Les Alliés se réunissent à La Haye, aux Pays-Bas, mardi 24 et mercredi 25 juin, pour un sommet capital de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan). L’enjeu principal de cette réunion est l’augmentation du budget consacré à la défense, à hauteur de 5% du PIB des États membres. Mais les sujets de discorde avec Donald Trump, le président américain qui souffle le chaud et le froid, sont également nombreux.

La réunion se déroule dans un climat tendu. L’Amérique de Donald Trump exige des pays européens membres de l’Alliance qu’ils financent désormais leur sécurité. La marche à gravir s’apparente à un mur budgétaire : 5% du produit intérieur brut (PIB), soit des montants proches de ceux de la guerre froide. Pour l’Europe, dont les dépenses depuis trente ans n’excédaient pas 2% du PIB, c’est un choc.

L’augmentation du budget consacré à la défense n’est pas le seul sujet irritant. Les États-Unis, jusque-là dans leur rôle de protecteurs, menacent de s’en prendre à leurs alliés, et de nouveaux griefs s’accumulent : les vues de D. Trump sur le Groenland (territoire constitutif du Danemark), les ingérences dans les élections et le caractère transactionnel donné à l’article 5, ce pilier de l’Otan qui implique qu’une attaque armée contre un pays membre entraînera une réaction de défense de chaque membre de l’Alliance. Le président américain a notamment laissé planer le doute à vis-à-vis de cet article. Interrogé à bord de l’avion présidentiel Air Force One sur sa détermination à l’appliquer, D. Trump est resté évasif : « cela dépend de votre définition. Il y a plusieurs façons de définir l’article 5 », a-t-il répondu, à quelques heures de son arrivée à La Haye pour un sommet de l’Alliance atlantique.

Dans le camp européen, on ne sait plus vraiment sur quel pied danser tant les remises en cause et les interrogations sont nombreuses. Première urgence : éviter que Washington ne lâche l’Ukraine. Si les Américains réduisent la voilure, les Européens veulent s’assurer qu’ils laisseront néanmoins des capacités militaires critiques comme le renseignement, les ravitailleurs en vol et la logistique. Ce sera un sujet brûlant de ce sommet de l’Otan, « alliance en crise », dit un diplomate qui s’interroge sur le fait de savoir si cette crise est terminale ou salutaire.

Réorientation sur l’Ukraine

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, note une inflexion dans la posture occidentale face au conflit en Ukraine, ce qu’il interprète comme un signal de réorientation stratégique. Selon lui, les appels récents à un cessez-le-feu marquent un tournant politique majeur, contrastant avec les ambitions passées des pays occidentaux.

L’approche des pays occidentaux à l’égard du règlement du conflit en Ukraine évolue constamment, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, S. Lavrov. Le chef de la diplomatie russe a rappelé qu’il y a quelques années, les capitales occidentales martelaient qu’il était inacceptable que la Russie l’emporte. Il a également estimé que l’échec de la stratégie occidentale était manifeste, tout en notant que l’Europe continuait à faire des efforts dans la mauvaise direction. « Vous souvenez-vous comment tout a commencé ? Ils criaient de manière hystérique : « Il faut infliger une défaite stratégique à la Russie sur le champ de bataille ». Après un certain temps, le slogan a changé et ils ont commencé à déclarer haut et fort que la Russie ne devait pas vaincre l’Ukraine. Et maintenant, ils exigent, demandent, implorent un cessez-le-feu immédiat sans conditions préalables. C’est ce que Zelensky refusait catégoriquement encore récemment, lorsqu’il vivait et travaillait encore sous le slogan d’une « Défaite stratégique sur le champ de bataille » », a-t-il indiqué.

Le 2 juin, la Russie et l’Ukraine ont tenu un second cycle de négociations à Istanbul. Les deux délégations ont échangé des projets de mémorandum pour un règlement du conflit et se sont mises d’accord sur un échange de prisonniers. L’Ukraine a insisté sur un arrêt total et inconditionnel des hostilités, dans les airs, sur terre et en mer, condition qu’elle considère comme préalable aux négociations de paix.

D’après Vladimir Médinsky, chef de la délégation russe, Kiev a proposé de commencer par une trêve de 30 ou 60 jours, avant toute rencontre entre les présidents. Moscou, de son côté, a suggéré un cessez-le-feu de deux à trois jours sur certains secteurs du front afin de récupérer les corps des soldats tués au combat. La version russe du projet comprend deux options de cessez-le-feu : la première implique le retrait des forces ukrainiennes de quatre régions (les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, ainsi que les régions de Kherson et Zaporojié), tandis que la seconde prévoit l’arrêt de la mobilisation militaire et de l’aide militaire fournie à l’Ukraine, ainsi que l’absence de forces armées étrangères sur son territoire.

Avant la reprise des pourparlers, la partie russe avait décrété un cessez-le-feu unilatéral du 8 au 11 mai. L’Ukraine ne s’y est pas jointe.

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