La supercherie de la levée du blocus humanitaire à Gaza n’aura pas réussi à tromper grand monde. Pascale Coissard, coordinatrice des urgences MSF à Khan Younis, à Gaza, a signalé via un communiqué que « ce plan est une manière d’instrumentaliser l’aide, en la transformant en outil au service des objectifs militaires des forces israéliennes ». L’aide autorisée dans la bande de Gaza, une centaine de camions depuis lundi selon les autorités israéliennes, « n’est qu’un écran de fumée », selon MSF, alors que le siège « se poursuit ».

« L’autorisation actuelle de 100 camions par jour, alors que la situation est si critique, est tout à fait dérisoire », a insisté l’ONG. L’essentiel de la population de Gaza, soit plus de 2 millions de personnes, dépend quasi entièrement de l’aide qui entre dans l’étroit territoire palestinien dévasté par la guerre menée par Israël depuis le 7 octobre 2023. MSF indique aussi qu’au moins 20 installations médicales à Gaza ont été endommagées ou mises partiellement ou totalement hors service au cours de la semaine dernière par l’avancée des opérations terrestres israéliennes, l’intensification des frappes aériennes et les ordres d’évacuation généralisés.

« Le 19 mai au matin, les équipes de MSF ont rapporté avoir entendu près d’une frappe par minute à Khan Younes, entre 6h et 6h30 », a souligné l’ONG dans son communiqué. L’une de ces frappes a touché l’enceinte de l’hôpital Nasser, à 100 mètres de l’unité de soins intensifs et du service d’hospitalisation gérés par MSF, a-t-elle précisé. « C’est la troisième fois en deux mois que l’enceinte de l’hôpital Nasser est frappée, privant une fois de plus les gens de traitements et de soins ».

L’organisation a également dénoncé les ordres d’évacuations à grande échelle, de l’armée israéliennes, qui limitent la capacité à donner des soins. Le 19 mai « un ordre d’évacuation couvrant la quasi-totalité de la partie est de Khan Younes, à la limite de l’hôpital Nasser, a forcé les gens à se déplacer immédiatement vers la zone d’Al Mawasi ».

«  Le groupe de gestion des sites de déplacés estime que plus de 138.900 personnes ont été déplacées de force entre le 15 et le 20 mai », a souligné l’ONG.

Depuis l’aube de mercredi,60 martyrs ont été recensés par la Défense civile de Gaza. La plupart étant des enfants dont un bébé de 7 jours. « Nos équipes ont transporté 19 morts, pour la plupart des enfants, et des dizaines de blessés après des raids aériens effectués par les avions de guerre israéliens dans diverses zones de la bande de Gaza la nuit dernière et tôt aujourd’hui », a déclaré mercredi matin à l’AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile. Les victimes appartiennent aux familles al-Masri à Khan Younes au sud, Nabhane et Jouneid à Jabalia au nord et Kahloute de Deir al-Balah au centre, selon les médias palestiniens.

L’armée israélienne a bombardé dans la journée entre autre un attroupement de citoyens palestiniens à proximité d’une boulangerie à Gaza-ville. 10 martyrs ont succombé. 8 palestiniens ont péri dans le bombardement d’un point de distribution de nourriture et 4 dans un autre point pour des services wi-fi dans la rue al-Nafaq à Gaza-ville.

Selon le ministère de la Santé, 82 martyrs et 262 blessés ont été admis dans les hôpitaux durant les dernières 24 heures. Ce qui porte le bilan des victimes à 3.509 martyrs et 9.909 blessés depuis la reprise de la guerre le 18 mars après deux mois de trêve, et à 53.655 martyrs et 121.950 blessés depuis le 7 octobre 2023.

Devant l’entêtement israélien, la résistance palestinienne qui porte de sérieux coups à l’armée sioniste, à chaque incursion, a choisi de lancer, mercredi, une salve de roquettes contre Ashkelon et Ashdod, villes situées en dehors de l’enveloppe gazaouie.

Par ailleurs, il y a lieu de souligner que le Hamas a affirmé la veille mardi que « la présence de la délégation israélienne à Doha, malgré son manque d’autorité, est une tentative flagrante de Benjamin Netanyahu de tromper l’opinion publique internationale ». Dans son communiqué, le Hamas a déclaré que « la délégation israélienne prolonge son séjour de jour en jour sans s’engager dans des négociations sérieuses depuis samedi dernier ». Il a ajouté que « les déclarations de Netanyahu concernant l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza sont une tentative de jeter de la poudre aux yeux et de tromper la communauté internationale », car « aucune aide n’est encore entrée dans la bande, tandis que les quelques camions qui sont arrivés au passage de Kerem Shalom n’ont été reçus par aucun organisme international ».

Le mouvement a souligné que « l’escalade de l’agression, associée à la libération d’Idan Alexander et à la présence de délégations à Doha, révèle l’intention de Netanyahu de rejeter un règlement et son adhésion à la guerre ».

