Dans un communiqué publié lundi 24 juin dans la matinée, le haut-commissariat qui représente l’État français en Nouvelle-Calédonie dresse le bilan de la nuit de dimanche à lundi. Une nuit agitée sur l’ensemble de la Grande-Terre, l’île principale de l’archipel, alors que ces dernières semaines les émeutes restaient concentrées dans la capitale Nouméa et ses alentours. Dans le nord, comme dans le sud de l’île, des violences ont été signalées. Les forces de l’ordre ont été prises à partie et plusieurs départs d’incendies ainsi que la construction de barrages sur les axes routiers ont été constatés. La mairie de Koumac a notamment été incendiée. À Dumbéa, à côté de Nouméa, ce sont les pompiers qui ont été pris à partie alors qu’ils emmenaient un patient vers le Médipole, ils ont été victimes de caillassages et de possibles tirs d’armes à feu sur leur camion.
Les écoles publiques de Dumbéa sont restées fermées en début de semaine. La mairie justifie cette décision en mettant en avant « l’incapacité de l’État à assurer la sécurité ». À Nouméa, dans le quartier de Magenta, les locaux et des véhicules de la police municipale ont été incendiés. Une situation qui devient donc à nouveau tendue partout sur l’île, six semaines après le début des émeutes sur fond de réforme du corps électoral. Ce projet de réforme qui n’est plus à l’ordre du jour par la force des choses, depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron il y a deux semaines.
Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est l’arrestation, la mise en examen et le transfert express dimanche 23 juin vers la métropole de 11 militants de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). Parmi ces derniers se trouve son porte-parole, Christian Tein, transféré dans la maison d’arrêt de Mulhouse, dans le Haut-Rhin. La CCAT est accusée par les autorités d’être à l’origine du soulèvement contre la réforme électorale et ses militants ont donc été envoyés en métropole pour y être incarcérés en raison du risque sécuritaire d’une détention en Nouvelle-Calédonie. Dans un communiqué, la CCAT demande que ces militants soient jugés sur leurs terres, évoque des « prisonniers politiques » et dénonce les « tactiques coloniales » de la France, ainsi « qu’une grave atteinte à leur droit à une vie privée et familiale ». La CCAT demande leur retour immédiat et a fait appel en justice.
Autre conséquence de ces transferts, le pont aérien entre l’aérodrome de Magenta à Nouméa et l’aéroport international de la Tontouta, à une quarantaine de kilomètres, est maintenu.