La décision, déjà éventée par la presse de la City avant son annonce officielle, a été confirmée jeudi par Michael Shanks, ministre de l’Énergie, dans une déclaration écrite au Parlement. « Le gouvernement a estimé qu’il n’était pas dans l’intérêt national du Royaume-Uni, à ce stade, de poursuivre l’examen du projet énergétique Maroc-Royaume-Uni », a-t-il affirmé. Le ministre a précisé que ce projet ne s’inscrivait plus dans la stratégie actuelle du Royaume-Uni, qui vise à renforcer sa production énergétique domestique.
Le ministère de la Sécurité énergétique et de la Neutralité carbone (DESNZ) a confirmé cette position, indiquant qu’il ne considérait plus l’octroi d’un « Contract for Difference » (CfD) pour ce projet — un mécanisme qui garantit un prix minimal pour l’électricité produite, précise Xlinks.
Sir Dave Lewis, président de Xlinks, s’est déclaré « surpris et profondément déçu » par la décision du gouvernement de se retirer d’un projet qui, selon lui, aurait pu générer une valeur significative grâce à sa portée et à son impact. Il a souligné que le projet ne nécessitait aucun investissement initial de la part du gouvernement et proposait un prix garanti de l’électricité très compétitif. Il a également rappelé que le potentiel du projet avait déjà été reconnu par les investisseurs internationaux, avec plus de 1,25 milliard de dirhams (100 millions de livres sterling) engagés par de grands acteurs du secteur de l’énergie.
« Surtout, le Maroc – leader mondial des énergies renouvelables – reconnaît l’intérêt stratégique des interconnexions », a-t-il ajouté.
Face à la décision du ministère britannique, Xlinks affirme désormais n’avoir « d’autre choix que de l’accepter » et entend « explorer d’autres voies pour valoriser le projet au bénéfice de toutes les parties ».
Xlinks avait déjà anticipé le revirement du gouvernement et avait prévenu qu’il pourrait se tourner vers d’autres pays en cas de retrait du soutien britannique. En mai, l’entreprise avait d’ailleurs demandé la suspension temporaire de sa demande de « Development Consent Order » (DCO), étape clé pour les grands projets d’infrastructure, en attendant des clarifications sur sa candidature au CfD.
Ledit projet devait fournir à Londres 3,6 GW d’énergie propre disponible à la demande, provenant de centrales solaires, éoliennes et de stockage au Maroc. Il devait permettre de réduire de 10 % les émissions carbone du Royaume-Uni et de faire baisser de 9,3 % les prix de gros de l’électricité. Ce projet figurait dans la stratégie énergétique du Royaume-Uni depuis 2022 et avait été reconnu comme projet d’infrastructure d’importance nationale en 2023.