Ehud Olmert, ancien Premier ministre israélien, s’est exprimé mardi soir sur la chaîne britannique BBC, accusant Israël de commettre des crimes de guerre. « Ce qu’Israël fait actuellement à Gaza est très proche d’un crime de guerre », a-t-il déclaré. Il s’agit « d’une guerre sans objectif qui ne va certainement rien accomplir en ce qui concerne la libération des otages », a-t-il ajouté évoquant l’extension des opérations militaires dans la bande de Gaza.

Plus tôt dans la matinée, Yaïr Golan, général de réserve et président du parti des Démocrates, avait également prononcé des propos similaires. Dans une interview accordée à la radio israélienne, il avait déclaré qu’ « un État sain d’esprit ne tue pas des bébés comme passe-temps, Israël est en train de devenir un paria ». Ce gouvernement est rempli d’individus vindicatifs, sans morale et incapables de diriger un pays en temps de crise. Cela met notre existence en danger, a ajouté Y. Golan.

Dans la sphère politique, les réactions de condamnation n’ont pas tardé. Les déclarations inédites de Y. Golan ont suscité de vives réactions de la part de B. Netanyahu et des membres de son gouvernement, qui ont ignoré les appels internationaux à mettre fin à la guerre génocidaire contre Gaza. B. Netanyahu a qualifié les déclarations de Golan de « calomnies antisémites qui encouragent la défiance ». Dans un communiqué produit à l’occasion, le premier ministre israélien dit condamner « avec véhémence les calomnies antisémites de Yaïr Golan contre nos soldats héroïques et contre Israël ». « Il n’y a pas de limite à la décadence morale », avait-il ajouté. Bezalel Smotrich, ministre des Finances, a lancé sur X que « Yaïr Golan ment sciemment ». Itamar Ben Gvir, autre ministre d’extrême droite, accuse Y. Golan d’avoir pour « hobby » les « diffamations antisémites ». « Les propos de Golan ne manqueront pas d’attiser le feu de l’antisémitisme mondial, à un moment où Israël lutte pour sa survie », a ajouté Gideon Saar, ministre des Affaires étrangères. Yoav Kish, ministre de l’Éducation, a écrit sur X que « l’ancien détenu Ehud Olmert rejoint Yaïr Golan et le chœur de l’extrême gauche qui diffame l’État d’Israël sur la scène internationale ». Miri Regev, ministre des Transports a également réagi en indiquant que « le Hamas et les terroristes des forces d’élite remercient Ehud Olmert et Yaïr Golan ».

« Un pays sain n’a pas pour hobby de tuer des bébés » assurait le chef de file de la gauche israélienne, suscitant la polémique alors que son pays intensifie sa guerre contre la bande de Gaza. Interrogé par un journaliste sur la radio publique, cet ancien général a jugé que son pays était « en passe de devenir un Etat paria parmi les nations » affirmant que la guerre dans la bande de Gaza était menée « au profit d’objectifs politiques ». « Un pays sain ne fait pas la guerre à des civils, n’a pas pour hobby de tuer des bébés, et ne se fixe pas pour objectif d’expulser des populations », a affirmé Y. Golan, qui dirige la formation  Les Démocrates, en référence au plan de déplacement des Palestiniens de Gaza soutenu par le gouvernement sous le terme « immigration volontaire ».

Le centriste Yaïr Lapid, chef du principal parti de l’opposition, a lui aussi condamné les propos de l’ancien chef d’état-major adjoint. « Nos combattants sont des héros et défendent nos vies. Affirmer qu’ils tuent des enfants pour s’amuser est faux et fait le jeu de nos ennemis », a-t-il écrit sur X.

Y. Golan a ensuite tenu une conférence de presse durant laquelle il affirmé que ses critiques « ne visaient en aucun cas l’armée ». « Ma critique est dirigée contre le gouvernement et non contre l’armée, qui est ma maison et dans mon cœur », a précisé l’ancien général. Il a aussi enfoncé le clou, estimant qu’un « gouvernement qui dit qu’on peut abandonner des otages et qu’il faut affamer des enfants est un gouvernement qui parle comme un porte-parole du Hamas ».

