« Depuis le début de l’année, nos troupes améliorent constamment, chaque jour, leurs positions dans toutes les directions. Elles remplissent tous les objectifs fixés par le ministère de la Défense », a déclaré le maitre du Kremlin ce 15 mai, au cours d’une réunion avec les officiers supérieurs et Andreï Biélooussov, nouveau ministre russe de la Défense. « La rapidité avec laquelle nous réagissons aux exigences du moment nous apporte la confiance dans le fait que nous remplirons tous les objectifs », a ajouté le président russe.
Depuis le 10 mai, l’armée russe a lancé une offensive sur le front nord, dans la région de Kharkov, bousculant les défenses ukrainiennes. Le ministère a annoncé la prise de plus d’une dizaine de localités en quelques jours. Ce 15 mai, ce sont les villages de Glyboké et Loukiantsi qui ont été libérés, toujours selon la même source. L’armée a de surcroît rapporté avoir repris le village de Rabotino. Une victoire d’autant plus symbolique qu’il avait été l’un des rares succès ukrainiens au cours de l’échec de la contre-offensive estivale de Kiev, à l’été 2023.
Plus tôt dans la matinée, l’armée ukrainienne avait indiqué avoir procédé à un repli dans « certains endroits des zones de Loukiantsi et de Voltchansk, en raison des tirs et des actions d’assaut de l’ennemi ». « Des manœuvres ont été effectuées pour sauver la vie de nos soldats, les unités ont été déplacées vers des positions plus avantageuses », a insisté Nazar Volochine, porte-parole des troupes ukrainiennes dans la région, cité par l’AFP. L’Ukraine a dépêché des renforts dans la zone, au risque de dégarnir d’autres points du front.
Kirill Boudanov, chef des renseignements militaires ukrainiens, a alerté le 14 mai sur l’absence de réserves, estimant que l’offensive russe visait à épuiser celles-ci. « Toutes nos forces sont soit ici [dans la région de Kharkov], soit à Tchassov Iar », dans le Donbass, a-t-il indiqué. « J’ai utilisé tout ce que nous avons. Malheureusement, nous n’avons personne d’autre dans la réserve », a-t-il ajouté. K. Boudanov pensait que la situation pourrait être stabilisée sur ce front dans quelques jours, mais s’attendait à court terme à une nouvelle attaque russe, cette fois dans la région de Soumy.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui était attendu vendredi à Madrid pour une visite officielle, a annulé son déplacement, selon la presse espagnole, une information confirmée par le programme officiel du palais royal espagnol. Le palais royal a actualisé l’agenda du souverain mercredi matin en indiquant que la rencontre entre le roi Felipe VI et le chef de l’État ukrainien, ainsi qu’un déjeuner officiel en l’honneur de V Zelensky, étaient annulés. Selon la presse espagnole, cette décision a été prise en raison de la nouvelle offensive russe dans le nord de l’Ukraine.
Mercredi 15 mai, la Russie a affirmé avoir neutralisé dix-sept drones ukrainiens qui ont visé notamment un dépôt de carburant dans la région de Rostov (sud) abritant le QG militaire de l’opération russe en Ukraine. « Pendant la nuit, plusieurs tentatives du régime de Kiev de perpétrer des attaques terroristes (…) contre des cibles sur le territoire russe ont été empêchées », a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué repris par l’AFP.
La veille, le président français Emmanuel Macron a « fermement condamné » à la fois « l’intensification des frappes russes » sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes et l’offensive russe en cours dans la région frontalière de Kharkov, lors d’un échange téléphonique mardi 14 mai avec son homologue ukrainien, a indiqué l’Elysée. Il a aussi « réitéré la détermination de la France à apporter tout le soutien nécessaire, dans la durée et avec l’ensemble de ses partenaires » et détaillé « les livraisons des prochains jours et prochaines semaines en soutien de l’effort militaire ukrainien », a ajouté l’Elysée, sans davantage de précisions.
A signaler aussi que les cinq premiers avions de combat F-16, promis à Kiev il y a près d’un an par des pays de l’UE, arriveront dans les « prochains mois », avait déclaré le 13 mai la Première ministre danoise. Deux ans après l’éclatement du conflit, alors que la Russie engrange de nouveaux succès, les Européens semblent toujours à la peine pour honorer leurs promesses.
Le Danemark avait, aux côtés des Pays-Bas, de la Norvège et de la Belgique, promis à Kiev plusieurs dizaines de F-16 suite à l’accord de la Maison Blanche pour de telles réexportations vers l’Ukraine. Un feu vert qui avait été octroyé par Joe Biden à la mi-mai 2023. La formation d’une coalition de 11 pays, notamment afin de former des pilotes et mécaniciens ukrainiens sur ces appareils occidentaux, avait été annoncée quelques semaines plus tard lors d’un sommet de l’OTAN à Vilnius. À l’époque, le Danemark avait été présenté –avec les Pays-Bas – comme pays leader pour pousser à la fourniture de F-16 à l’Ukraine et à la formation des pilotes. Près d’un an après ces annonces, ces chasseurs longuement réclamés par V. Zelensky et présentés par les médias ukrainiens comme un potentiel « game changer » face à l’armée russe ne seraient donc pas près de voler en Ukraine.