En conséquence, le Hamas a tenu l’occupation responsable d’avoir entravé les efforts visant à parvenir à un accord, compte tenu de la déclaration d’intention de ses responsables de poursuivre l’agression et de déplacer le peuple palestinien à Gaza.

« A la lumière de cette intransigeance, le cercle croissant de positions internationales rejetant l’agression et le blocus, plus récemment de la part de plusieurs pays européens, constitue une nouvelle condamnation de la politique d’occupation et un soutien croissant aux justes revendications de notre peuple », selon le Hamas. Le mouvement a conclu en appréciant « les efforts des médiateurs et en affirmant son engagement positif et responsable envers toute initiative qui met fin à l’agression, appelle au retrait de l’occupation, lève le siège, permet l’entrée de l’aide et commence la reconstruction ».

Israël vise des diplomates

Une visite de diplomates dans le nord de la Cisjordanie occupée a été interrompue mercredi par des tirs « directs » à « balles réelles » sur le convoi de la part de soldats israéliens, a assuré l’Autorité palestinienne. L’incident s’est produit en début d’après-midi aux abords du camp de réfugiés de Jénine, ville au cœur d’une offensive militaire israélienne majeure.

Selon le gouverneur de Jénine, la délégation comptait 31 ambassadeurs et diplomates arabes et européens. Des diplomates de Chine, du Japon et du Mexique ainsi que de plusieurs pays européens, dont la France, les Pays-Bas et la Roumanie, participaient à cette visite, ont indiqué des sources diplomatiques pour l’AFP.

Plusieurs voitures diplomatiques ont quitté les lieux à la hâte après les coups de feux, rapporte le journaliste de l’agence. Le ministère des Affaires étrangères palestinien a diffusé une vidéo montrant deux personnes portant des uniformes de l’armée israélienne mettre en joue un groupe de diplomates. Il avait auparavant accusé des soldats israéliens d’avoir visé « directement à balles réelles une délégation diplomatique accréditée auprès de l’État de Palestine » en visite « de terrain dans le gouvernorat de Jénine ».

Le ministère a dénoncé « une violation flagrante et grave du droit international », condamnant « dans les termes les plus fermes le crime odieux commis par les forces d’occupation israéliennes ».

« C’était la dernière partie de la visite, et soudain nous avons entendu des coups de feu venant du camp », a déclaré à l’AFP un diplomate européen sous le couvert de l’anonymat. « Ce n’était pas juste une ou deux fois. C’était comme des tirs répétés. C’est de la folie. Ce n’est pas normal », a-t-il ajouté.

Les tirs des forces d’occupation israéliennes sur 25 ambassadeurs et diplomates arabes et européens lors de leur visite au camp de réfugiés de Jénine illustrent l’arrogance de l’occupation et ses violations de toutes les normes et conventions internationales, a déploré le mouvement Hamas. Il a rappelé que l’agression israélienne en cours contre Jénine et son camp de réfugiés, dure depuis cinq mois, ainsi que son agression continue contre Tulkarem, Naplouse et d’autres gouvernorats de Cisjordanie. Ce qui « représente une tentative frénétique de mettre en œuvre des plans d’annexion et de déplacement par le biais d’une expansion accrue des colonies et du vol de terres à leurs propriétaires d’origine », a-t-il assuré.

Dans sa version des faits, l’armée d’occupation accuse la délégation d’avoir dévié de l’itinéraire qui avait été approuvé en coordination [avec les autorités militaires israéliennes]. « Selon une enquête initiale, la délégation a dévié de l’itinéraire approuvé et est entrée dans une zone où elle n’était pas autorisée à se trouver. Des soldats [israéliens] en opération dans la zone ont tiré des coups de semonce pour les éloigner », argue le communiqué le texte, notant qu’ « aucun blessé ni dommage n’ont été signalés ».

Depuis le début de l’offensive militaire israélienne sur le nord de la Cisjordanie en janvier dernier, et son extension à Tulkarem à la fin du même mois, les villes palestiniennes ont connu une escalade continue, entraînant la mort de 13 Palestiniens rien qu’à Tulkarem, le déplacement de plus de 4 200 familles et la destruction généralisée de maisons et d’infrastructures, selon les données officielles. A noter que l’agression israélienne en Cisjordanie, y compris Jérusalem, depuis le 7 octobre 2023, a tué au moins 969 Palestiniens, et blessé environ 7 000 autres. 17 000 palestiniens ont été arrêtés durant cette même durée.

Paris et Rome ont convoqué les ambassadeurs israéliens pour protester contre cette escalade alors que Bruxelles et Berlin ont appelé à faire la lumière sur cet incident singulier. De son côté, le Caire a condamné cette agression israélienne qui intervient à l’heure où Tel-Aviv persiste à user du registre de la victimisation en dénonçant les capitales qui fustigent le génocide à ciel ouvert en terre palestinienne.

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