Alors que plusieurs capitales européennes proches de Tel-Aviv haussent le ton contre la barbarie en cours dans la bande de Gaza, les USA ont procédé à la fermeture officielle de leur bureau des affaires palestiniennes dans la ville sainte d’al-Qods occupée. Le Royaume-Uni a annoncé mardi suspendre ses négociations pour un accord de libre-échange avec Israël et convoquer Tzipi Hotovely, ambassadrice accréditée à Londres, en réponse à l’intensification de l’offensive israélienne à Gaza. Le gouvernement britannique a également annoncé de nouvelles sanctions contre des colons en Cisjordanie, que les autorités israéliennes ont aussitôt qualifiées d’« injustifiables et regrettables ». L’entité sioniste dénonce une « obsession anti-israélienne » de la part du Royaume-Uni et minimise les annonces concernant l’accord commercial. La Suède compte, de son côté, proposer à l’Union européenne de sanctionner des ministres israéliens alors que Bruxelles prévoit de réviser les accords conclus avec Israël. Au Brésil, Mauro Vieira, ministre des Affaires étrangères, a exhorté mardi 20 mai la communauté internationale à ne pas rester « les bras croisés » devant le « carnage » à Gaza. « C’est une situation terrible, un carnage», a déclaré le chef de la diplomatie brésilienne durant une audience d’une commission au Sénat, à Brasilia. « Il y a énormément d’enfants tués (…) La communauté internationale ne peut pas assister à cela les bras croisés », a-t-il ajouté tout en déplorant la « paralysie » du Conseil de sécurité des Nations unies face à une « invasion » qui « enfreint le droit international ». Luiz Inacio Lula da Silva, président brésilien, a qualifié à plusieurs reprises l’offensive israélienne à Gaza de « génocide », ce qui lui a valu d’être déclaré « persona non grata » dans l’État d’occupation.
J.D Vance, vice-président américain, a renoncé à son intention de se rendre en Israël, craignant que sa présence ne soit perçue comme donnant le feu vert à un élargissement des opérations militaires israéliennes contre la Bande de Gaza, a rapporté Axios, lundi. Le responsable US a décidé de ne pas se rendre à Tel-Aviv, après sa visite à Rome, parce qu’il craignait que sa présence ne puisse suggérer que Washington soutient la décision d’Israël d’intensifier ses opérations militaires alors même que les Etats-Unis cherchent à conclure un accord de cessez-le-feu dans la Bande de Gaza, a déclaré un haut responsable de l’administration américaine à Axios, cité par Anadolu.
Selon des sources israéliennes, l’administration Trump avait informé les autorités d’occupation israéliennes, samedi, de la visite potentielle de Vance après avoir assisté à la messe inaugurale du pape Léon XIV, au Vatican. Bien que la Maison Blanche ait ensuite invoqué des « contraintes logistiques » pour justifier l’annulation, un autre responsable américain a déclaré à Axios que la logistique n’était pas le véritable problème. Les responsables craignaient plutôt que cette visite ne soit perçue par Israël et les pays voisins comme une approbation de l’intensification de l’offensive israélienne contre l’enclave palestinienne.
Pete Hegseth, Secrétaire US à la défense, avait également annulé son déplacement en Israël, prévu lundi dernier, l’administration déclarant qu’il se joindrait plutôt à la visite du président Donald Trump au Moyen-Orient. Ces revirements diplomatiques interviennent alors qu’Israël a déclenché, dimanche, l’opération « Chariots de Gédéon », en lançant une vaste offensive terrestre contre toute la Bande de Gaza, mobilisant l’armée régulière et les forces de réserve.
A signaler que la Maison Blanche a apporté un démenti à un article du Washington Post selon lequel le président américain aurait menacé « de renoncer à Israël s’il ne mettait pas fin à la guerre à Gaza ». Une source officielle américaine a déclaré au site israélien Ynet que le rapport était « un mensonge », ajoutant que « l’idée que nous abandonnerions Israël est ridicule ». James White,porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a également déclaré au site Web qu’« Israël n’a jamais eu dans l’histoire de meilleur ami que Trump. » Plus, a-t-il ajouté, « nous continuons à travailler en étroite collaboration avec Israël pour obtenir la libération des prisonniers, garantir que l’Iran n’acquière jamais l’arme nucléaire et renforcer la sécurité régionale au Moyen-Orient. »
Lundi, le Washington Post, citant une source décrite comme « bien informée » a rapporté que « les hommes de Trump ont dit à Israël quelque chose du genre : « Nous vous abandonnerons si vous ne mettez pas fin à la guerre » dans la bande de Gaza.
