Le décret instituant la levée de l’état d’urgence a été signé de la main du général Abdelfattah al-Burhane au lendemain d’une nouvelle journée de répression sanglante. Samedi, deux manifestants opposés au coup d’État ont été tués par les forces de l’ordre. Une violence dénoncée le jour même par Volker Perthes, représentant de la mission de l’ONU à Khartoum. « Une fois encore, il est temps de lever l’état d’urgence et de trouver une solution pacifique à cette crise », avait-t-il déclaré.

La décision de la junte apparaît donc comme un geste d’apaisement vis-à-vis de la communauté internationale. Les putschistes qui ont perdu le soutien financier des bailleurs internationaux cherchent une issue après sept mois de marasme, avec une économie qui bat de l’aile. Ils se disent prêts à participer aux tentatives de médiation chapeautées par l’ONU, l’Union africaine et l’Igad. Pour le moment, ces pourparlers qui entrent dans leur deuxième phase n’ont rien donné.  Ils sont d’ailleurs rejetés par une grande partie du mouvement révolutionnaire qui refuse un nouvel accord avec l’armée.

Les comités de résistance estiment que la levée de l’état d’urgence est de la poudre aux yeux, pour tenter de calmer les esprits alors qu’ils ont annoncé cette semaine une escalade révolutionnaire pour commémorer les trois ans du massacre du 3 juin 2019 où plus de 130 personnes ont été tués alors que les généraux Burhane et Hemetti étaient déjà aux commandes du pays. Des manifestations sont déjà annoncées dans la capitale.

La junte qui s’était débarrassée de ses partenaires civils affirme désormais vouloir créer les conditions favorables au dialogue avec toutes les composantes politiques du pays. Les autorités promettent ainsi la libération des détenus politiques arrêtés sous le régime d’exception. Une décision accueillie avec scepticisme par les collectifs d’avocats qui luttent bénévolement depuis sept mois contre les détentions arbitraires.

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