la voie à un projet en parfaite adéquation avec les valeurs de Baleària. « L’APBA a posé les bases d’un projet en parfaite adéquation avec nos valeurs d’innovation et de durabilité. Nous avons l’ambition de faire de cette ligne un modèle mondial de mobilité moderne et respectueuse de l’environnement », a ajouté M. Utor, soulignant la vision à long terme de cette initiative.
La présentation officielle de ce corridor écologique, véritable pont vert entre l’Europe et l’Afrique, a rassemblé près de 300 participants de haut niveau. Parmi eux figuraient des personnalités institutionnelles de premier plan telles que José Antonio Santano, secrétaire d’État aux Transports et à la Mobilité durable espagnol ; Arturo Bernal, ministre du Tourisme et de l’Action extérieure de la région andalouse ; Karima Benyaich, ambassadrice du Maroc en Espagne ; et Gerardo Landaluce, président de l’APBA. Leur présence a souligné le soutien politique et l’importance stratégique de ce projet pour les deux nations et la région.
Au cœur de cette révolution maritime se trouvent deux catamarans jumeaux, dont la construction sera confiée aux chantiers navals Astilleros Armon à Gijón, en Espagne, sur une période de 30 mois. Chaque navire sera doté d’une puissance électrique impressionnante de 16 MW, alimentée par des batteries d’une capacité totale de 11 500 kWh. Cette puissance permettra d’effectuer la traversée complète de 18 milles marins sans la moindre émission polluante. « Ces trajets totalement décarbonés respecteront, dès 2027, les objectifs climatiques fixés pour 2050 », a précisé M. Utor, soulignant l’avance technologique de ce projet. Outre l’absence d’émissions, la propulsion électrique éliminera également le bruit et les vibrations, améliorant considérablement le confort des passagers. Par mesure de sécurité, chaque navire sera également équipé de générateurs diesel de secours, d’une puissance totale de 11 200 kW.
L’efficacité de ce corridor écologique repose également sur une infrastructure de recharge de pointe. Les batteries des navires seront entièrement rechargées en une heure seulement lors des escales, grâce à des installations terrestres avancées comprenant des batteries de stockage de 8 MWh bruts dans chaque port. Un système OPS (Onshore Power System) innovant, utilisant des bras robotiques, assurera une connexion rapide et sécurisée entre les navires et les bornes de recharge terrestres.
Adolfo Utor a insisté sur le caractère collaboratif de ce projet, fruit d’un partenariat étroit entre acteurs publics et privés. Des entreprises espagnoles et internationales de renom dans les domaines de l’ingénierie et de l’énergie, telles que Cotenaval, Endesa, Amendis et Incat Crowther, sont impliquées dans cette initiative ambitieuse. « Ce corridor écologique incarne le lien entre deux nations aux relations historiques, culturelles, économiques et commerciales fortes », a affirmé M. Utor, exprimant son ambition de faire de cette ligne un moteur d’innovation et de développement économique local, renforçant les liens entre l’Espagne et le Maroc.
Le soutien institutionnel à ce projet est unanime. Karima Benyaich, ambassadrice du Maroc en Espagne, a salué l’engagement de Baleària, soulignant que ce projet « innovant et durable renforcera davantage les liens entre nos deux pays et contribuera à leur candidature commune pour la Coupe du monde 2030 ». José Antonio Santano, secrétaire d’État espagnol, a rappelé que la décarbonation des transports est une priorité nationale, félicitant Baleària pour son leadership en matière d’innovation durable. Pour sa part, Arturo Bernal, ministre andalou, a mis en avant l’impact positif du projet sur le tourisme régional, prévoyant un trafic de quatre millions de passagers pour cette ligne. Enfin, Gerardo Landaluce, président de l’APBA, a réaffirmé l’engagement de son institution en faveur de la transition énergétique, avec un investissement de 62 millions d’euros pour l’électrification des quais de Tarifa et d’Algésiras.
Sur le plan technique, les nouveaux navires s’inspirent des « fast ferries » au gaz naturel Eleanor Roosevelt et Margarita Salas, également construits par Armon, mais sont optimisés spécifiquement pour les ports de Tarifa et Tanger Ville. Ils mesureront 25 mètres de large et auront une capacité d’accueil de 804 passagers et de 225 voitures, offrant ainsi une solution de transport efficace et respectueuse de l’environnement pour un volume important de voyageurs et de marchandises. Ce projet ambitieux de Baleària ouvre une nouvelle voie pour le transport maritime durable, plaçant le détroit de Gibraltar à l’avant-garde de la transition écologique dans le secteur.