B. Netanyahu a réagi, lundi, à la condamnation de l’offensive militaire israélienne contre Gaza par les dirigeants britannique, canadien et français, prétendant qu’ils offrent ainsi une « immense récompense » au Hamas. « La guerre peut se terminer demain si les otages restants sont libérés, si le Hamas dépose les armes, si ses dirigeants meurtriers sont expulsés et si Gaza est démilitarisée », a-t-il conclu.
Dans une déclaration commune, la Grande-Bretagne, la France et le Canada ont menacé Israël de sanctions son offensive militaire ne cesse pas et si le blocus humanitaire n’est pas levé. Les trois pays concernés ont dénoncé conjointement « l’aggravation de la crise humanitaire » à Gaza, qualifiant de « totalement insuffisant » l’approvisionnement alimentaire autorisé par Israël. Ils ont également condamné « le langage odieux » utilisé par certains membres du gouvernement israélien suggérant que les civils quittent Gaza par désespoir.
Le Hamas s’est félicité de cette déclaration, la qualifiant de « pas important dans la bonne direction » qui « reflète une position de principe contre la politique israélienne de siège et de famine ».
Massacres en chaine
Au cours de ces dernières heures, l’armée israélienne a commis trois massacres sanglants dans la bande de Gaza, tuant au moins une quarantaine de Palestiniens et en blessant des dizaines d’autres, dans le cadre d’une escalade continue ciblant le nord et le centre de la bande de Gaza.« Les équipes de la Défense civile ont transféré [vers des hôpitaux] au moins 44 morts, en majorité des enfants et des femmes, ainsi que des dizaines de blessés, à la suite de nouveaux massacres commis par l’occupation […] dans plusieurs zones de la bande de Gaza » depuis 1h00 du matin (22h00 GMT lundi), a déclaré Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de premiers secours.
À Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, 13 personnes sont tombées en martyre et plusieurs autres blessés, à la suite d’une frappe aérienne israélienne visant la maison de la famille Abou Samra. Dans un autre massacre, 10 personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées après que deux frappes aériennes israéliennes ont ciblé l’école Moussa ben Nousair, qui abritait des personnes déplacées dans le quartier d’Al-Daraj, dans le centre de la ville de Gaza. « Nous ne pouvons pas sortir les corps, ils sont en ébullition et carbonisés », a déclaré un ambulancier. Et puis dans le camp de Nouseirat, le bilan s’élève également à 15 martyrs, dont des enfants, et des dizaines de blessés suite à un troisième massacre visant la station-service Radi, qui abrite des personnes déplacées dans le centre de la bande de Gaza.
Les services de secours ont fait état de neuf martyrs dans une frappe contre une habitation dans le camp de réfugiés de Jabalia (nord). Les ambulanciers ont retiré cinq martyrs des décombres de la maison de la famille Al-Maqeed dans le camp. Entre-temps, l’armée d’occupation israélienne a poursuivi ses bombardements d’artillerie sur les zones à l’est de la ville de Gaza, ciblant la zone d’Al-Karama au nord-ouest de la ville et détruisant des bâtiments résidentiels à l’ouest de Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza. Par ailleurs, plusieurs Palestiniens ont été blessés lorsque les forces d’occupation ont bombardé une tente abritant des personnes déplacées dans la zone d’Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza.
Parallèlement à ces agressions, l’occupation poursuit sa guerre de famine. Le bureau des médias du gouvernement à Gaza a affirmé qu’« aucune aide réelle n’est entrée dans la bande de Gaza, à la lumière du blocus israélien strict et de l’aggravation de la famine, depuis plus de 80 jours », tandis que l’occupation se vante de « l’autorisation d’entrée de neuf camions ».
