Le président américain a salué la mobilisation d’une équipe israélienne pour négocier un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages, selon le compte-rendu d’un appel d’une demi-heure ayant eu lieu jeudi 4 juillet entre Joe Biden et Benyamin Netanyahu, Premier ministre israélien. « Le président Biden et le Premier ministre ont discuté des efforts en cours pour finaliser un accord de cessez-le-feu ainsi que de la libération des otages », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué. « Les dirigeants ont discuté de la récente réponse du Hamas » et « le président s’est félicité de la décision du Premier ministre d’autoriser ses négociateurs à discuter avec les médiateurs américains, qataris et égyptiens dans le but de conclure l’accord ». B Netanyahu a décidé jeudi 4 juillet de mobiliser une délégation pour négocier la libération des otages retenus à Gaza, a rapporté son bureau, au lendemain de l’annonce par le Hamas de nouvelles « idées » pour mettre fin à la guerre.

Si les regards se tournent vers Doha où le chef du Mossad israélien pourrait rencontrer les responsables qataris, il n’en reste pas moins qu’il y a lieu de relever que l’Arabie Saoudite met aussi son doigt dans l’engrenage. En avalisant l’envoi de troupes à Gaza sous mandat onusien. Une trajectoire dénoncée par le Front palestinien de libération de la Palestine (FPLP) qui rappelle que c’est au peuple palestinien, et à lui seul, que revient la question de la gestion de Gaza…

L’affaire est donc loin d’être tranchée alors que Tel-Aviv qui essuie de lourdes pertes dans la bande de Gaza, sous les coups répétés de la résistance, s’acharne à vouloir « réaliser ses objectifs », comme l’a rappelé B. Netanyahu alors que sa délégation sécuritaire s’apprêtait à prendre son envol pour Doha. Et ce qui complique davantage la situation a trait aussi à ce qui se trame en Cisjordanie, là où l’establishment sioniste projette de perpétuer l’arbitraire de son occupation, en tournant le dos aux résolutions de l’ONU. En effet, Israël a approuvé la légalisation de trois avant-postes de colonies et l’expansion d’autres implantations israéliennes en Cisjordanie occupée, a rapporté jeudi 4 juillet l’organisation israélienne anti-occupation La Paix maintenant. Le Conseil de planification supérieur, responsable de la construction israélienne en Cisjordanie, a approuvé « hier et aujourd’hui l’expansion de colonies au cœur de la Cisjordanie et la légalisation de trois avant-postes : Mahane Gadi, Givat Hanan (Susya East) et Kedem Arava, considérés comme des “quartiers” de colonies existantes », a indiqué  un communiqué de l’ONG israélienne. L’affaire est grave puisqu’elle porte sur la saisie de 1 270 hectares de terres en Cisjordanie occupée, la plus importante saisie de terres en territoire palestinien depuis trois décennies, a révélé l’ONG. Il s’agit de la plus grande saisie de terres depuis les accords de paix d’Oslo, de 1993, alors que 2024 avait déjà marqué un pic dans les saisies de terre par l’État hébreu jusqu’ici. Ces terres, situées dans la vallée du Jourdain, ont été déclarées « propriété du gouvernement » par l’autorité israélienne en charge des affaires foncières dans les territoires palestiniens fin juin, selon des documents officiels consultés par l’AFP. Selon cette organisation anti-colonisation, « la taille de la zone (…) est la plus grande depuis les accords d’Oslo, et l’année 2024 marque un pic dans l’étendue des déclarations de terres d’État. »

La décision israélienne « est un pas dans la mauvaise direction », a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU. « La direction dans laquelle nous voulons aller est de trouver une solution négociée à deux États » israélien et palestinien.

Depuis le début de l’année, le gouvernement israélien a officiellement saisi 23,7 km2 de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Il avait annoncé le 22 mars la saisie de 800 hectares de terres en Cisjordanie en vue d’y bâtir de nouvelles colonies. Cette décision avait été qualifiée de « provocation » par La Paix maintenant, selon qui les Palestiniens perdent leur droit de propriété ou d’usage sur les terres déclarées « terres d’État ».

Ces saisies sont régulièrement dénoncées par la communauté internationale, USA en tête. Après l’annonce de saisie de 800 hectares en mars, Antony Blinken, secrétaire d’État américain, avait qualifié l’expansion des colonies de « contre-productive pour parvenir à une paix durable » avec les Palestiniens.

Celle-ci intervient alors que les violences et les tensions entre Palestiniens et Israéliens en Cisjordanie se sont accentuées en raison de la guerre de Gaza, les Palestiniens étant convaincus que les deux facteurs sont intimement liés.  La colonisation israélienne en Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est annexée) est illégale au regard du droit international, rappelle régulièrement l’ONU, pour qui cette colonisation est l’un des principaux obstacles au règlement du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies. Environ 490 000 Israéliens sont installés dans des colonies en Cisjordanie, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens. Plusieurs organisations internationales, notamment le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU, dénoncent outre la colonisation, le harcèlement de Palestiniens par des colons, qui pousse ces Palestiniens à quitter leurs terres.

