Israël poursuit sa guerre en dépit des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat et au mépris des ordonnances de la Cour internationale de justice qui lui enjoignent de prendre des mesures pour prévenir les actes à caractère génocidaire et améliorer la situation humanitaire catastrophique qui prévaut dans la bande de Gaza. Toute la barbarie israélienne s’exprime particulièrement dans l’enclave palestinienne, spectre que l’on agite notamment sous le nez du Liban, alors que les négociations de Doha pour une trêve semblent piétiner. Arrivé à Doha, le chef de la CIA discute les détails d’un potentiel accord avec les responsables qataris et les sécuritaires venus d’Israël et d’Egypte. La délégation israélienne est revenue à Tel-Aviv pour rendre compte des résultats des conciliabules alors que depuis Washington, on fait valoir un « optimisme prudent »  quant à l’issue des négociations en cours. Le Washington Post qui cite un responsable américain, le cadre d’un accord serait « convenu », stipulant que les deux belligérants négociaient désormais « les détails de sa mise en œuvre ». Mais la source du quotidien US a prévenu que la finalisation n’était pas « imminente », même si les bases d’un futur deal avaient été trouvées. Le Washington Post précise que le plan proposé par les Américains prévoit notamment « un cessez-le-feu de six semaines, au cours duquel le Hamas libérerait 33 otages israéliens, dont toutes les femmes, tous les hommes de plus de 50 ans et tous les blessés », la libération par Israël de centaines de prisonniers palestiniens, le retrait des troupes de Tsahal des zones densément peuplées dans l’enclave gazaouie et enfin l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Le point d’achoppement concernait la fin définitive des hostilités à Gaza et la libération des soldats hommes de l’armée israélienne encore aux mains du Hamas. Or, le mouvement islamiste palestinien a fait savoir la semaine passée qu’il était prêt à ne pas exiger un cessez-le-feu permanent.  

Selon Axios, Bill Burns, directeur de la CIA a rencontré à Doha le 10 juillet des responsables égyptiens, qataris et israéliens dans le but de parvenir à un accord sur la libération des otages. Dans le même temps, Brett McGurk, conseiller de Joe Biden pour le Moyen-Orient, a rencontré en Israël Benjamin Netanyahou Premier ministre et Yoav Gallant, ministre de la Défense. Le chef du gouvernement israélien a martelé que l’État hébreu était favorable à un accord « tant que les lignes rouges d’Israël sont préservées ». Il a présenté dans la soirée du 7 juillet une liste de quatre exigences israéliennes, les qualifiant de « non négociables ». « Tout accord permettra à Israël de reprendre le combat jusqu’à ce que ses objectifs de guerre soient atteints », a-t-il insisté. En clair : l’élimination des capacités militaires du Hamas. Il a également exigé la fin de la contrebande d’armes entre l’Égypte et la bande de Gaza qui permet, selon lui, au mouvement palestinien de se réarmer, l’impossibilité d’un retour des combattants du Hamas qui ont fui et enfin la libération d’un maximum d’otages « sans porter atteinte aux autres objectifs de la guerre ». Le 8 juillet, dans un communiqué, le Hamas s’en est pris aux nouvelles exigences du Premier ministre israélien : « Au moment où le Hamas fait preuve de souplesse et de positivité pour faciliter la conclusion d’un accord […] Netanyahou continue de dresser de nouveaux obstacles aux négociations. » À ce jour, il reste 116 détenus, dont 42 seraient morts, selon les informations rapportées par l’armée israélienne.  

Le Hamas assurait jeudi n’avoir pas encore été informé de rien de nouveau de la part des frères et des médiateurs concernant les négociations en vue d’un cessez-le-feu et d’un échange des détenus. Dès lors, a-t-il ajouté, l’occupation poursuit sa politique d’atermoiement pour gagner du temps en vue de faire échouer cette tournée des négociations comme il l’avait fait dans les tournées précédentes. Deux responsables israéliens avaient annoncé récemment « qu’il existait un accord commun entre les États-Unis, l’Égypte et Israël concernant la nécessité de fermer le couloir de l’axe de Philadelphie, à la frontière entre l’Égypte et la bande de Gaza, sous prétexte d’empêcher la contrebande d’armes vers le Hamas par voie souterraine soit les tunnels ». Ils ont souligné que « les États-Unis ont fait preuve d’une grande volonté de participer directement à la construction d’infrastructures à la frontière de l’Axe de Philadelphie, comme un mur souterrain qui détecte les tentatives de creusement de tunnels ». 

Y. Galant a annoncé « qu’ Israël a souhaité une solution qui empêche la contrebande d’armes dans la bande de Gaza », estimant que « cette question était nécessaire au retrait de l’armée israélienne d’une partie de la bande de Gaza surtout de l’axe de Philadelphie ». Les médias israéliens ont rapportéqu’en d’autres termes, Gallant a insinué « qu’Israël accepterait, dans le cadre de l’accord d’échange de prisonniers, de se retirer de l’axe de Philadelphie – mais à condition qu’on lui promette une autre solution consistant à empêcher la contrebande d’armes le long de l’axe, même sans la présence réelle de l’armée israélienne ». 

Selon des sources israéliennes proches du dossier, « les Égyptiens ont exprimé leur approbation initiale pour cette démarche, et il s’agit d’une solution acceptable pour Israël », et on s’attend à ce que les Américains financent l’installation des capteurs pour un coût d’environ 200 millions de dollars. 

