Les enseignants ne décolèrent pas. Comme pour les ponctions sur salaires, vouées aux gémonies pour leur caractère illégal, voilà que la tutelle qui tente d’éviter « une année blanche », du moins l’affiche-t-elle, a choisi l’escalade en décidant de sanctionner les enseignants en grève. La suspension a été décidée à l’encontre d’au moins un millier d’entre eux sans que la forme n’y soit. Autant dire que Chakib Benmoussa a jeté l’huile sur le feu. Ces mesures disciplinaires et administratives se réfèrent à l’article 73 du dahir de 1958 portant statut général de la fonction publique. Les allocations familiales ne sont pas concernées par le gel. Au niveau des directions régionales du ministère, la procédure d’abandon de poste a été enclenchée à l’encontre des grévistes parmi les enseignants, après que les directeurs des établissements ont adressé des mises en demeure pour la reprise du travail au bout de 28 heures dans les zones urbaines et 72 heures dans le rural.

En réaction, le Bureau national du Syndicat national de l’éducation (SNE), affilié à la Confédération Démocratique du Travail (CDT), a condamné fermement l’usage de suspensions illégales touchant de nombreux employés du secteur éducatif.

Exprimant sa solidarité inébranlable envers tous les enseignants, femmes et hommes, injustement privés de leur poste, ledit syndicat appelle l’ensemble des instances syndicales régionales à se mobiliser face à cette situation. Comme il demande instamment au ministère de l’Éducation nationale de mettre fin à ces sanctions et de rembourser les retenues opérées de manière illégale et injustifiée sur les jours de grève. Il insiste sur l’importance de respecter le droit fondamental de manifester et de protester pacifiquement, protégé par la Constitution et le droit international.

Dans cette conjoncture délicate, l’heure est à privilégier l’intérêt de l’école publique et le bien-être des élèves. Il est essentiel de créer un environnement favorable à la récupération des jours d’enseignement perdus.

Le SNE invite également l’ensemble des confédérations et des professionnels de l’éducation à se solidariser et à se mobiliser afin de protéger l’école publique, ses valeurs, ainsi que les droits et revendications justes et légitimes qui lui sont attachés.

Pour rappel, la tutelle a réagi ainsi alors que la reprise des cours a été prévue le 2 janvier, après l’accord conclu le 26 décembre dernier. En attendant d’être déférés devant un conseil disciplinaire, plusieurs enseignants du public ont été suspendus temporairement avec gel de leurs salaires tandis que d’autres ont été mis en demeure de reprendre les cours, au risque que leur absence soit considérée comme un abandon de poste. Les enseignants visés comptent parmi ceux ayant refusé de regagner leurs postes en observant trois jours de grève avec une marche nationale à Rabat.

La tension reste dès lors vive alors que les enseignants en colère dénoncent un dialogue biaisé qui plus est n’a réuni autour de la table des discussions que des syndicats auxquels ils ne croient plus. Au calvaire enduré par le corps enseignant de l’école public s’ajoute le drame des millions d’enfants et d’adolescents marocains livrés, ainsi, à la rue. L’affaire est suffisamment grave pour que la tutelle adopte une autre démarche que celle qui consiste à dire que « l’Etat n’acceptera de personne de lui tordre le bras », comme l’avait scandé haut et fort Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, lors de la réunion des chefs de la majorité provoquée pour renouveler leur soutien à C. Benmoussa.

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