En tout cas, les Gazaouis préfèrent mourir que de revivre une nouvelle Naqba, comme le prouvent d’ailleurs les tentativesisraéliennes de s’allier les chefs des tribus pour contrer le Hamas. En dépit d’une situation humanitaire des plus atroces, à laquelle se greffent les massacres de masse, les habitants de Gaza persistent à appuyer la résistance palestinienne. En cette journée de jeudi, une nouvelle embuscade a été tendue à une force israélienne qui a tenté de s’introduire dans un tunnel à Tel Sultan, à Rafah. Le tunnel précédemment plastiqué s’est révélé mortel pour les forces sionistes. Un char Merkava a aussi été ciblé dans la zone alors qu’un barrage d’obus de mortiers a ciblé les forces israéliennes qui tentaient d’avancer à l’ouest de la ville frontalière avec l’Egypte.  Plus, les Brigades al-Qassam ont tiré, de concert avec les Brigades du martyr Abdel Qader al-Husseini, un Sam-7 en direction d’un hélicoptère Apache dans le ciel de Shouja‘iyah à Gaza. Le QG de l’armée sioniste établi dans la zone a aussi essuyé des tirs de mortiers et de missiles de courte portée Al Rajoum. Deux Merkava y ont été détruits. Plus, le site militaire de Nahal Ouz, à l’est de Gaza, a été ciblé par des tirs de roquettes 107.

Un tigre en papier !

La veille, Foreign Policy a révélé « l’existence de graves problèmes dans le commandement et le contrôle de l’ armée israélienne », soulignant que « malgré sa réputation d’armée professionnelle qui se targue d’être l’institution militaire la plus éthique dans le monde, il n’empêche que la campagne qu’elle a lancée à Gaza a révélé l’existence de graves problèmes ». Alors « qu’ Israël poursuit ses opérations à Rafah et pénètre dans le centre-ville, les questions persisteront quant à l’utilisation d’équipements militaires américains, comme cela s’est produit lors de la désastreuse frappe aérienne israélienne, le 26 mai dernier, sur un camp de Rafah, qui a entraîné le mort de 45 personnes, un des crimes perpétrés avec des munitions américaines », selon le magazine US.Lequel souligne que « d’un point de vue stratégique, la situation régionale reste à haut- risque, car les attaques du Hezbollah contre Israël en mai dernier ont été les plus intenses depuis octobre 2023, et l’ armée israélienne a ensuite mis en garde contre une action militaire offensive contre le Liban ».

« Il est clair », selon Foreign Policy, « qu’il existe une large marge d’escalade . Cela revient à l’apparente absence d’une chaîne de commandement appropriée en Israël : un problème encore plus urgent, dans lequel le soutien américain et les armes sont étroitement liés ».

Le magazine mentionne un certain nombre de cas qui indiquent clairement des problèmes de commandement et de contrôle au sein de l’armée israélienne.  Premièrement, Tsahal a imputé la mort de sept volontaires de World Central Kitchen lors d’une frappe de drone début avril à des officiers de niveau intermédiaire, suggérant que les structures de commandement et de contrôle de Tsahal « ne sont pas solides ». En deuxième lieu, fin février, Herzi Halevy, chef d’état-major de l’armée israélienne, a publiquement exhorté ses soldats à ne pas se filmer en train de commettre des crimes de guerre, ce qui indique que l’armée israélienne est confrontée à des problèmes majeurs pour maintenir la discipline et que de tels comportements se poursuivent, malgré les avertissements de H. Halevy. Et last but not least, les militaires israéliens ont été accusés de manière crédible par des détenus et des groupes de défense des droits de l’homme d’avoir torturé des détenus palestiniens tout au long de la guerre.

Le magazine a ajouté que les membres de l’armée israélienne étaient, et sont toujours, engagés dans des activités qui indiquent l’existence d’un grave problème dans la chaîne de commandement de l’armée, énumérant trois facteurs qui expliquent ce phénomène, à savoir : la présence d’un environnement politico-militaire permissif, la doctrine militaire israélienne et le fait que l’armée israélienne est une armée qui repose sur l’enrôlement obligatoire.

Sur la base de ce qui précède, Foreign Policy se demande si Israël est responsable des atrocités commises par son personnel militaire. Et d’indiquer que certains diront que ce n’est pas le cas et que les atrocités décrites ci-dessus sont le résultat d’un petit nombre de mauvais acteurs et/ou d’erreurs, mais que les États sont légalement responsables des actions de leurs soldats. Cette position indique également que le gouvernement israélien est inefficace dans la gestion des forces et donc de la guerre. Par conséquent, « on ne peut pas lui faire confiance en ce qui concerne les armes américaines, que ce soit en raison du risque qu’ Israël commette des crimes de guerre, ou en raison de ses actions imprudentes qui pourraient étendre davantage le conflit dans toute la région, comme cela s’est produit en avril 2017. » Mais, rapporte le Foreign Policy, si le gouvernement israélien « a un contrôle total sur ce qui se passe – c’est-à-dire qu’il dirige ou permet ces atrocités – alors il s’agit, dans une plus grande mesure, d’une violation du droit international humanitaire et du droit international humanitaire. »

Quoi qu’il en soit, cela pose un problème aux décideurs politiques américains, qui continuent de fournir des équipements aux militaires israéliens, rendant les États-Unis complices de toute violation des droits de l’homme commise en utilisant ces armes et ces fournitures. Avant de conclure en s’interrogeant « si l’armée israélienne ne peut pas contrôler ses soldats, comment pouvons-nous espérer que le peuple américain continue à la financer et à l’armer ? »

Comments are closed.

Exit mobile version