Sur le terrain, l’armée d’occupation a reconnu la mort d’un soldat lors de combats dans le nord de la bande de Gaza, où les combattants de la résistance palestinienne continuent de résister et faire face à l’offensive israélienne terrestre en cours. L’armée a précisé que le soldat tué était Yosef Yehuda Hirak, du 601e bataillon du génie, soulignant que cela porte « le nombre de soldats tués dans la guerre à 857 » depuis le 7 octobre 2023.
Les Brigades Al-Qassam ont annoncé que leurs combattants avaient mené une embuscade complexe dans la région d’al-Atatra, à l’ouest de Beit Lahia dans le nord de la bande de Gaza, ciblant trois véhicules israéliens avec deux bombes Shawaz et un obus Tandom. Elles ont affirmé que plusieurs soldats israéliens ont été tué où blessé et observé des hélicoptères atterrir pour évacuer les blessés. Brigades al-Qods du Jihad islamique ont fait exploser une bombe GBU-39B, abandonnée par l’ennemi, au passage d’un véhicule militaire israélien lors de son incursion dans la rue Al-Muntar dans le quartier de Chouja’iya. Les médias israéliens évoquent un incident grave au cours duquel trois soldats ont été blessés dont deux grièvement.
Barbarie en Cisjordanie
L’armée d’occupation poursuit ses raids sur les villes et les camps de réfugiés de Cisjordanie. Jénine, Tulkarem, Naplouse et d’autres régions ont été le théâtre de raids et d’arrestations dès les premières heures de lundi matin jusqu’au soir. Elles ont lancé un deuxième raid mardi dans le village de Madama, au sud de Naplouse, en Cisjordanie. Auparavant, elles ont attaqué le camp de réfugiés de Balata à Naplouse et arrêté deux jeunes hommes : Mohammad al-Hawtari et Moumin al-Maskawi.
À Tulkarem, les forces d’occupation ont arrêté trois jeunes hommes : Daoud al-Khatib, Mohammad Nayfeh et Mohammad al-Ajouz. Les forces d’occupation israéliennes ont également lancé des raids dans les villes de Silwad et Turmus Ayya, dans les gouvernorats de Ramallah et d’al-Bireh. À Bethléem, elles ont arrêté Mouath Shawara à un poste de contrôle militaire à Tuque. À Hébron, Abdel Samad Abou Ramouz, Shaker al-Tarda et Mohammad al-Tarda ont été arrêtés, et le frère de l’un d’eux a été battu.
Plusieurs citoyens ont été asphyxiés lors d’un raid militaire israélien sur la ville d’Al-Khader, au sud de Bethléem, après que des soldats ont tiré des bombes assourdissantes et des gaz lacrymogènes sur des Palestiniens. Les forces d’occupation israélienne ont également perquisitionné les domiciles de prisonniers libérés à Idhna, à l’ouest d’Hébron, en Cisjordanie, et arrêté deux jeunes hommes à Qalqilya, au nord de la Cisjordanie.
Pour le quatrième jour consécutif, l’armée d’occupation israélienne poursuit son agression contre la ville de Bruqin, au nord de la Cisjordanie, imposant un couvre-feu général et transformant plusieurs maisons en casernes militaires fermées.
Lundi soir, des colons israéliens ont brûlé des arbres fruitiers et des cultures dans la colonie de Khalat al-Forn, située dans le village de Birin, à l’est d’Hébron, en Cisjordanie.
Farid Burqan, chef du conseil du village de Birin, a déclaré à WAFA que « des colons israéliens ont brûlé des vignes, des amandiers, des oliviers et des citronniers à Khallet al-Forn ». Il a ajouté que « les incendies se sont propagés à de vastes zones de plus de 70 dunums (1 dunum : 1000 m2) plantées d’orge, de trèfle et d’autres cultures ». Tout en soulignant que « les attaques des colons visent à déplacer les Palestiniens et à agrandir l’avant-poste d’Adorin et la colonie de Pnei Hefer, tous deux construits sur des terrains privés à proximité du village », il a appelé les institutions locales et internationales « à œuvrer pour protéger les habitants et à intervenir afin de mettre fin aux attaques des colons israéliens ».
Il est à noter que « les forces d’occupation et les colons israéliens ont mené au total de 1 693 attaques au cours du mois d’avril », selon un rapport publié par la Commission de résistance au mur et à la colonisation.