Soutien US constant 

Sur le terrain et malgré neuf mois de combats, d’après le porte-parole des Brigades Al-Qassam, branche armée du Hamas, « il y a des milliers de combattants prêts à affronter l’ennemi chaque fois que c’est nécessaire ». En effet, dans un discours le 7 juillet, Abou Obeida a fait savoir que le mouvement continuait à recruter des milliers de nouveaux combattants, et ce, alors que la guerre est entrée dans son dixième mois. Avec le reste des composantes de la résistance palestinienne, les combats font toujours rage aux alentours de Rafah, au sud, comme au centre de l’enclave de Gaza, particulièrement à Hay Alhawa. Le retrait de l’armée sioniste de Choujaiya, après plus d’une semaine de combats, a laissé place à des ruines et des cadavres. Le couloir de sécurité que l’armée sioniste tente d’établir au niveau de Netzarim, pour séparer la bande en deux, a encore été ciblé par des obus et des missiles de courte portée. Plus, les Brigades d’Al-Qods, du Jihad Islamique, ont tiré une salve de missiles sur Ashdod, Ashkelon et Sederot…   

Les États-Unis commenceront bientôt à expédier à Israël des bombes de 500 livres que l’administration Biden avait précédemment suspendues, c’est ce qu’ont déclaré, mercredi 10 juillet, des responsables américains. Cette nouvelle expédition d’armes met fin à une pause de deux mois imposée par l’administration US dans une prétendue tentative de limiter les pertes civiles à Gaza. 

Un responsable de l’administration US a déclaré que « les bombes étaient en cours d’expédition et devraient arriver en ‘Israël’ dans les semaines à venir ». Et ajouté que « des bombes plus lourdes, pesant 2 000 livres, censées faire partie de la même cargaison, étaient toujours en attente », a rapporté le Wall Street Journal. 

En mai, les États-Unis ont annoncé avoir arrêté la livraison de bombes de 2 000 livres et de 500 livres. Un responsable américain a déclaré « qu’Israël avait déjà envoyé un navire à Charleston, en Caroline du Sud, pour recevoir la cargaison avant que la décision ne soit prise ». 

En dépit de ce soutien inédit de l’Oncle Sam à l’entité sioniste, rien ne cache la vulnérabilité dont fait preuve Israël dont les plus hauts gradés réclament, urgemment, 10.000 hommes pour compenser les pertes essuyées sur les fronts palestinien et libanais. D’’où le recours contesté aux Haredim dont Tsahal voudrait faire le plein.  

Attaquant la loi sur la conscription discutée à la Knesset, les principaux rabbins sépharades d’Israël ont officiellement donné l’ordre aux étudiants des écoles religieuses « de ne pas se présenter aux bureaux de recrutement militaires », et de préférer la prison et de se priver des budgets que de s’enrôler dans l’armée israélienne, au motif qu’il s’agit d’une « destruction de la Torah ». 

Le rabbin lituanien Dov Lando, l’un des principaux rabbins Haredi, a fermement attaqué la décision du ministre de la Défense d’appeler 3 000 Haredim au service militaire, déclarant : « L’État qui recrute dans les écoles religieuses n’a pas le droit d’exister ». Ajoutant que « l’armée est en guerre contre nous et ils veulent retirer les droits des étudiants de la Torah. C’est un suicide total ». « Quand il n’y a pas de système et que l’armée est en guerre contre nous, à quoi ça sert de se tenir à leurs côtés ? Ce gouvernement est contre nous sur tous les plans », a-t-il encore tonné.  

Dans le contexte des discussions concernant l’enrôlement des haredim dans l’armée d’occupation, de hauts rabbins d’Israël ont tenu une réunion au cours de laquelle ils ont appelé « les jeunes religieux à s’abstenir d’obéir aux ordres de conscription ou de se rendre dans les bureaux concernés ». A la fin de la réunion, D. Lando a demandé au rabbin Chaim Aharon Kaufman, chef du comité de la yeshiva, de transmettre sa décision aux rabbins sépharades et hassidiques, afin qu’il y ait une position unifiée concernant leur rejet du service militaire. 

Le chef de la yeshiva Slabudka et l’un des rabbins les plus éminents du mouvement Haredi lituanien, le rabbin Moshe Hillel Hirsch, a également ordonné aux étudiants de la yeshiva de s’entretenir avec des jeunes ultra-orthodoxes qui n’étudient pas à la yeshiva , les exhortant également à n’obéir à aucun ordre concernant l’enrôlement dans l’armée. 

Suite aux déclarations de Lando, les hauts dirigeants des écoles religieuses des Juifs sépharades occidentaux, dont certains sont membres du Conseil des anciens de la Torah Shas, se sont réunis et ont émis un décret biblique « interdisant l’enrôlement dans l’armée ». 

Selon le document qu’ils ont signé, « toute présence dans les bureaux de recrutement est interdite par la Torah ». 

Mardi 9 juillet, Y. Gallant a convenu que l’Armée commencerait à recruter des Haredim à partir du mois d’août prochain, en raison de ce qu’il a décrit comme « des besoins opérationnels ». Le nouveau plan de l’armée israélienne prévoit le recrutement de 3.000 Juifs ultra-orthodoxes, dont 50 % ont entre 18 et 21 ans. 

Concernant la crise de l’enrôlement dans l’armée d’occupation, le secrétaire général du Hezbollah, a évoqué  mardi l’impact économique et social de cette crise, faisant remarquer que « l’armée d’occupation souffre d’un manque d’effectifs » et « qu’elle est obligée d’essayer de forcer les Haredim à s’enrôler ». Il a affirmé que « l’armée d’occupation est obligée d’étendre la conscription obligatoire, ce qui a un impact économique et social majeur sur la société israélienne ». 

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