Personnage controversé depuis un discours en 2016, semblant faire un parallèle entre la société israélienne et la montée du fascisme en Europe dans les années 1930, il a été porté aux nues après le 7 octobre 2023, ayant décidé de son propre chef de se joindre aux combats, peu de temps après l’attaque, selon l’AFP.

Or, depuis cette attaque et le déclenchement de la guerre contre la bande de Gaza, les déclarations de nombreux religieux et politiciens incitant à tout décimer dans l’enclave étaient publiques. Sans aucune considération pour les civils palestiniens. S’adressant à ses étudiants qui servent dans l’armée, le rabbin Eliahou Mali, fondateur de la « yeshiva militaire Shirat Moshe » à Jaffa, avait appelé en mars 2024 au meurtre de femmes et d’enfants dans la bande de Gaza, expliquant qu’il s’agit d’une réponse aux ordres de la halakha, ou la loi juive, comme l’illustre une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

I.Ben-Gvir qui était ministre de la Sécurité nationale avait incité les soldats israéliens à tirer sur les femmes et les enfants. Sur X (ancien twitter), Nissima Vaturi, vice-président de la Knesset écrivait que l’objectif d’Israël devrait être « d’effacer la bande de Gaza de la surface de la Terre ». Et lors d’une intervention à la télévision israélienne, il expliquait qu’« il n’y a pas de civils innocents […] nous devons aller à Gaza et tuer, tuer, tuer. Nous devons les tuer avant qu’ils ne nous tuent ». Quant à B. Smotrich, il insistait que « le travail devait être achevé » : « Destruction totale. Effacez le souvenir d’Amalek de dessous les cieux. »

De son côté, Avi Dichter, ministre de l’agriculture et ancien chef du Shin Bet, parlait de « déclencher une Nakba à Gaza ».

Dans un discours destiné à motiver les troupes israéliennes se préparant à envahir Gaza, un vétéran de 95 ans les exhortait à « effacer leur mémoire, leurs familles, leurs mères et leurs enfants » ; il a été honoré publiquement par le président israélien Isaac Herzog, qui l’a félicité du « merveilleux exemple qu’il avait donné à plusieurs générations de soldats ». Sur les réseaux sociaux des soldats israéliens n’hésitaient à lancer des appels pour « tuer les Arabes », « brûler vives leurs mères » et « raser Gaza ».

Moshe Yaalon, ex- ministre israélien de la Défense, a déclaré mercredi que le massacre des Palestiniens pr Israël relevait d’une « idéologie messianique, nationaliste et fasciste ». Dans un message sur X, il a spécifié que « cette idéologie du gouvernement (de Benyamin) Netanyahu est soutenue par des décisions rabbiniques qui considèrent qu’il n’y a pas de personnes innocentes à Gaza ».

Réagissant à la déclaration de Y. Golan qui a accusé Israël de faire du massacre d’enfants palestiniens à Gaza « une activité ludique », M. Yaalon a déclaré que Golan faisait « erreur » dans ses commentaires. « Il ne s’agit certainement pas là d’une activité ludique, mais d’une idéologie messianique, nationaliste et fasciste », a-t-il affirmé.

M. Yaalon a qualifié la coalition de Netanyahu de « gouvernement d’extrémistes, d’escrocs et de corrompus ». « Nous manifesterons en masse jusqu’à atteindre le stade de la désobéissance civile pacifique », a-t-il enfin signalé.

L’armée d’occupation israélienne a repris ses agressions contre la bande de Gaza le 18 mars, tuant depuis lors 3 340 personnes, dont des centaines d’enfants et en blessant 9 357 autres, rompant un accord de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers qui était entré en vigueur en janvier.

Rappelons que plus de 53.000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, sont tombés en martyre depuis le lancement de la guerre génocidaire israélienne contre Gaza, le 7 octobre 2023.

En novembre 2024, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre de B. Netanyahu et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés dans la bande de Gaza. Israël est également poursuivi pour ‘’crime de génocide’’ devant la Cour internationale de justice (CIJ) en raison de la guerre menée contre l’enclave palestinienne.

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