Si les statistiques quotidiennes établies par le ministère de la Santé indiquent clairement que l’épicentre de la pandémie est logé dans la région de Casablanca, il n’en reste pas moins que dans d’autres régions, comme celle de Tanger au Nord, ou encore Marrakech, plus au Sud, la situation est loin d’être réconfortante. Ce n’est donc pas pour rien qu’un nouveau chapiteau vient d’être dressé dans la capitale des Almoravides où la capacité d’accueil des contaminés à la Covid-19 a atteint la saturation. Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé, s’est même offert un déplacement impromptu dans la région pour s’enquérir de l’évolution de la situation qui, à tous points, s’avère critique. Les professionnels de la Santé parlent de « saturation » au niveau des capacités d’accueil des malades alors que le pays qui s’est investi dans la campagne de vaccination tous azimuts pour garantir l’immunité de masse mesure la fragilité de l’équilibre de la situation sanitaire.
Ne voyait-on pas venir cette « rupture » qui menace de réduire à néant les efforts consentis depuis le début de la pandémie ? Telle est la question lancinante qui est dans toutes les bouches des professionnels. Surtout que les choix qui restent sont de plus en plus limités pour converger, tous, vers un reconfinement salutaire.
Sous « cloche » ?
En tout cas, les chiffres qui attestent de l’évolution de la pandémie sont têtus. Ainsi, dimanche, pas moins de 8 990 nouveaux cas ont été recensés dans le pays, sur 36 594 tests réalisés, portant à 696 282 le nombre de personnes infectées depuis le début de cette pandémie. Ces chiffres en baisse toute relative par rapport à samedi, journée durant laquelle 10 609 cas du nouveau coronavirus ont été enregistrés, sur 47 141 tests réalisés, renseignent sur l’ampleur des dégâts de la Covid-19.
Si 6 959 nouvelles guérisons établies dimanche ont porté à 612 390 le nombre total, avec un taux de rémission de 88%, cela ne doit pas occulter le caractère létal de la pandémie. Aux 92 décès enregistrés samedi s’ajoutent 80 nouveaux décès dimanche, portant à 10 335 le nombre de personnes décédées à cause du Covid-19 au Maroc et le taux de létalité à 1,5%. Le gros de ces décès sont signalés dans la région de Casablanca, cœur économique du pays.
Le Maroc compte désormais 73 557 cas actifs sous traitement. 1 600 patients restent dans un état critique (dont 306 nouveaux cas lors des dernières 24h) alors que 39 sont sous intubation. Le taux d’occupation des lits de réanimation atteint 44,7%.
L’unique parade devant plus ou moins alléger la pression, y compris psychologique, a trait à la campagne de vaccination qui se déroule toujours. Ainsi, 15 065 672 personnes ont reçu la première dose du vaccin contre la Covid-19, alors que 10 903 123 personnes ont reçu la deuxième. Ainsi, le pays n’aura réussi à vacciner complètement que le tiers de sa population tout au plus. Autant dire que le chemin à parcourir est encore long sur la voie de l’immunisation de groupe. D’ailleurs, des voix s’élèvent pour dénoncer la démarche irréfléchie des autorités d’ouvrir à tout va la campagne de vaccination, sans pour autant que les règles basiques de distanciation ne soient respectées. Nombre d’acteurs de la Santé s’interrogent sur la pertinence du changement intervenu au niveau de la procédure initiale de vaccination.
A mesure que le temps passe, la pandémie ne laisse aucun répit à la population, comme au personnel soignant déjà sur les genoux. Pour endiguer l’avancée inexorable du virus, des mesures plus draconiennes devraient le cas échéant être prises. Y compris le difficile de choix de remettre le pays, dans son ensemble, sous cloche. S’y acheminera-t-on, comme le laissent envisager nombre d’observateurs avertis ?