Les données du Projet des migrants disparus de l’OIM indiquent qu’au moins 3 488 décès et disparitions ont été recensés dans la région en 2024. Cependant, le rapport dévoilé mercredi dernier souligne que ces chiffres sont probablement sous-estimés, de nombreux décès n’étant pas signalés. Parmi ces 3 488 cas, l’identité de près de 60 % des victimes demeure inconnue. La noyade reste la principale cause de décès, mais les morts dues à des conditions environnementales extrêmes, à des accidents et à la violence augmentent sur plusieurs routes terrestres et maritimes.
L’OIM confirme que la route de la Méditerranée centrale reste la plus dangereuse, avec plus de 1 700 décès et disparitions en 2024. La Tunisie et la Libye sont les principaux points de départ pour les migrants tentant la périlleuse traversée vers l’Europe.
En 2024, au moins 581 décès et disparitions de migrants ont été enregistrés entre l’Algérie (288 cas), le Maroc (198 cas) et l’Espagne (95 cas), faisant de cette route l’une des plus actives et dangereuses de la région.
Au Maroc, certaines disparitions ont eu lieu lors de tentatives de traversée vers Almería, avec une concentration notable autour de Sebta. Des corps ont été retrouvés au large de Nador, Fnideq et Boukané. Des noyades ont également été signalées lors de tentatives de traversée à la nage, notamment à Tarajal et Chorrillo. Kenitra est identifié comme un point chaud, avec 75 décès ou disparitions, révélant une activité accrue dans des zones côtières moins surveillées. Des décès continuent d’être signalés près de Tanger et dans la région de Driouch, où plusieurs embarcations en route vers le sud de l’Espagne ou les enclaves de Ceuta et Melilla ont rencontré des fins tragiques.
En parallèle, la route maritime atlantique, reliant l’Afrique de l’Ouest aux îles Canaries, a enregistré son plus grand nombre de décès depuis le début des relevés, avec 1 095 décès et disparitions, dont 138 au large des côtes marocaines. Cette hausse inquiétante reflète une tendance vers des voyages plus longs et dangereux, faute d’alternatives sûres.
Cette route, considérée comme une alternative par les migrants et passeurs, relie le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc aux îles Canaries. Le voyage est long et périlleux, avec des bateaux souvent perdus en mer ou chavirant loin des côtes. Les principales zones de départ incluent le nord du Sénégal, le sud du Maroc et la Mauritanie.
En 2024, 46 843 migrants ont emprunté cette route, contre 39 910 en 2023, montrant une dépendance persistante à ce chemin à haut risque. Les nationalités les plus représentées parmi les arrivants en 2024 étaient le Mali (16 773), le Sénégal (12 877), suivis de la Guinée (4 176), du Maroc (3 939) et de la Mauritanie (3 100).
Le rapport souligne la nécessité pour les pays d’améliorer leurs capacités médico-légales pour récupérer et identifier les corps, assurant ainsi un traitement digne. Des normes et protocoles régionaux devraient être établis pour l’identification, le rapatriement des dépouilles et l’information des familles, notamment le long des routes avec des taux de mortalité élevés comme en Libye, en Égypte et au Maroc.